Sibelle, les conseils des gendarmes, les paniers de truffes et de crabes, et l’hommage à Samuel Paty
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Alors qu’une recrudescence des cambriolages avait été constatée dans la vallée du Lot et sur le sud de la Bouriane, le plan d’action mis en place par les gendarmes lotois semble porter ses premiers fruits. On apprend ainsi que ce week-end, dans la nuit de samedi à dimanche, des malfaiteurs ont pris la fuite en abandonnant leur butin, surpris par une patrouille, alors qu’ils s’apprêtaient à dévaliser l’entrepôt municipal de Crayssac. Par ailleurs, sur son compte Facebook, la gendarmerie du Lot n’est pas avare en conseils : « Vérifiez la sécurité de votre habitation : équipez votre porte d’un système de fermeture fiable ; installez si possible des équipements adaptés et agréés (volets, grilles, éclairage programmé, détecteur de présence, systèmes d’alarme) ; fermez la porte à double tour, même lorsque vous êtes chez vous, et ne laissez pas de clef sur la serrure intérieure d’une porte vitrée ; ne facilitez pas l’intrusion des cambrioleurs : mettez sous clé vos échelles, marteaux, tournevis et autres outils de bricolage ! » Dans un autre paragraphe, je lis ceci : « Soyez attentifs et n’hésitez pas à signaler un comportement qui vous semble suspect, en relevant si possible des éléments précis d’identification : véhicules (type, marque, couleur, immatriculation) ou individus suspects (caractéristiques physiques, tenue vestimentaire). » Il n’est pas précisé que la présence d’un chat peut être pertinente. Ainsi, ma protégée qui aime à surveiller le vieux village depuis le bolet me dresse régulièrement un compte rendu des allées et venues observées dans la rue. Alors que la polémique enfle à Paris à six mois et quelque des JO, entre prix des transports et nécessité éventuelle de présenter un QR Code pour circuler sans certaines zones, ici, Sibelle fait office de tour de contrôle et de dispositif de reconnaissance faciale. Et en cas de doute, elle n’hésite pas à interpeller les inconnu(e)s : « Vous avez le mot de passe ? » Dès lors, quiconque ne se rappelle pas de la formule du sénateur Maurice Faure est considéré comme potentiellement suspect. Elle est pourtant simple : « Nous sommes pauvres, mais nous sommes beaux. »
Mardi._ A priori, les premiers échos nous rapportent que la quantité et la qualité étaient au rendez-vous pour le grand retour des truffes. Que ce soit au marché de Lalbenque ou à l’exposition-vente de Lhospitalet. Oui, car il y a désormais concurrence. Cela étant, ne comptez pas sur nous, sur Sibelle ou moi, pour prendre parti. Quand, en février dernier, accueillant des amis champenois, nous avions voulu leur faire découvrir le plaisir de ce rituel hivernal, le parfum de l’or noir comme les us et coutumes liés à la commercialisation de ces champignons pas comme les autres, nous avions fait choux gras. Ni panier de truffes, ni panier de crabes. Nous nous étions repliés dans une boutique du centre-ville pour ne pas rentrer tout-à-fait bredouille. Alors le reste, disons que cela relève aussi désormais du folklore.
Mercredi._ Le président du Sénat et donc deuxième personnage de l’État est l’invité d’une grande radio. Question à propos de Jean-Luc Mélenchon : « Vous lui dites quoi ce matin ? ». Réponse de Gérard Larcher : « Ferme ta gueule ! » Ma protégée féline est choquée. Dans la classe politique, certains le sont aussi (ou feignent de l’être), d’autres approuvent, et beaucoup se contentent de soupirer. Je pense aux parents, aux enseignants, qui doivent expliquer éventuellement aux enfants ce qu’il faut en penser. Je pense aux millions de nos concitoyens dont les soucis de fin de mois commencent avant même la fin de la première semaine. Et auxquels on dira sur un ton grave le moment venu qu’il faut réfléchir avant de glisser un bulletin dans l’urne. « Les politiques en général et les plus hauts élus en particulier devraient montrer l’exemple » lâche Sibelle. Elle a raison. Au fond, c’est à se demander si nos élites se rendent compte qu’on se rapproche lentement mais sûrement chaque jour davantage d’un point de non retour.
Jeudi._ Une autre personnalité est à raison montrée du doigt. Des extraits d’un film diffusé sur France 2 dans l’émission Complément d’Enquête montrent Gérard Depardieu multipliant les remarques obscènes et sexistes, notamment à l’égard d’une gamine à cheval. La star se sait pourtant filmée. Alors on se demande si après 50 ans de carrière, le monstre sacré connu pour son appétit gargantuesque n’a pas fini par être dévoré par son propre personnage. Comme s’il s’était résigné, à la ville comme à l’écran, à rester le jeune voyou des Valseuses. Mais la vie n’est pas un film. La justice est saisie. En attendant, on cultive la nostalgie d’autres documentaires sur Depardieu dans le privé. Quand il accueillait Jean Carmet pour les vendanges. Il y avait de l’humanité. Il y avait de l’amitié. Et même une forme de poésie quand ils parlaient raisins, vins et charcutailles.
Vendredi._ Demain, à Figeac, le parvis devant le collège sera officiellement dénommé « Parvis Samuel Paty ». La date n’a pas été choisie au hasard. Le 9 décembre est la journée nationale de la laïcité. Avec Sibelle, on pense évidemment à ce professeur qui n’avait fait que son devoir, poignardé puis décapité en octobre 2020 près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine. On pense à son collègue Dominique Bernard, assassiné plus récemment. Pour les mêmes raisons. On pense à tous les enseignants qui sont les héritiers des Hussards de la République. Et pour dire autrement les choses que plus haut, on se dit qu’heureusement, il demeure quelque chance que l’on puisse éviter le pire. Soyons dignes de la mémoire de Samuel Paty et des autres. Soutenons-les.
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