Sibelle, le souvenir du confinement, le pont Valentré en vedette, et le beau dynamisme de nos élus
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Il y a cinq ans, débutait le confinement. Déjà. On s’en souvient comme si c’était hier. Du jour au lendemain, pour endiguer une pandémie inédite, une mesure tout aussi inédite allait plonger tout le pays (et une grande part de la planète) dans une sorte de tunnel, de serre, de ralenti. En attendant que des chercheurs analysent le virus, puis les outils nécessaires pour diagnostiquer sa présence dans nos organismes et enfin mettent au point un vaccin (le tout, à une vitesse dont on ne mesure pas assez le caractère exceptionnel), hors les personnels soignants et les salariés ou fonctionnaires nécessaires à ce que nous puissions continuer à manger et à être en sécurité, nous nous cloitrions. Disons le tout net, habitant dans un village, nous n’avons pas été les plus malheureux. Evidemment. Etre confiné à la campagne ou dans un deux pièces au 10ème étage d’une tour, ce n’était pas la même chose. Mieux. Avec Sibelle, nous nous souvenons que nous n’avons jamais vu autant de monde passer sous nos fenêtres pour gagner le causse boisé qui surplombe le vieux bourg. Chacun, son attestation en poche, allait prendre l’air comme il le pouvait. Je me souviens aussi de ces images stupéfiantes à la télé. L’aéroport d’Orly fermé, les eaux de Venise redevenues transparentes, la salle du Louvre où trône la Joconde déserte au point que la célébrissime diva du musée aurait (dit-on) un temps songé à faire la sieste et à retirer son masque… « Mais on ne fait rien comme tout le monde » remarque Sibelle. Vrai. On a attendu Noël 2022 pour être à notre tour touchés par le énième variant du Covid.
Mardi._ Une alerte à la bombe ce matin au collège de Souillac. Les consignes et protocoles en vigueur ont été respectés et les démineurs se sont rendus sur place. Fausse alerte. Il s’agissait, a priori, d’un canular. Lequel n’a évidemment fait rire personne ; ni les forces de l’ordre, ni les enseignants, ni les élèves et leurs familles. Ni vous, ni moi. Dans un pays où le corps professoral a été très cruellement touché, dans un pays où personne n’oublie Charlie, le Bataclan, le feu d’artifice de Nice ou tant d’autres victimes, il y a des blagues qui n’en sont pas. Sibelle s’en remet à l’écrivain hongrois Frigyes Karinthy, auteur de cette phrase parfaitement appropriée : « Je ne plaisante jamais avec l’humour… »
Mercredi._ Le pont Valentré sélectionné ! On apprend en effet que l’emblématique symbole de Cahors fait partie des 18 sites qui bénéficieront du soutien financier de la 8ème édition de l’offre de jeux Mission Patrimoine qui sera lancée à la rentrée de septembre. Le montant de la dotation de chaque site sera annoncé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine. L’annonce a été faite par la Mission pour la sauvegarde du patrimoine en péril portée par Stéphane Bern. Datant du XIVème siècle, classé monument historique dès 1840, attirant chaque année plus de 200 000 visiteurs, le pont Valentré doit bénéficier d’une cure de jouvence. Le budget des travaux qui doivent débuter dans les mois à venir est de près de 7 millions. En plus de ce coup de pouce bienvenu, des financements de l’État, des collectivités, les particuliers et les sociétés sont invités aussi à apporter leur concours. Sibelle qui jette un œil sur l’historique du célèbre pont fortifié s’écrie soudain : « Non, c’est pas vrai ? ». Je la questionne. Ma tigresse vient de lire sur le Net qu’il a fallu attendre 1995 pour que ce chef-d’œuvre médiéval soit interdit à la circulation automobile. Comme quoi rien n’est impossible. Qui imagine, de nos jours, un retour en arrière ? Qui imagine des voitures circuler sur le pont ? Et pourtant, cela ne fait donc « que » 30 ans. Hasard ou pas, c’est à cette date que je suis venu pour la première fois passer mes vacances d’été dans le Lot. Que j’en suis tombé amoureux. Et que depuis, pour reprendre la formule magique d’André Breton (qui a donné son nom à une rue toute proche, du reste), « j’ai cessé de me désirer ailleurs ».
Jeudi._ Le restaurant du château de Mercuès perd son étoile (ou son macaron, comme vous voulez) au Michelin. Les spécialistes ne sont pas surpris. C’était même attendu depuis le départ de son chef, Julien Poinsot, qui a décidé de voler de ses propres ailes (il est aux commandes à présent de l’établissement « Chez Suzanne », qui fait face au Pont Valentré, comme quoi l’actualité nous amène parfois à de curieux rapprochements). On imagine donc que le challenge de son successeur dans l’ancienne résidence d’été des évêques de Cahors, Clément Costes, est tout trouvé… A savoir, retrouver la bonne grâce des inspecteurs du guide rouge. Avec Sibelle, on ignore si cela peut lui donner du coeur à l’ouvrage ou de l’imagination mais on lui suggère quand même de s’inspirer de cette phrase définitive du Général de Gaulle, de passage en ce lieu d’exception en 1951 : « Du château de Mercuès, on voit monter vers soi l’Histoire ».
Vendredi._ Semaine chargée pour le député Aurélien Pradié avec notamment un entretien accordé au Nouvel Obs, un échange filmé de plus d’une heure avec David Lisnard, maire de Cannes et probable candidat à la présidentielle de 2027 (à l’occasion duquel les spécialistes ont cru voir ce qui ressemblait fort à un ralliement, car on voit mal comment et pourquoi désormais le parlementaire se rangerait derrière Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez _ ses ex-meilleurs amis / ennemis LR _) ou encore une rencontre-conférence avec les étudiants de l’ENS de Parius-Saclay. Et tout aussi chargée pour le vice-président PS du Département du Lot Rémi Branco, qui s’engage résolument derrière Boris Vallaud, député des Landes, en vue du congrès prévu en juin. Dans sa tribune publiée dans Libération, il y a cette phrase que Sibelle a soulignée : « Nous revenons de loin, mais ne partons pas de nulle part. » Et ma protégée de conclure : « Heureux Lotois de posséder de tels ambassadeurs. Nous sommes pauvres, certes, mais nous sommes beaux. Et nous tirerons forcément bénéfice, un jour, de tant de dévouement. » Je lui fais les gros yeux. J’ai peur qu’elle fasse montre d’ironie. Ou pas ?