Sibelle, les retraités dans le viseur, la ligne POLT dans le rétroviseur et la trêve de Pâques

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Je n’ai pas encore l’âge _ ni évidemment le nombre de trimestres exigé _ pour faire valoir mes droits à la retraite. J’en approche, lentement mais sûrement. Mais ce n’est pas pour tout de suite. J’ai encore quelques années devant moi… Une chose est sûre cependant : dès que j’entends le mot « retraite » ou « retraités » dans un reportage, je relève la tête et mon attention est plus soutenue. Ainsi, ce lundi soir, sur la 2, on nous explique sur un ton grave : « Le gouvernement doit trouver 40 milliards d’euros pour son budget 2026. Alors que toutes les pistes d’économies sont sur la table, les retraités pourraient être mis à contribution… » Dans le viseur, l’abattement de 10 % pour frais professionnels. Sur le fond, évidemment, on pense immédiatement que ce n’est pas complètement illogique puisque par définition, un retraité n’est plus a priori amené à supporter des « frais professionnels ». Reste que dans les faits, la suppression dudit abattement ferait perdre plusieurs centaines d’euros par an à des retraités qui ne perçoivent pas des pensions astronomiques. Plus simplement, une autre piste serait de ne plus augmenter les pensions chaque année systématiquement au rythme de l’inflation. D’une certaine manière, c’est un peu plus sournois. Mais au bout du compte, ça permet d’économiser plusieurs milliards. Bref. Il n’y a, évidemment, aucune bonne solution. Et les retraités sont de bonne foi quand ils arguent qu’ils n’ont pas volé leur retraite. Et que celle-ci est proportionnelle à ce qu’ils ont cotisé. « Soit, mais c’est nous les actifs qui la payons » remarque ma protégée, qui n’a pas tous ces soucis. Ce qui ne l’empêche pas d’ironiser… Enfin, j’espère effectivement qu’elle ironise quand elle me dévisage longuement avant de lâcher : « Mais qu’est-ce que je vais faire de toi quand tu seras à la retraite ! »

Mardi._ Comme prévu, un train dit de la colère est parti ce matin en direction de Paris. En gare de Cahors, sont montés à bord nombre d’élus et de représentants d’usagers souhaitant dénoncer la dégradation continue du service sur la ligne POLT (Paris – Orléans – Limoges – Toulouse) et le désengagement de l’État dans ce dossier. Dans le même temps, pour des motifs comparables, un train partait de Clermont-Ferrand, également à destination de la capitale. Une fois à Paris, une délégation a été reçue au ministère des transports, mais le ministre lui-même avait mieux à faire. Quelques reportages à la télé et dans la presse nationale et puis hop. Affaire classée. Bon, retenons quand même ce témoignage rapporté par Europe 1 qui a interviewé un entrepreneur lotois qui doit monter au moins une fois par mois dans la capitale : « Sur mes derniers rendez-vous, systématiquement, j’ai eu une heure et demie à deux heures de retard. Et honnêtement, dans l’année, je ne me souviens pas être arrivé à l’heure. Donc ça me coûte un hôtel. Tout ça pour pouvoir être sûr d’honorer mes engagements. Surtout quand on sait que de Paris, tu vas en deux heures à Marrakech, mais tu mets huit heures pour aller à Cahors ! » Le pire, c’est qu’on devine la suite, d’ici quelques années. « On nous dira de descendre jusqu’à Montauban pour rattraper le TGV Toulouse-Paris via Bordeaux pardi » conclut Sibelle. A raison je le crains.

Mercredi._ La Région lance, à mi-mandat, une opération en forme de « tournée populaire et citoyenne pour échanger avec les habitants et être à l’écoute », dixit la présidente Carole Delga dans Medialot. Ainsi, dans le cadre de « La Région toujours là à vos côtés » (c’est la dénomination de cette action), « les élus et agents régionaux sillonneront l’ensemble du territoire régional à la rencontre des habitants, pour écouter leurs préoccupations, entretenir ce lien de confiance et construire avec eux l’Occitanie de demain », précisent la présidente et ses collègues des différents groupes de la majorité. Ce n’est pas une petite affaire, car l’opération va durer trois mois (de mi-avril à mi-juillet). Dans le Lot, on sait ainsi que des élus seront présents pour « échanger » à Limogne-en-Quercy le dimanche 27 avril sur le marché et à Bretenoux le samedi 3 mai, également sur le marché. « Que serait la démocratie sans les marchés ? » soupire (ou persifle) ma protégée. Je n’ai rien à lui opposer . A part peut-être cette citation de l’homme d’affaires Andrew Carnegie : « Quand un marché s’ouvre, le premier qui arrive mange l’huître, le second se contente de la coquille. » Fermez le ban.

Jeudi._ Les Archives du Lot proposent des ateliers destinés aux particuliers qui caressent l’idée de se lancer dans des recherches généalogiques. Et en l’espèce, il s’agit « de découvrir les sources disponibles en ligne sur le site internet des Archives départementales du Lot et d’acquérir les bases pour commencer les recherches généalogiques ». Le prochain rendez-vous est fixé au 23 avril. Je raconte à Sibelle que mon père, la soixantaine venue, et la retraite avec, s’était lancé dans la réalisation d’un arbre généalogique et avait donc passé des dizaines d’heures, à traquer les noms, prénoms, dates et lieux dede naissance de ses ascendants. Un soir, il était rentré tout déboussolé à la maison. Dans les archives, il avait trouvé un acte de naissance de la moitié du XIXème siècle. Un de ses ancêtres devenu père n’avait su signer de son nom ledit acte. Il avait dessiné une croix. Mon cher papa étant devenu un siècle plus tard professeur de lettres classiques, on a fini par penser que la boucle était bouclée. Ma tigresse ne se lancera pas dans une telle quête. « Pas besoin de savoir quel est mon arbre. D’ailleurs, certains jours, j’ai déjà du mal à sauter depuis la branche la plus basse du pommier… »

Vendredi._ Il est temps de vous souhaiter de bonnes fêtes de Pâques, et pour ceux qui ne se sentent pas concernés, un bon week-end fou. Et permettez que je termine cette chronique comme je l’ai commencée. Je ne suis pas encore retraité, et je ne suis pas encore grand-père. Mais rien ne me ravira plus, le moment venu, que d’aller à la chasse aux œufs avec mes petits-enfants. Il faut beaucoup de tact, vous savez, pour suggérer à un enfant d’aller chercher plutôt dans les feuillages des hortensias que dans tel ou tel buisson. Il faut une dose de tendre hypocrisie pour feindre la surprise quand l’enfant trouve effectivement dans les dits feuillages un œuf ou un lapin en chocolat. Il faut beaucoup de force pour ne pas pleurer d’émotion quand un enfant sourit d’aise en criant : « Maman, j’ai trouvé un gros oeuf. Tout seul ! Et papa qui croyait qu’il était dans le buisson !»