Sibelle, les paradoxes du 14 juillet, l’homme en noir, l’année blanche et le miracle de Pinsac

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ C’est toujours comme ça, le 14 juillet : on ne sait pas vraiment sur quel pied danser (qu’on ait ou pas fait un tour au bal des pompiers la veille au soir), on ne sait pas sur quel pied défiler (que l’on assiste ou pas au défilé sur les Champs ou ailleurs). Paradoxalement, en ce jour de fête nationale, il s’agit de faire la fête mais pas trop, de s’amuser tout en restant un peu sérieux, de conjuguer solennité et divertissement. Bien sûr, ceux qui sont déjà en vacances ne sont pas confrontés à ces tourments. Ils vont se dorer sur les plages avant de faire trempette (ou inversement), ils vont randonner en forêt, en montagne ou sur les causses (du Quercy, bien sûr), ou alors ils prennent l’apéro, font une petite sieste après le déjeuner et attendent tranquillement l’arrivée du tour à la télé. Et puis, parfois, l’actualité amène tout un chacun à sortir de sa torpeur. Ce lundi 14 juillet 2025, on apprend la mort de Thierry Ardisson. La question n’est pas de savoir si on appréciait l’animateur surnommé « l’homme en noir ». Il faut admettre en revanche que nous avons tous, un jour ou l’autre, été scotchés par sa faculté à réunir sur un plateau les personnalités les plus diverses du monde du spectacle, de la culture, de la politique, et à leur poser les questions les plus inattendues voire les plus choquantes. Il ne présentait pas un talk-show mais une sorte de corrida où l’on ne savait plus parfois qui était le taureau, qui était le torero. Et nous avons tous également, un jour ou l’autre, été séduits ou agacés par un des slogans qu’il inventa (avant d’être un homme de télé, Ardisson fut un publicitaire très imaginatif). On lui doit par exemple : « Chaussée aux Moines : Amène ! » ou « Quand c’est trop, c’est Tropico ! ».  Fallait oser… A Sibelle, trop jeune pour avoir connu les grands succès de ce royaliste affiché décédé le jour anniversaire de la prise de la Bastille, je raconte enfin qu’à la fin des années 90, Thierry Ardisson créa et anima sur Paris Première « Rive droite / Rive gauche », le premier magazine culturel quotidien de la télévision française. On y voyait Philippe Tesson parler théâtre, Elisabeth Quin parler cinéma, François Simon parler gastronomie. Entre autres. Je crois qu’on a le droit d’être nostalgique de cette époque. Non ?

Mardi._ François Bayrou présente son plan d’économie(s) qui doit servir de base au budget 2026. L’ordonnance comprend la suppression de deux jours fériés, un tour de vis sur les prestations sociales, et même, si l’on en croit les déclarations des ministres qui suivent, des discussions afin de convertir la 5e semaine de congés payés en semaine travaillée (mais avec bonus). Liste non exhaustive. Le Premier ministre évoque également une année blanche (sic). Ce qui signifie que « l’État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l’euro près en 2026 qu’en 2025, à l’exception de l’augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le budget des armées… » Tout le monde est concerné, y compris les retraités. Ce concept d’« année blanche » ne manque pas d’étonner ma protégée féline. « Je connaissais les années folles, les années yéyé, les années saintes, les années bissextiles, mais les années blanches, c’est nouveau » rigole Sibelle. Je réponds un brin agacé : « Quand tu trouveras dans ta gamelle des croquettes bon marché à la place des friandises au saumon pour chats difficiles, tu auras compris. »

Mercredi._ On apprend le lancement d’une gamme de produits « Oh My Lot ! » ! Il y a des sacs de plage (ou de rivière), de tabliers de cuisine, des gadgets divers et même un jeu de 7 familles. « Ici on est bien », « Ici on vit bien », « Ici on mange bien » lit-on sur les dits produits, au graphisme réussi. Sibelle trouve également cela plutôt bienvenu. Cela étant, comme elle le souligne, en matière de marketing territorial en faveur de notre département, on ne fera jamais mieux que la « contre campagne » initiée par certains décideurs en 2018 quand l’Armée de Terre édita des affiches avec des portraits de jeunes femmes, en uniforme et armées d’un fusil Famas avec ce slogan : « J’ai rejoint les rangs pou sortir du lot ». Signé (par exemple) « Lucie, élève sous-officier ». La préfète d’alors avait répondu sur Twitter : « Chère Lucie, pour sortir du lot, vous pouvez aussi vivre et travailler dans le #Lot ! On vous y attend en retour de mission… »

Jeudi._ Un récit inattendu sur mon site d’info préféré : à Pinsac, une vache tombée dans la Dordogne (depuis une falaise haute de 4 mètres) et incapable de s’en sortir par ses propres moyens a été sauvée par les pompiers lotois. L’animal a été sanglé puis hissé sur la berge à l’aide d’un système de cordage solidement amarré à un engin manuscopique. « Des membres du Groupe de Reconnaissance et d’Intervention en Milieu Périlleux (GRIMP) ainsi que de l’équipe secours nautique du Service Départemental d’Incendie et de Secours du Lot ont été mobilisés afin de mener à bien cette opération délicate » explique encore l’article qui se conclut ainsi : « Ce type d’intervention rappelle que le sauvetage d’animaux fait partie intégrante des missions du SDIS 46 ». Et ma protégée féline de remarquer, très touchée, qu’elle comprend encore mieux pourquoi il n’est pas question de se défiler quand en décembre, début janvier au plus tard, on cherche rapidement un petit billet au moment des étrennes de nos vaillants pompiers venus présenter leur calendrier.

Vendredi._ Sur ce, je vous propose en guise de conclusion, avant de vous souhaiter un excellent week-end, cette citation du génial George Best (1946-2005), footballeur talentueux et homme à l’humour ravageur (même si ce qu’il disait reflétait une réalité qui l’emporta prématurément à 59 ans) : « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer… » En ce temps-là, le sport de haut niveau avait encore un parfum rock’n roll. Aucune allusion à la façon dont certains écrasent désormais la concurrence dans leur discipline…