Sibelle, les saints de Montgesty et le chien de Prayssac
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Certes, avec ma protégée féline, nous aurions pu ironiser (ce n’est pas notre genre…) sur la énième visite, hier, d’un membre du gouvernement dans notre département. Et pas n’importe lequel d’ailleurs, puisqu’il s’agissait du « Premier » des ministres, Jean Castex, par ailleurs originaire et élu d’Occitanie. Nous aurions pu saluer, comme il l’a fait, avec son petit accent qui agace dans les cercles parisiens mais qui ne déplaît évidemment pas à « la France d’en-bas », selon l’expression d’un ancien président, la résistance de l’industrie aéronautique figeacoise dans un contexte pourtant bien difficile. Nous aurions pu accessoirement pointer la coïncidence du calendrier (car c’en est une, nous ne sommes pas complotistes) : le chef de la majorité est venu dans le Lot quelques jours après que fut annoncée la création d’un comité de soutien à Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle.
On y retrouve sans surprise l’ami du chef de l’État et maire de Saint-Cirq Lapopie Gérard Miquel, qui avait été si fier de l’accueillir en juin dernier, la députée Huguette Tiegna et son prédécesseur Jean Launay. Notamment. Pour la plupart d’anciens socialistes déjà sur le pont en 2017. Autant de « Marcheurs » qui n’ont donc pas attendu le signal de départ officiel pour battre la campagne. « Il y en a quelques autres qui ont depuis 2017 fait « marche » arrière » persifle Sibelle, « ou qui ont plutôt fait un pas de côté ». Pas faux. Mais si, dans le Quercy ou ailleurs, on commence à dresser une liste des politiques ayant au moins une fois changé d’avis ou d’écurie, on n’en a pas fini.
Sur ce, Sibelle a observé à la loupe cette semaine le palmarès du concours « Mon beau village » organisé par le quotidien local en partenariat avec le Conseil départemental. Les vainqueurs de l’édition 2021 sont Autoire (catégorie patrimoine), Loubressac (environnement), Calvignac (innovation) et Béduer (jeunesse). J’ai à peine dit mon plaisir de voir Béduer au palmarès (j’y ai loué un gîte qui voisinait une bergerie il y a déjà plus de 10 ans, lorsque je n’étais pas encore un résident permanent du 46) que Sibelle semble chafouine. « Tous avaient de réels arguments », remarque ma tigresse, qui ajoute : « Mais si j’avais eu le dernier mot, deux villages auraient bénéficié d’un coup de pouce ».
La connaissant par cœur, je devine qu’elle songe ainsi à Nuzéjouls, où le centre a bénéficié d’une belle rénovation et mise en valeur, et dont l’école a été baptisée Anne Sylvestre. Si ça, c’est pas de l’audace ! Je sais pourquoi cependant ce village plaît tant à ma belle : hors période de pandémie, c’est là, d’ordinaire, en avril, que nous allons saluer le peloton de la transhumance, ces brebis qui viennent de Rocamadour pour aller passer la belle saison sur les rives du Lot, autour de Crayssac. Mais quelle autre « petite » commune aurait-elle aimé voir davantage récompensée ? « Montgesty bien sûr. Ben quoi ? Tu en connais d’autres, toi, qui ont donné deux saints à la France ? L’un d’eux a péri en martyr en Chine, le père Jean-Gabriel Perboyre. Le second n’est pas encore canonisé. Mais c’est déjà le « bienheureux » sélectionneur du XV de France, Fabien Galthié. Une mission qui a tout d’un sacerdoce, tu peux me croire. Mais s’il permet aux Bleus de remporter la prochaine coupe du monde, alors, ce sera la consécration. On lui dressera une statue et on y viendra aussi en pèlerinage. »
J’ai à peine le temps d’imaginer une réponse que comme d’habitude, ma belle est déjà passée à autre chose. Elle apprend ainsi qu’à Prayssac, dès le mois de janvier, un chien d’assistance sera accueilli à l’école élémentaire. Le toutou permettra notamment « d’accroître la sérénité des élèves, de stimuler la communication et libérer la parole, d’entretenir et développer l’autonomie… ». Le projet est soutenu notamment par la fondation Adrienne et Pierre Sommer, spécialisée dans « la médiation animale ». Un concept dont on a déjà apprécié l’efficacité au palais de justice de Cahors. Evidemment, Sibelle se prend à rêver qu’un jour, on la choisisse pour mener à bien une mission similaire. Je lui oppose qu’il lui manque une qualité indispensable : la patience.
Visuel @DR