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Sibelle, le permis à vie en sursis, Cahors-sur-Gruyère et les roses de la Toussaint

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Les discussions sont vives à l’assemblée : il s’agit de trouver des compromis afin de doter le pays d’un budget pour l’an de grâce 2026. Si l’on caricaturait (ce qui n’est pas notre genre, avec ma protégée féline), on aurait envie de penser que c’est mal parti. Entre ceux qui veulent absolument tailler dans les dépenses (à coups de hache à défaut de tronçonneuse argentine) et ceux qui pensent qu’on pourrait taxer davantage ceux qui ont de très hauts revenus et des patrimoines conséquents (que l’on chiffre parfois en milliards), le chemin paraît étroit. Oui mais voilà : il n’y a pas que les Français qui assistent à ce spectacle, il y a aussi des agences notation dont les jugements peuvent influer sur les taux d’intérêt. Et il y a la menace, enfin, voire surtout, d’une éventuelle censure, et donc d’une dissolution. Alors, chaque mot est pesé, chaque froncement de sourcils est observé à la loupe, chaque vote en commission est commenté dans la salle des Quatre Colonnes. Sur les plateaux de télévision, des économistes défilent. Depuis que l’un d’eux, qui enseigne aux Etats-Unis, suggère que la France devrait frapper un grand coup (fiscal) sur les gros patrimoines, Sibelle regrette de ne pas avoir suivi des études spécialisées. Elle imagine les titres des journaux : « La taxe Sibelle au centre des débats » ou « Vers une taxe Sibelle allégée ? »… Je suis plus pragmatique. Pour l’heure, aucun élu (sauf erreur) n’a proposé d’instaurer un nouvel impôt sur les portes et fenêtres ou pis encore, sur les animaux domestiques. Ouf.

Mardi._ On apprend qu’une directive européenne va devoir être déclinée en France instaurant, d’ici 2028, des visites obligatoires tous les 15 ans (voire plus fréquemment encore pour les plus de 65 ans) afin de conserver son permis de conduire. Disons les choses autrement : ce sera la fin du permis à vie. Les réactions sont diverses. Il y a les « pour », il y a les « contre » et il y a ceux qui ont un avis partagé. Bien évidemment, quand on perd un peu ou beaucoup de son acuité visuelle, quand les réflexes deviennent moins vifs, quand certains panneaux qui n’existaient pas il y a 20, 30 ou 40 ans font leur apparition, alors oui, sans doute, avec l’âge et son cortège de sournois désagréments (pour ne pas dire plus), conduire devient tout sauf banal, tout sauf une promenade de santé synonyme d’insouciance. Reste ce paradoxe : alors que la question de l’autonomie (des personnes âgées) est devenue centrale, alors que le devenir des zones rurales est aussi un enjeu majeur, on ne peut le cacher. Vieillir sereinement à la campagne sans un minimum de mobilité, sans une voiture pour aller faire les grosses courses, consulter son médecin ou tout simplement rendre visite à des amis serait-il ou sera-t-il encore possible pour nombre de seniors ? Ma tigresse domestique croit dès lors au progrès. Il faut vite que l’on démocratise les voitures autonomes. On ouvre la portière, on s’installe, on donne l’adresse de destination à voix haute et l’auto, en pilotage automatique bardée de capteurs et autres caméras, nous emmènera en toute sécurité au marché du bourg d’à côté. Non ?

Mercredi._ Les chiffres de l’emploi, ou plutôt du chômage, laissent apparaître une dégradation dans le département. Il y a 15 430  demandeurs d’emploi dans le Lot, inscrits à France Travail et parmi eux, le nombre de ceux qui n’exercent aucune activité même réduite a augmenté de 4,9 % sur un an. Le chiffre national est plus inquiétant encore (+7,6 %). Il y a des explications nationales voire mondiales à cette question complexe qui se traduit par des vies brisées ou pour le moins marquées par une réelle précarité. Et il y aussi des spécificités plus locales. Avec des entreprises qui voudraient recruter mais qui ne trouvent pas de candidats à proximité et/ou ayant suivi un cursus de formation adapté. « Mais plus vous êtes spécialisé, plus vous êtes en difficulté le jour où vous devez déménager _ pour suivre votre conjoint _ ou quand votre employeur met la clé sous la porte » note ma chère Sibelle. Décidément, rien n’est simple.

Jeudi._ Un fait divers vraiment peu banal. Dans la nuit, un automobiliste a chuté dans un trou profond de 4 mètres à l’entrée du parking relais de la gare, à Cahors. « C’est en se déplaçant avec sa voiture que le parking se serait dérobé sous une de ses roues. Son véhicule en équilibre, le quinquagénaire a chuté en sortant de l’habitacle » rapporte Medialot. Par chance, l’homme n’a été blessé que légèrement. Des investigations ont été initiées pour savoir pourquoi une telle cavité se trouvait à cet endroit et pour déterminer s’il y en a d’autres dans le secteur. Sibelle est effrayée. Elle a beau savoir que la ville est riche en vestiges gallo-romains (mis au jour régulièrement) lors de chantiers), elle a peur désormais que certains quartiers aient été aménagés sur de vastes gruyères. 

Vendredi._ Demain, c’est la Toussaint. Alors que dans notre jardinet, les rosiers Pierre de Ronsard et Léo Ferré nous offrent ce qui ressemble fort à leur dernière floraison de l’année, nous décidons avec Sibelle, simplement, de déposer virtuellement une rose sur les tombes où reposent désormais nos défunts les plus chers. Et avec le temps, leur nombre augmente inexorablement. Une simple rose, mais qui veut dire tant de choses. Car notre mémoire est aussi leur autre tombeau. Et ainsi, ils vivent toujours en nous. 

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