Sibelle, le loup et l’agneau : Une fable qui ne fait pas rire sur les Causses
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Cette semaine, deux sujets seulement à l’ordre du jour de ce rendez-vous, d’ailleurs rédigé plus tôt que d’ordinaire. Ce n’est pas que votre serviteur et sa protégée féline soient distraits ou moins attentifs aux mille et un faits et dires qui font le sel de l’actualité, dans le Lot comme ailleurs. Mais quand il faut se pencher sur l’actualité, justement, même avec distance, même avec un brin d’ironie, et que celle-ci est décidément sombre, très sombre, il arrive que l’exercice soit trop complexe pour être autre chose qu’un exercice de style.
Au fond, en quelques heures, nous sommes passés d’un minot marseillais interpellant le Président de la République pour lui demander s’il pouvait faire venir Mbappé à l’OM à un minot de Nanterre âgé de 17 ans tué au terme d’un refus d’obtempérer. Nous sommes passés d’une galéjade à une tragédie. Et force est de constater, sans exagérer, que notre pays est bien malade. On ne se cachera pas derrière un petit doigt ou un coussinet : la France est malade et comme le disait déjà Roger Gicquel en ouvrant son 20 heures il y a 40 ans, « la France a peur ». Car ni vous, ni moi ni bien évidemment ma chère Sibelle ne savons « comment tout cela va-t-il finir »… « Et si dans un moment de lucidité extra-lucide, nous devinons un peu la réponse, celle-ci n’est pas très engageante » ajoute ma tigresse domestique.
Alors restons dans le Lot, et restons sur la même expression : « Comment tout cela va-t-il finir ? » Ce n’est pas une fable, ce n’est pas non plus une allégorie de ce qui se passe ailleurs mais désormais, cette question vient clore trop souvent les discussions sur les Causses du Quercy. Comment cette fable du loup et de l’agneau version Lot 2023 va-t-elle s‘achever ? Quelle morale va-t-elle délivrer ? Lundi, au Conseil départemental, le vice-président en charge de l’Agriculture Rémi Branco a dressé un constat préoccupant : « Il faut voir la vérité en face. Les actions menées depuis un an n’ont rien changé à la situation. L’heure est grave. Le loup ne provoque pas uniquement des dégâts matériels, il plonge chaque jour davantage d’éleveurs dans une situation de colère voire de détresse. Il faut agir vite avant que ne se produise un drame. La coexistence du loup et de l’agneau sur le causse est totalement impossible compte tenu des spécificités de notre territoire. Je note que l’espèce longtemps menacée est en croissance solide, qu’elle se reproduit désormais partout en France. Je note qu’à l’inverse, le nombre de brebis présentes sur le causse diminue dangereusement chaque année, tout comme le nombre d’éleveurs avec de nombreux départs à la retraite. Comment motiver de jeunes éleveurs à s’installer dans un contexte pareil ? » Et l’élu de souhaiter que la question soit prise en compte le plus rapidement possible alors qu’un nouveau plan (sur le loup) est en préparation au niveau national.
Je n’ai pas de solution miracle à proposer, et ma chère Sibelle non plus. On dira quand même ceci. Il serait évidemment déplacé d’établir des parallèles douteux, mais pour vivre ensemble, pour cohabiter, il y a toujours une condition : ne pas souhaiter la disparition de l’autre ou des autres, surtout quand les autres, en question, n’ont pour se protéger que leur bonne foi, leur naïveté, ou, dans le cas de nos ovins, une paire de lunettes de soleil… Et soudain ma protégée me coupe : « Oui, évidemment, mais tu sais mon cher Philippe, s’il n’y a pas de morale à cette fable, il y en a quand même une à cette première partie de la chronique : si on en est là, dans le pays et dans le Quercy, c’est aussi parce que nous sommes tous et des loups, et des agneaux. Nul n’a le monopole de la vertu… »
Abordons donc rapidement le deuxième sujet du jour. Nous avons appris que Marie Piqué se présentait à son tour aux sénatoriales. Vice-présidente de la Région, figure du PCF lotois, elle avait déjà été candidate en 2017. « Ce sont mes voix qui ont permis d’élire Angèle Préville. Aujourd’hui, je pense qu’avoir une démarche différente dans l’approche des propositions que l’on offre à la population est un plus. D’autres choix sont possibles, il faut avoir le courage de choisir les alternatives » plaide cette fois Marie Piqué. Socialistes, radicaux, divers gauche, dans ou hors Nupes, et désormais PCF… Les candidats à gauche ne se comptent plus. Ce n’est plus une élection, c’est un salon. Une exposition. Un festival. « Et les Insoumis ? Et les écolos, ils sont où ? » chantonne Sibelle sur l’air des lampions. Chacun son tour !
