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Sibelle, le retour du loup et le bilan des législatives 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Cela évoquerait presque les sept plaies d’Egypte (qui en compta dix, du reste, ainsi qu’on le découvre dans le Livre de l’Exode). A tout le moins un cahier de doléances qu’à l’orée de l’été, on se passerait bien d’ouvrir et de remplir. A survoler les infos de ces derniers jours, on relève ainsi pêle-mêle qu’après une période caniculaire exceptionnellement précoce, ont succédé des incendies plus ou moins spontanés, puis des orages violents (et encore _ on touche du bois avec ma protégée féline _, il y a eu pire dans certains départements voisins, même si à Gourdon, ce fut quand même assez gratiné).

Mais ce n’est pas tout : voilà que la présence d’un loup (ou de loups) a été confirmée. Nos troupeaux sont en danger. Et ce n’est pas une figure de style ou une référence à la chanson de Serge Reggiani ou à la petite phrase en forme d’adage attribuée à Martine Aubry : « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup… ». Ma chère Sibelle, évidemment, est effarée. Solidaire, certes, des éleveurs déjà affectés par les attaques, et pour autant compréhensive vis-à-vis des mesures de protection dont bénéficie cette espèce qui avait disparu de nos campagnes, ma belle féline est sur le qui-vive. Je tente de la rassurer, je lui explique qu’a priori, tout cela se passe encore loin de notre village, et pourtant, au fond de moi, je suis également sinon inquiet, en tout cas fort circonspect.

Et surtout, les humains sont ainsi faits, entendre ou lire ce seul mot, « loup », me replonge dans des terreurs d’enfance. J’avais à peine 10 ans quand un après-midi, sur le vieux tourne-disque du salon, je me hasardai à poser un 45 tours trouvé dans l’armoire. Fernandel y lisait des nouvelles d’Alphonse Daudet tirées des Lettres de mon moulin. Fernandel, pensai-je, cela devait être drôle. Forcément. Cela fut tout l’inverse. En face A, il y avait « la Chèvre de monsieur Seguin » et en face B, c’était « le Curé de Cucugnan ». J’ai quasi la chair de poule en y repensant : « Tout à coup, le vent fraîchit. La montagne devint violette; c’était le soir. En bas, le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumée. Un gerfaut la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit. Puis ce fut un hurlement dans la montagne: «Hou! hou!» Elle pensa au loup. Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C’était ce bon M. Seguin. – Hou! hou! faisait le loup. – Reviens! reviens! criait la trompe. » Croyez-moi sur parole, j’en faisais des cauchemars. 

Des loups, à Figeac, le 12 mai 1944, il y en a dans les rues. Qui hurlent, qui traquent, qui terrorisent. Ce sont des SS. Plusieurs centaines d’habitants sont raflés. Certains ne reviendront jamais. Ce 12 mai 1944, le collégien Peter Feigl se cache dans le clocher de l’église du Puy. Un miracle ! Ses parents arrêtés en France parce que juifs ont été déportés et assassinés à Auschwitz dès 1942. Lui, alors, vient de fêter ses 15 ans. Avant Figeac, il a été caché et protégé au Chambon-sur-Lignon. L’enfant, brillant élève, tient un journal. Peter est encore persuadé que ses parents pourront le lire quand la guerre sera finie… Sauvé après être passé en Suisse, Peter Feigl a passé une partie de sa vie à témoigner. En début de semaine, il est de nouveau revenu à Figeac. A 93 ans, avec la même énergie, il entend encore et toujours dire ce que fut la Shoah, dire qui s’en est rendu complice, mais dire aussi que dans la nuit de l’horreur, des hommes et des femmes, dans le Lot et ailleurs, se sont levés pour dire non et tendre la la main et leur cœur aux persécutés. Il faut que cette mémoire perdure. 

Evidemment, impossible de conclure ce rendez-vous sans quelques réflexions sur les législatives. Alors, primo, on salue avec Sibelle le succès des députés sortants, Aurélien Pradié dans la première circonscription, Huguette Tiegna dans la seconde. Secundo, on remarque que l’un n’avait face à lui aucun candidat de la majorité présidentielle (peu de ténors de l’opposition ont eu cet honneur), et que l’autre a bénéficié de la division à gauche au terme d’une des rares triangulaires de ce millésime 2022. Tertio on s’étonne de l’étonnante stratégie du PS lotois et des élus divers gauche du Département qui n’auront au final rien gagné. Et sans doute beaucoup perdu… Plus qu’une élection en tout cas ! 

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