Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Nous avons lu ce week-end à tête reposée (comme aurait dit Louis XVI _ vieille plaisanterie entendue jadis aux Grosses Têtes _), avec ma protégée féline, le compte rendu de la conférence de presse du député Aurélien Pradié. Lequel siège désormais parmi les non inscrits mais admet quand même au détour d’une phrase : « Les Républicains, c’est ma famille politique. C’est ma fidélité mais mon devoir est de parler à tout le monde… » Monsieur Pradié tire cependant dans tous les sens. Il évoque une « forfaiture démocratique » à propos des annonces de François Bayrou sur le budget 2026 : « Il a attendu que l’assemblée nationale ne siège plus pour faire les annonces. Cela dit tout de la méthode qui s’est installée depuis plusieurs mois. Sur le fond, je ne laisserai pas dire que ce plan est courageux. C’est du matraquage fiscal. » Et d’ajouter qu’en l’état, il voterait la censure le moment venu. Le député plaide pour des réformes de fond que le contexte politique rend impossibles. « Je me rends compte que tout le monde se tient par la barbichette… On a la Vème République avec les pires travers de la IVème. » Voire de la IIIème. Des constitutions qui avaient paradoxalement fait le bonheur de nombre de ses célèbres prédécesseurs lotois, radicaux et/ou de centre gauche, de Léon Gambetta à Maurice Faure en passant par Anatole de Monzie et Gaston Monnerville. Gardant un œil sur les municipales, Aurélien Pradié promet encore un livre pour la rentrée et peut-être la création d’un mouvement (dont Sibelle devine qu’il serait la figure de proue). En attendant, on peut donc s’attendre à voir le député multiplier les étapes d’un tour de France qu’il n’a jamais vraiment cessé de parcourir, comme les allers-retours entre Paris et le Lot et les interventions dans les médias nationaux. Sur ce point, un autre élu lotois fait désormais de même, son ancien challenger Rémi Branco, nouvellement nommé porte-parole du PS et abonné aux studios de Sud Radio et de CNews. Travailler à se forger une stature nationale tout en souhaitant rester le plus en phase possible avec sa terre d’élection : ce n’est pas forcément le plus simple, hors même les aléas de la ligne POLT.
Mardi._ Puisqu’on évoquait le Tour de France. Un mot sur le vrai. Aujourd’hui, enfin, on applaudit avec Sibelle la première victoire française de l’édition 2025. Elle est signée Valentin Paret-Peintre au terme de l’étape reliant Montpellier au Mont Ventoux, « dont le sommet est un désert minéral suspendu entre ciel et terre », comme l’écrit joliment Le Monde. Agé de 24 ans, le coureur est membre de l’équipe belge Soudal Quick-Step. C’est sa première participation à la Grande Boucle, mais le vélo est une passion familiale. Son père fut un amateur de talent et son frère aîné Aurélien, de cinq ans plus âgé, est professionnel sous le maillot Decathlon (il a dans le passé remporté une étape sur le Giro). « C’est un patronyme romanesque pour ne pas dire modianesque » note ma tigresse domestique, qu’agace en revanche le comportement de certains spectateurs que la passion amène à mettre en danger les coureurs eux-mêmes, a fortiori sur les routes de montagne. Moi, c’est une autre énigme qui me laisse pantois : pourquoi faire des heures de trajet et attendre ensuite pendant des heures le peloton pour le moment venu, se cacher derrière son smartphone ?
Mercredi._ On apprend qu’une étude publiée par Le Figaro désigne Cahors comme une ville où il est pertinent d’investir pour devenir propriétaire d’une maison à prix raisonnable, dans un cadre de vie agréable et dans une commune dotée de services plutôt performants. « Voilà un bon argument pour doper la démographie lotoise » admet Sibelle. Laquelle reste stupéfiée et/ou stupéfaite par les écarts de prix d’une région à l’autre, voire d’un canton à l’autre. Les prix au m² varient en France de 1 à 10 voire de 1 à 15. « La loi du marché » dois-je lui opposer. « Mais une inégalité incroyable alors que le SMIC, pour ne parler que de cette donnée, est le même partout » répond-elle avec pertinence. Voilà encore un sujet dont on peut craindre qu’il ne soit pas vraiment solutionné par le budget 2026…
Jeudi._ Une parenthèse plus légère : cette semaine, le comte Felix de Monpezat a fêté ses 23 ans au château de Cayx où aimait tant séjourner son grand-père… Felix est le deuxième fils du prince Joachim de Danemark, frère cadet du roi Frederik X. A cette occasion une photo du prince (7e dans l’ordre de succession au trône danois), avec le Lot en arrière-plan, a été diffusée par la maison royale. « Si j’avais su, j’en aurais profité pour aller déployer une banderole en contrebas du château » glisse Sibelle. Avec bien sûr toujours ce même slogan hérité de Maurice Faure : « Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux… » Si je ne la surveillais pas, elle serait capable de provoquer un incident diplomatique, cette insolente républicaine…
Vendredi._ Je tombe sur une vidéo d’archives (de 1977) diffusée par l’INA. On y voit et entend Nino Ferrer dénoncer le fait que tout ce qu’il a composé, écrit, arrangé pendant 10 ans ne lui appartient plus, puisque propriété de son ancienne maison de disque. Or, en 1977, le public comme les radios qui à l’époque font encore la pluie et le beau temps ne lui demandent plus que « Le Sud ». Encore et toujours. Mais cet immense succès au demeurant mérité est une chose. Lui voudrait écrire et tourner de nouvelles pages. Le combat est hélas perdu d‘avance. Une vingtaine d’années plus tard, en août 1998, Nino Ferrer, retiré à Montcuq, se donne la mort dans un champ depuis lequel il aimait observer le doux relief du Quercy blanc. « C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane / A l’Italie / Il y a du linge étendu sur la terrasse / Et c’est joli / On dirait le Sud / Le temps dure longtemps / Et la vie sûrement / Plus d’un million d’années Et toujours en été. »
