Sibelle, les orages dévastateurs, le congrès du PS et la fin (ou pas) de l’argent liquide
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Un début de semaine qui secoue. Le département est placé en vigilance orange. Sont annoncés dans une grande partie du Sud-Ouest des orages violents avec de fortes chutes de grêle. A Cahors, à titre préventif, les parcs, jardins et complexes sportifs sont fermés. Pourtant, le Lot sera globalement épargné. Il en va tout autrement à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, où un TGV reliant Paris à Toulouse via Bordeaux est surpris par un glissement de terrain. Dans la soirée, selon SNCF Réseau, le ballast s’est effondré et a été emporté par les eaux. Plus de 500 passagers ont été évacués et conduits dans une salle municipale. Avec ma protégée, nous comprenons en regardant le reportage à la télé que le conducteur a fait preuve d’un sacré sang froid. Nous ne pouvons par ailleurs nous empêcher de conclure qu’il y a une forme de malédiction qui s’acharne sur le transport ferroviaire dans notre région. Des retards et annulations qui frappent régulièrement la ligne POLT à cet incident rarissime survenu lundi soir en passant par la liquidation de Railcoop, on finit par penser que les trains se suivent… et se ressemblent. Mais il n’y a pas lieu de philosopher et persifler outre mesure. Car, la dépression qui s’est déplacée sur la Côte d’Azur provoque la mort de trois personnes ce mardi dans le Var, au Lavandou et à Vidauban. Les images, là encore, sont effroyables. On pense aux victimes, d’abord. Et quelque temps plus tard, c’était jeudi, je crois, dans un autre reportage télé, un commerçant de la station balnéaire (où j’ai passé enfant quelques étés) est filmé en train de nettoyer les dégâts et de trier son stock. Il vend des articles destinés aux touristes, aux enfants qui veulent jouer sur la plage. « On va essayer de sauver la saison » glisse le monsieur, entre deux cartons trempés. « Et plus globalement, il faudrait que nous songions à sauver la planète » conclut Sibelle.
Mardi._ On apprend dans Medialot qu’un appel à candidatures est lancé pour deux stands (ou deux étals, si vous préférez) situés au sein de la halle de Cahors. Date limite de remise des dossiers : lundi 16 juin 2025. Une seule condition : l’activité de l’artisan et/ou commerçant doit être classée dans la catégorie « métiers de bouche ». Voilà que ma belle semble intéressée. « Dans une région réputée pour son terroir gourmand et ses richesses gastronomiques,gageons que les candidats vont se bousculer (?). Mais je crois que l’on pourrait oser aussi miser sur l’originalité… » me confie-t-elle. Je suis perplexe. Je crains évidemment que ma chère tigresse ait encore imaginé une embrouille. Pour ne pas dire une combine. Je la pousse dans ses retranchements et finis par obtenir des aveux complets : « Je pourrais proposer à la vente des boîtes de conserve (ou des bocaux) maison, à des prix raisonnables. Du « made in Lot » sans label mais la confiance se gagne parfois autrement… » Le suspense est à son comble. Je la travaille au corps. « Certes, mais qu’est-ce qu’on trouvera dans ces conserves ? Des plats mijotés ? Du foie gras ? De la terrine ? » Sibelle sourit. Elle finit par lâcher le morceau : « Elles seront pleines d’une marchandise qu’on ne trouve pas à Paris ou à Rungis, un produit unique en son genre : de l’air d’ici. » On est au pays du surréalisme après tout…
Mercredi._ Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, candidat à la succession d’Olivier Faure à la tête du PS, dont le congrès approche, est de passage dans le Lot. Problème : il est soutenu par Carole Delga, la patronne de la région Occitanie, mais à Cahors et dans le Quercy, le leader le plus en vue des socialistes, Rémi Branco, est l’un des lieutenants de Boris Vallaud (autre prétendant au leadership). Là-dessus, le maire de Rouen précise lors de son étape à Cahors : « Les municipales sont la première marche ». Sous-entendu de la reconquête par le PS du terrain qu’il a perdu dans l’opinion et au fil des scrutins. Or, les municipales, précisément, ne s’annoncent pas sous le signe de l’union à Cahors, où l’on sait qu’il y aura deux listes à gauche. Sibelle résume l’équation : « Comment rassembler au-delà de la gauche quand la gauche elle-même n’est pas rassemblée ? » La question, me glisse-t-on dans l’oreillette, serait aussi valable à droite.
Jeudi._ Nos ministres ont de l’imagination. Voilà que le garde des Sceaux Gérald Darmanin suggère qua la suppression de l’argent liquide pourrait être un sacré renfort dans la lutte contre le trafic des stupéfiants. « Plus de billets, plus de points de deal… » Et il explique que les transactions via cartes bancaires voire cryptomonnaie sont évidemment plus traçables. Sibelle juge l’idée prématurée. Moi aussi. Certes, j’en conviens, avec le temps, je me suis habitué à régler nombre de mes achats via ma carte bleue, surtout depuis la généralisation du paiement par contact. Mais il faut penser aux seniors, globalement plus rétifs (selon les sondages) et aux enfants. Et puis il y a le poids des symboles. Débarquer sur le marché ou faire un tour en ville sans un ou deux billets de 10 (ou 20) dans la poche, c’est un peu comme se tromper de plage et arriver sur une plage naturiste en imper (ou inversement). Il y a la petite jouissance, la petite assurance que vous donne le sentiment d’avoir quelques euros sur vous. « Tout ça, c’est dans la tête » me coupe Sibelle. « Moi, je me promène tous les jours sans la moindre pièce ou sans le moindre billet et je m’en porte très bien. » Forcément, c’est facile à dire. Il y a toujours un certain Philippe Mellet dans le parages pour faire office de distributeur !
Vendredi._ On connaîtra ce week-end le palmarès de la 78ème édition du festival de Cannes. On aura assisté, avant, en direct, à la traditionnelle montée des marches en forme de défilé de la fashion week, on aura entendu chuchoter les derniers pronostics, les dernières confidences sur des films qui pour certains ne sortiront en salle que dans plusieurs mois. Il y a quelque chose à la fois de suranné et d’artificiel dans tout cela. Mais il demeure toujours de bonnes surprises. Un prix inattendu, une déclaration qui détonne. Sibelle rigole. Elle pense déjà à l’édition 2026. Elle présentera hors compétition un court métrage dont le seul titre devrait aiguiser la curiosité des critiques de Libération et de Télérama. : « Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux ». Chiche ?