Sibelle, le Lot privé de millions et de salon, et les confidences de Galthié
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Sa ire n’est pas retombée. A l’orée d’une séance consacrée aux dotations des collèges et à la restauration scolaire, le président du Conseil départemental redit son courroux à l’égard du gouvernement. Serge Rigal ne digère pas que les collectivités locales soient « ponctionnées » pour aider à combler le déficit national. « Je suis en colère, une colère froide. Ce Premier ministre en place a des engagements politiques et des amis : alors, il ne peut pas aller ponctionner les riches… » Et donc, ce sont les pauvres qui vont trinquer, selon le chef de l’exécutif lotois : « Quand vous ponctionnez les Départements, vous allez ponctionner les personnes âgées dépendantes, vous allez toucher les personnes handicapées et, pire que tout, l’enfance en difficulté, la petite enfance… On va avoir des familles dans le désarroi total. Pénaliser l’enfance parce qu’on ne veut pas faire payer les riches, quelle considération pour la jeunesse et l’avenir de notre pays ! Aller ponctionner les familles qui touchent le RSA, c’est certainement ne pas connaître le monde des gens en difficulté. » Sibelle opine du chef. Elle me glisse au passage qu’elle veillera personnellement à ce que de telles dérives ne soient pas observées dans notre maisonnée : « Mon budget dédié aux croquettes n’a pas à subir d’éventuels dérapages du budget général de la famille ». J’argumente quand même : « Pourtant, les factures augmentent, y compris au supermarché ». Elle tient évidemment à avoir le dernier mot : « Tu n’as qu’à sauter un apéro sur deux. Ou à descendre en gamme dans le choix de tes boissons ! » L’heure est grave. Pour trinquer, c’est sûr, on va trinquer. A l’eau du robinet.
Mardi._ La décision fait causer. A juste titre. Pour la première fois depuis trente ans, il n’y aura pas de stand « Causses du Lot » dans le Hall 1 (celui des animaux) lors du prochain salon de l’agriculture. La chambre consulaire du Lot et le Département n’ont pas digéré l’oukase des organisateurs interdisant, en marge de la présentation de nos chers agneaux à lunettes, de faire découvrir d’autres produits de terroir, comme le fromage de Rocamadour. Et Monsieur Rigal, toujours lui, d’oser cette formule : « On ne doit plus être la vache à lait des organisateurs. » D’une manière générale, les responsables lotois regrettent que les marques et les grands groupes prennent le pas sur les « vrais » producteurs. Une nuance toutefois : il y aura toujours des Lotois pour se présenter aux concours. Mais le stand où l’on vient se faire photographier avec des agneaux dans les bras, c’est fini. Ma protégée féline en a le cœur serré. Et pudiquement, n’ose pas même se proposer pour remplacer les chers ovins avec ses amis, les matous du quartier…
Mercredi._ Pendant ce temps, le concours Lépine se poursuit en commission, à l’Assemblée, où l’on amende le projet de budget 2025. Un député propose de taxer les propriétaires de chiens. Le lendemain, un de ses collègues, à l’inverse, imagine d’accorder un crédit d’impôt aux propriétaires de chiens ou de chats. « Pour l’heure, les poissons rouges ne figurent pas au menu des parlementaires » note ma protégée. « Et pour cause, le restaurant du Palais Bourbon propose à la carte un « poisson du jour » à 17 euros, ou, pour cinq euros de plus, un pavé de lieu jaune et son riz bambou » apprend Sibelle sur Internet. Le cas échéant, un Chablis Vieilles Vignes à moins de 25 euros peut l’accompagner. Et pour ce qui est des rouges, cette même carte ne propose pas de vins de Cahors. Pas assez « premium » ? Mais que font nos députés ?
Jeudi._ Pour ne pas en être, Rachida Dati sort à son tour une idée de son (élégant) chapeau : faire payer les touristes visitant Notre-Dame à Paris. Les sommes ainsi récoltées (75 millions d’euros par an, ont estimé ses collaborateurs) pourraient ainsi sauver (sic) les églises de France mal en point. Ministre de la Culture et candidate à la succession d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, Madame Dati a oublié au passage un article de la loi de 1905 qui insiste sur la gratuité d’accès aux lieux de culte. Et elle ne nous précise pas non plus comment l’on distinguera les touristes des fidèles (qui apprécient aussi de venir se recueillir hors les seuls offices). Pour avoir connu le système en Italie, fait une fois la queue pour acheter un billet, une seconde fois pour entrer dans la cathédrale, à Florence, à Venise, à Rome, je suis très réservé sur l’opportunité de transposer cela dans notre cher pays. Pour l’heure, Cahors n’est pas concernée. Croyant ou pas, on peut toujours visiter gratuitement la cathédrale et son magnifique cloître. Sibelle remarque par ailleurs : « On paie l’entrée autrement, en glissant quelques pièces dans l’horodateur… » Pas faux.
Vendredi._ Notre cher Fabien Galthié s’exprime dans les colonnes de L’Equipe. Il était resté silencieux depuis l’affaire survenue en Argentine. Il dit son désarroi mais sa volonté d’aller de l’avant. On retient ces phrases amères : « Quand je vois comment on mesure tout au mètre près, au gramme près avec notre nutritionniste… Je passe des heures à étudier une stratégie, un scénario et, finalement, la coutume peut tout balayer. Ce que j’appelle la coutume, c’est la troisième mi-temps… » Sibelle remarque aussi cette anecdote, alors que nos confrères lui demandent s’il a songé à démissionner : « Je n’ai jamais été aussi convaincu de mon engagement que lors de ce moment dans le local avec les deux joueurs et la police. Ça peut paraître paradoxal, je sais. » Un chef, un meneur, un patron, on le remarque surtout dans les épreuves.