Sibelle, le président, les agneaux du paradis du Quercy et le Cocorico de Fraysinnet-le-Gélat

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Sur Medialot, notre site d’info préféré, nous découvrons avec ravissement « la » photo qui symbolisera désormais dans la mémoire collective du département l’édition 2025 du Salon de l’Agriculture. On y voit le chef de l’État Emmanuel Macron, accompagné de la ministre Anne Genevard. Tous deux posent fièrement sur le stand Ovilot avec chacun un agneau dans les bras. Les lunettes noires de l’animal ont valeur de carte d’identité infalsifiable : ils représentent dignement et somme toute placidement l’appellation des agneaux fermiers du Quercy. Une bonne âme précise à l’adresse du président que ces bêtes innocentes sont les ambassadrices des Causses du Lot, de Rocamadour, de Saint-Cirq- Lapopie. Et Monsieur Macron de répondre alors : « J’adore ces terres. C’est le paradis… » Encore un peu et, le regard embué par l’émotion, le président aurait cité Françoise Sagan ou André Breton, encore un peu et, il aurait admis qu’il lui était difficile voire douloureux de se « désirer ailleurs »… Encore un peu, et devant les journalistes médusés, devant ses conseillers pris de court et la ministre elle-même décontenancée par cette envolée, il aurait conclu la voix légèrement tremblante en fixant nos éleveurs, nos paysans, leurs animaux et leurs produits : « Vous êtes pauvres, mais vous êtes beaux ! », se souvenant peut-être de cette anecdote que lui aurait contée avec malice un de ses fidèles soutiens d’ici, comme Gérard Miquel, qui ont bien connu l’immense Maurice Faure. Sibelle conclut avec philosophie : « Tu exagères, comme toujours. Il est pourtant simplement notable et disons-le un brin réconfortant qu’en ces temps troublés, un président confronté à une crise politique intérieure censée le fragiliser comme rarement le fut un de ses prédécesseurs sous la Vème, et à une situation internationale tout simplement inédite, mais dans le sens le plus inquiétant du terme, depuis la fin de la Seconde guerre, il est réconfortant, disais-je, qu’un chef de l’État évoque le paradis lotois… » Soit. Surtout qu’il n’a pas quitté le stand en reprenant une autre formule, de Jacques Chirac, cette fois : « C’est beau, mais c’est loin… »

Mardi._ Invité de Jean-Jacques Bourdin, sur Sud Radio, le député Aurélien Pradié n’exclut pas de se porter candidat à la présidence des Républicains. Il plaide pour le reconstitution d’un grand parti gaulliste. Siégeant désormais parmi les « non inscrits », sa déclaration étonne, puisqu’on pensait le parlementaire lotois avoir claqué la porte de LR. Mais la politique relève parfois de l’art du contrepied. Ou plus simplement d’exister, de ne pas sombrer dans une sorte d’anonymat vous condamnant sinon à inaugurer les chrysanthèmes, en tout cas à ne plus figurer parmi les liste des invités habitués des plateaux de télé et studio de radio parce que les éditorialistes savent qu’ils savent avoir affaire à un bon client. Le même jour, dans les colonnes de Midi Libre, Aurélien Pradié déclare : « Je me sens de plus en plus révolutionnaire ». Sibelle semble elle-même avoir du mal à se faire un avis. Que ce soit sur la situation globale du pays, la politique de nos gouvernants ou le positionnement singulier du député du Lot. Et ma protégée finit par trouver une citation lui paraissant pertinente : « La politique, c’est d’abord la gestion des contradictions ». C’est signé du journaliste et écrivain Franz-Olivier Giesbert.

Mercredi._ Un reportage tout simplement stupéfiant dans le journal de 20 heures de France 2. On y a apprend qu’à Saint-Martin, près d’Annecy (Haute-Savoie) et au Teil (Ardèche), des TER s’arrêtent en gare (parfois plusieurs fois par jour) mais leurs portes restent fermées. Nul voyageur n’est autorisé à monter ou à descendre. Au grand désarroi des usagers potentiels obligés de prendre leur voiture pour aller travailler. La raison de cette situation ubuesque : les gares ne sont plus aux normes. Or, la SNCF les a fermées un peu trop vite. Pour être plus clair : une gare qui n’est plus aux normes peut se voir accorder un sursis avant par exemple qu’une passerelle soit édifiée pour passer d’un quai à l’autre. A condition d’avoir toujours été desservie. Mais si elle a fermé, ne serait-ce que quelques mois, alors plus de dérogation. Elle ne peut rouvrir sans la fameuse passerelle. Sibelle se console : « Nous, dans le Lot, on a toujours nos gares. Parfois les trains n’arrivent pas, ou arrivent en retard, mais tant qu’on a les gares… »

Jeudi._ Nos confrères de RTL saluent le succès de Cocorico, un des leaders des vêtements 100% Made In France. Le siège de la société se situe dans le village lotois de Frayssinet-le-Gélat. Les articles sont fabriqués dans des usines localisées un peu partout dans le pays. Mais c’est « chez nous » que tout est calculé, décidé, et qu’est basé le centre logistique. La société affiche une santé exceptionnelle. 700 000 articles vendus l’an passé et un taux de croissance annuel de 40 %. Sibelle qui n’est que peu concernée par le sujet a priori (chacun sait qu’elle vit à poil, on ne peut dire autrement), glisse néanmoins qu’il y a peut-être une niche (là encore, le jeu de mot est involontaire) que Cocorico pourrait tenter d’occuper sur le marché. « Et s’ils créaient une gamme dédiée aux tigresses ? » propose-t-elle. Qui s’appellerait « Sibelle » ou « Miaou », évidemment…

Vendredi._ On termine la semaine en se préparant à regarder la Cérémonie des Cesar du cinéma. Je n’ai pas vu la moitié ni même le quart des films en compétition. Mais je ne suis pas certain que les votants en aient vu plus que moi. D’ailleurs, combien de fois n’entend-on pas tel acteur, telle comédienne avouer qu’il(elle) ne regarde jamais ses films. C’est aussi le jour de l’année où l’on regrette le plus que l’immense Jean- Pierre Bacri soit déjà parti. Où l’on se souvient des déchirantes larmes d’Annie Girardot, ou de Coluche faisant du Coluche devant une salle hilare (enfin pas toute la salle), ou encore de l’incroyable vrai-faux sketch de Jean-Luc Godard à l’adresse des professionnels de la profession. Alors oui, on va regarder. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise…