Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Search in posts
Search in pages

Sibelle, le sourire de Mister Agricole, les mobilités douces et les dures réalités de la mondialisation

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Comme les bonnes nouvelles ne constituent pas forcément l’essentiel des informations, on débute cette semaine avec un sourire partagé. Celui de Mathis, 24 ans, qui cultive des céréales à Saint-Laurent-Lolmie. Le jeune homme a été élu Mister Agricole 2026. Sur les photos qu’il a postées sur les réseaux sociaux, il pose simplement en « costume de travail » devant un tracteur ou un joli pain produit avec de la farine d’ici. Dans ses propos, il explique son bonheur quotidien d’être au contact de la nature, au fil des saisons, et de perpétuer le noble travail de ses aînés. Il n’ignore pas les difficultés qu’il doit affronter, comme dans toutes les filières, mais il a souhaité relever le défi. C’est pourquoi il s’est présenté au concours, et c’est pourquoi on a envie, avec Sibelle, de lui dire « bravo ». Ce n’est pas tant l’intelligence artificielle qui menace les agriculteurs de notre pays (encore que la robotisation n’épargne aucun secteur) qu’une concurrence toujours plus rude, avec des règles inégales. Mais Mathis veut croire à l’avenir. On pense au titre et au roman de Giono paru en 1935 dont le propos se révèle d’une étonnante modernité 90 ans plus tard, et à voir la photo de Mathis, on ne peut qu’espérer in petto : « Que sa joie demeure ! »

Mardi._ On lit les conclusions de la dernière réunion annuelle du Conseil des territoires du Lot (ce qui permet à ma protégée féline et sans doute à nombre de nos concitoyens de se souvenir que cette instance réunit des représentants du Département et de toutes les intercommunalités). Sans réelle surprise, les principaux sujets ont été l’attractivité médicale et les mobilités douces. Des dossiers qui nécessitent de fait de travailler ensemble et dans le même sens. On lit ainsi : « Dans un département où la voiture reste souvent indispensable, le vélo représente une alternative crédible pour certains déplacements, à condition d’être sécurisés et adaptés aux spécificités rurales… » Ma tigresse comprend qu’en la matière, sur ce dernier point, en sus des voies vertes qui leur sont réservées, les cyclistes sont obligés de partager la chaussée avec des voitures ou des camions (et vice-versa). Et que cela demande des aménagements, mais aussi une évolution de certaines mentalités. L’affaire étant encore plus délicate sur certaines sections où des panneaux indiquent qu’en saison, des randonneurs à pied (notamment sur les itinéraires ralliant Compostelle) empruntent ces mêmes chaussées. Comme quoi la notion de « vivre ensemble » se conjugue aussi en terme mobilité. Même douce.

Mercredi._ La fête a été belle à Souillac où les professionnels du CA Brive qui évoluent en Pro D2 après avoir longtemps fréquenté le Top 14 sont venus s’entraîner dans le cadre d’une journée promotionnelle. Les jeunes des écoles de rugby du Lot ont pu ainsi non seulement rencontrer et échanger avec des joueurs mais aussi observer la séance d’entraînement et participer à des ateliers encadrés par leurs éducateurs lotois et animés par des pros ! Sibelle devine que certains enfants se sont endormis en rêvant de devenir plus tard, eux aussi, des rugbymen professionnels. A l’instar des gamins de Cahors quand ils croisent Fabien Galthié, le fils prodig(u)e de Montgesty de retour sur ses terres… Cela étant, un jour, peut-être, une formation du Lot retrouvera l’élite ? En sport, tout va parfois très vite. Dans un sens comme dans l’autre. Le CA Brive sera alors considéré comme un rival…

Jeudi._ La société Brandt France est liquidée, et quelque 700 salariés vont être licenciés à deux semaines de Noël. C’est encore un pan de l’industrie française qui disparaît. La marque, elle, sera peut-être sauvée, mais les appareils électro-ménagers qui étaient fabriqués dans l’Hexagone le seront désormais ailleurs. Elus, syndicalistes, éditorialistes disent leur effroi. Certains esquissent des débuts de réponse (avec l’instauration de barrières aux frontières, par exemple, mais c’est aussi un risque, car quid dès lors de nos exportations, déjà peu dynamiques, hors dans quelques secteurs comme l’aéronautique?). Sur ce, pas besoin d’être grand clerc pour deviner que dans la filière automobile (qui a déjà été éprouvée mais conserve quelques bastions), d’autres saignées sont à venir. Ayant été journaliste dans les Ardennes, j’explique à ma tigresse que je ne découvre pas aujourd’hui les dangers de la mondialisation et des délocalisations. Mais le prix (sans jeu de mots) en vaut-il toujours la chandelle ? Je me souviens ainsi il y a une quinzaine d’années avoir couvert, comme l’on dit, la fermeture brutale d’une usine du groupe suédois Electrolux, à Revin. On y fabriquait des machines à laver. La production a été délocalisé en Pologne. Différence de prix de revient par machine ? Le coût d’un paquet de cigarettes, m’avait-on expliqué à l’époque. Car si les salaires sont plus bas dans certains pays, en revanche, le savoir-faire et la productivité ne sont pas du même niveau. Qu’est-ce que c’est que quelques euros sur un lave-linge ? 

Vendredi._ Ce samedi, l’Association de Défense de la Gare d’Assier (et des Services Publics) et de Promotion du Rail (ADGAPR) appelle à une mobilisation en gare de Gramat (à 13 h 30). Il s’agit de protester contre des fermetures de guichet trop fréquentes, et une dégradation du service : « On constate hélas toujours plus de retards ou suppressions de trains, de trains en panne, de correspondances non assurées à Brive, Figeac ou Rodez. Il ne se passe quasiment pas deux jours sans qu’il y ait un dysfonctionnement sur cette ligne. » Pour rappel, de Gramat on peut rejoindre Rodez, Brive mais aussi Paris… Sibelle ne peut conclure que par cette citation du regretté Pierre Daninos : « La seule façon sûre de prendre un train, c’est de manquer le précédent… » Dans le Lot, cela devient lentement mais sûrement un risque _ ou une opportunité _ toujours plus modeste.

Partager :