Sibelle, les labels, les émeutes et les défis qui attendent le PS (dans le Lot et ailleurs)
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ On en sait plus sur la façon dont va se décliner, sur l’ensemble du territoire du Grand Cahors, le label « Villes et Pays d’art et d’histoire ». A savoir visites thématiques dans les communes, création d’un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (dans le secteur de la cathédrale), nouvelles signalétiques. Entre autres. On apprend aussi que vont être ouvertes des centres thématiques hors Cahors. Le premier, dès cette année, sera inauguré à Caillac : une Maison des Terroirs qui présentera les savoir-faire et la culture liés à la fraise, au tabac, à la viticulture et à la noix. Tout cela est positif pour les habitants _ connait-on toujours parfaitement le passé et le patrimoine des villes et villages où l’on réside ? _et bien sûr les touristes. Avec Sibelle, nous émettons un vœu. A Caillac, que les visiteurs, une fois « sortis » de la prochaine Maison des Terroirs, poussent jusqu’à la superbe église romane, à l’autre bout du petit lac qui borde le centre du village. L’édifice a conservé de formidables décors sculptés sous son porche et au niveau du portail, notamment. Et surtout, l’église présente une singularité. Comme dans la plupart des villages de France, une plaque y recense les jeunes hommes du village morts au combat durant la Première guerre. Mais ici, la paix revenue, en plus d’avoir gravé les noms et prénoms des fils, maris, frères, cousins qui n’étaient pas revenus, on accrocha leur portrait. La plupart en uniforme. Toutefois, dans certaines familles, faute de mieux, on a choisi un portrait du défunt en costume civil. Peut-être même une photo prise lors de son mariage. Ces visages, ces regards, ces sourires parfois esquissés ou ces inquiétudes qui ne purent être cachées confèrent à ce monument une humanité exceptionnelle. Histoire et mémoire sont en quelque sortes incarnés, personnifiés. Au moins une fois par an, avec ma protégée, nous allons nous recueillir devant cette plaque, devant ces visages. Nul besoin d’habiter Caillac ou d’être descendant de ces hommes morts au champ d’honneur pour être bouleversé. On pense à ce vers de la poétesse brésilienne Henriqueta Lisboa : « Pour parler de la guerre, il n’y a que des larmes… » Qu’on se rassure cependant : il y a, il y aura des lieux et des moments évidemment plus souriants dans le cadre du déploiement des actions liées au label…
Mardi._ Les violences qui ont suivi à Paris et dans plusieurs villes de province le titre de champion d’Europe du PSG donnent lieu, sans surprise, à de nombreuses réactions politiques. Et au final, on pointe les juges dont les premières décisions paraissent trop laxistes, selon certains. Comme si ces débordements n’étaient pas prévisibles et comme si les mis en cause étaient tous les mêmes. Durant les audiences, il apparait évidemment que certains étaient venus pour casser, pour en découdre, et que d’autres, au casier vierge et inconnus jusqu’alors des services de police, se sont laissés entraîner. Ou ont profité de l’aubaine, s’emparant d’un vêtement, d’une montre après qu’un magasin fut mis à sac. Ce n’est pas tout-à-fait la même chose…
Mercredi._ La mort de Philippe Labro. Un géant qui savait tout faire et qui faisait tout bien. Excellemment même. Journaliste et reporter alors que ce métier était encore une aventure, romancier, homme de télé et de radio, manager (il dirigea RTL), cinéaste, parolier (pour Johnny). Passionné par l’Amérique, mais d’une élégance et d’une culture si françaises. Une voix et un regard. Je confesse à Sibelle que je serais très heureux de ne posséder qu’un dixième du talent, des talents de Philippe Labro. Ma tigresse esquisse une moue dubitative. Je revois mes prétentions. Disons donc un vingtième. Il y a quelques années, je me souviens m’être juré de suivre un conseil que Philippe Labro avait distillé auprès de jeunes confrères. « N’hésitez pas à décrire les gens que vous interviewez ou dont vous faîtes le portrait… La forme de leur visage, leur expression, la façon dont ils s’habillent… Cela ne remplace pas une photo. C’est un plus. » Merci professeur !
Jeudi._ Un terrain de pétanque bientôt aménagé sur les Allées Fénelon. Sur Medialot, il est souligné que cela « répond à un besoin formulé par les habitants de recréer, comme auparavant, un espace de rencontre et de convivialité ». Ma protégée, qui se croit fine, me met déjà en garde : « Le moment venu, quand tu iras faire un tour en ville, ne te crois pas obligé de dire que t’as les boules. »
Vendredi._ Au petit matin, le résultat des élections internes au PS confirme que tout s’est joué dans un mouchoir de poche. Olivier Faure rempile avec environ 51 % des voix. En Occitanie, où Carole Delga avait donné le ton, c’est la grimace. Majoritairement acquise à Nicolas Mayer-Rossignol, la région se révèle plus que jamais un bastion du courant social-démocrate modéré et de la ligne hostile à la poursuite du compagnonnage avec Jean-Luc Mélenchon. Dans le département, Rémi Branco qui avait soutenu Boris Vallaud au premier tour essaie de voir déjà plus loin : « Bravo à Olivier Faure pour sa victoire et à Nicolas Mayer-Rossignol pour son sens des responsabilités et de l’intérêt général. Maintenant, tous au boulot ! » Certes. On ajoutera que le PS s’est épargné un psychodrame : en dépit de l’étroitesse du score, personne ne le conteste. Mais de là à regarder tous ensemble dans la même direction, pour paraphraser Saint-Exupéry, c’est une autre paire de manches. Le moment est venu en tout cas de s’en remettre aux grands principes et aux mots des grands hommes d’hier. Sibelle propose aux socialistes (lotois ou d’ailleurs) de réfléchir ce week-end à cette formule d’un certain François Mitterrand : « La pire erreur n’est pas dans l’échec mais dans l’incapacité de dominer l’échec. »