Sibelle, les suites de la rixe, des truffes qui promettent et les « ménages » de Galthié
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ On continue en ville à discuter de la rixe ponctuée d’un coup de couteau suivie d’un rassemblement belliqueux devant le commissariat (où avaient été conduits les auteurs présumés). Depuis, ces derniers ont été condamnés dans le cadre d’une comparution immédiate, à la veille du long week-end de la Toussaint, mais l’autre volet de l’affaire demeure en cours (l’attroupement menaçant). La presse nationale s’est intéressée à ce fait-divers qui a provoqué une réelle émotion en ville et même au-delà. Dans Le Parisien, le maire de Cahors répond aux questions des confrères en posant place Chapou. En arrière-plan, monsieur et madame Tout-le Monde font leur marché. On remarque que c’est la saison des pommes. Et donc, aussi, celle des règlements de comptes, pour une peine de cœur, un mauvais regard, une parole en trop. Au niveau national, sur fond de faits certes sans commune mesure, la sémantique évolue. On ne parle plus de trafic de stupéfiants mais de « narco-trafic ». Voire de « mexicanisation ». Comme si les mots étaient des préalables avant de soigner les maux. Ma protégée féline est dubitative. Elle pense à la chanson rendue célèbre par Luis Mariano. « Sous le beau ciel de Mexico / On devient fou / Au son des rythmes tropicaux… / Le seul désir qui vous entraîne / Dès qu’on a quitté le bateau / C’est de goûter une semaine / L’aventure mexicaine / Au soleil de Mexico… » Mais le temps n’est plus aux opérettes. L’heure est aux opérations « place nette ». La rime demeure. Pour le sourire et les rêveries, on va encore attendre un peu. Battre la mesure est une chose, la garder en est une autre.
Mardi._ Là-dessus, il n’y a pas que des marrons dans le Lot, au sens propre ou au sens figuré. On apprend en effet qu’au terme d’un été et d’un début d’automne où soleil et pluie ont alterné de manière harmonieuse (ce qui certes, n’a pas été du goût de tout le monde), les truffes seront au rendez-vous en quantité comme en qualité cet hiver. Le premier marché est fixé au mardi 3 décembre à Lalbenque. Sibelle qui n’apprécie pas outre mesure cet or noir mais tolère que ses maîtres n’y soient pas insensibles, me confirme hélas que sa propre truffe ne lui permet pas de repérer le parfum tout particulier de ces drôles de champignons enfouis au pied des chênes. « En revanche, pas besoin de sens très développés pour être sensible au froissement délicat des billets de cent » me lance-t-elle, inquiète d’éventuels écarts budgétaires qui, par ricochet, pourraient empiéter sur la part de nos dépenses consacrées aux croquettes. Elle en appelle à la devise de Maurice Faure : « Nous sommes pauvres, mais nous sommes beaux ». Je la rassure en souriant. Comme tout Lotois qui se respecte, j’ai un ami d’un collègue dont la belle-sœur connaît le cousin d’un voisin d’un trufficulteur qui, certains hivers, accepte d’accorder une remise quand son panier est bien rempli. Ouf.
Mercredi._ Le suspense aura été de courte durée. Sans réelle surprise, Donald Trump se révèle grand vainqueur de la présidentielle américaine. Entre deux outrances, il a parlé pouvoir d’achat et sécurité. Il a fait des promesses. Et une partie des électeurs traditionnels des démocrates y ont été sensibles. Le populisme consiste aussi, on pourrait même dire d’abord, à dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre. Et cela n’est pas seulement valable qu’en Amérique.
Jeudi._ Dans le jargon des journalistes, on aime à dire que les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne. Ce n’est pas toujours vrai. Medialot se fait ainsi l’écho d’une anecdote ordinaire, et laisse Gérard M. dire son soulagement d’avoir récupéré le téléphone portable qu’il avait perdu en faisant ses courses à Labéraudie. Des ados (ou jeunes adultes) qui faisaient du vélo l’ont ramassé, ont appelé le propriétaire et rendez- vous a été fixé pour lui remettre en main propre. « Je tiens encore à les remercier et à souligner qu’il n’y a pas que des mauvais garçons chez les plus jeunes » a souhaité dire Gérard. « Rimbaud disait qu’on n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Mais on peut avoir une certaine morale » conclut Sibelle, qui se demande si la « mexicanisation » ne consisterait pas, parfois, à porter des sombreros qui empêchent de voir le bon côté de l’actualité.
Vendredi._ L’agence « Simone & Nelson » est une agence spécialisée qui propose aux entreprises ou autres organismes l’intervention de conférenciers prestigieux, experts ou journalistes pouvant intervenir lors d’événements. On lit sur son site Internet : « L’agence a pour ambition de faire vivre des émotions inoubliables aux collaborateurs des entreprises qui feront appel à des leaders inspirants, lors de leurs évènements d’entreprise, qu’ils soient physiques ou à distance. » Intriguée, Sibelle a consulté la liste des personnalités que l’agence peut proposer et faire intervenir. On y trouve des économistes, des philosophes, des artistes, mais aussi des sportifs. Dont un grand nombre sont toujours en activité. Parmi eux, un certain Fabien Galthié. L’agence note que le Lotois, sélectionneur du XV de France, peut disserter sur divers thèmes comme « l’esprit d’équipe », « le dépassement de soi » ou encore « la conduite du changement ». Les tarifs des prestations ne sont pas précisés. Dans le métier, on appelle ça « des ménages ». « Tu devrais proposer tes services » me glisse Sibelle. Je lui réponds en faisant la moue. « A plusieurs milliers d’euros le ménage, c’est sûr, on a intérêt à être nickel. Or, je manie mieux le clavier que l’aspirateur ».