Sibelle, le dernier salon où l’on cause et où l’on pause, les Labarthe père et fils et l’eau du Lot
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Après une inauguration pour le moins mouvementée, la tradition reprend ses droits au salon de l’agriculture, et les stands comme les animaux et produits lotois rencontrent un franc succès. Sibelle pense à ces jeunes Parisiens éberlués à la vue de nos agneaux si fiers d’arborer leur lunettes noires (comme s’ils tenaient à préserver un improbable anonymat), et à leurs parents, ragaillardis après avoir dégusté un toast au foie gras de chez nous, ou un verre de malbec au rouge si singulier. Le soir, en rentrant dans leur appartement, en conclurent-ils, reprenant sans le savoir la formule de Maurice Faure, que ces gens venus du Quercy sont peut-être pauvres, mais qu’ils sont beaux ? Tout un aréopage d’élus lotois est également du rendez-vous, parlementaires en tête, qui s’empressent ensuite de poster sur les réseaux qui une photo en compagnie d’un ministre, qui un cliché où ils portent comme un trophée un agneau (qui en général n’a pas l’air plus effrayé que ça par la foule). Ce défilé aussi fait partie de la tradition. Nous avons une pensée pour les exposants d’ici, ceux qui vont rentrer médaillés, et ceux qui ne rapporteront de la la Porte de Versailles que des souvenirs et surtout le sentiment du devoir accompli. Dès la semaine prochaine, vous allez retrouver vos champs, vos chais, vos fermes, vous allez reprendre possession de nos causses, de nos coteaux, de nos vallées, de nos vignes. Gardiens de nos paysages, de nos assiettes et de nos rêves. Merci.
Mardi._ Même très occupé par ses fonctions (il est vice-président de la Région en charge de l’agriculture), Vincent Labarthe, depuis Paris, aura passé un excellent dimanche. Son fils Léo, 20 ans, qui a déjà connu les honneurs tricolores, est rentré en Top 14 avec le Stade Toulousain à Clermont. Bon sang ne saurait mentir : étudiant en agronomie, il bénéficie comme son frère des conseils de papa, qui a longtemps été licencié à Figeac puis Lacapelle-Marival. Avec ma tigresse domestique, nous l’avions interviewé cet automne lors de la coupe du monde. Il disait ceci : « La pratique (du rugby) peut être proposée à tous les gabarits, tous les esprits qu’ils soient malins ou pas, rapides ou endurants. L’altruisme est également la base de sa pratique, ce qui conduit notamment à ne pas voir de « célébrations » exacerbées comme dans d’autres disciplines… » On imagine quand même que Vincent a célébré le succès de Léo et des siens. Un verre de blanc des coteaux de Glanes, par exemple, cela n’a rien de trop « exacerbé » quand le fiston et ses coéquipiers s’imposent en Auvergne !
Mercredi._ Une ancienne députée fait le buzz sur X (ex-Twitter) en s’indignant – photo à l’appui – d’avoir croisé dans un TGV un chien sans muselière. Que montre le cliché ? Un golden retriever de beau gabarit mais visiblement assez âgé et paisible, allongé (tenu en laisse mais sans muselière) dans l’allée centrale, à proximité immédiate de son maître qui ignore vraisemblablement avoir été pris en photo. Sibelle partage le courroux de la twittosphère qui hurle contre l’ex-parlementaire. Je dois convenir que plutôt que de poster une photo, elle aurait été mieux inspirée d’interroger le propriétaire du chien. Mais au-delà de ce cas particulier, convenons que quand on ne connaît pas un chien, on ne peut deviner s’il présente quelque animosité. Et lorsqu’il vient vers vous, s’il veut manifester sa joie de vous rencontrer ou une forme d’hostilité. « C’est pour ça que tu préfères les chats ? » questionne Sibelle sur un ton faussement anodin. « Comme si tu n’étais pas capable de sortir les griffes ! » suis-je obligé de lui répondre. Là-dessus, j’ai une tante qui a toujours eu peur des chiens parce qu’elle avait été mordue étant gamine. C’est peut-être le cas de l’ancienne députée, allez savoir.
Jeudi._ Le président Emmanuel Macron indique que le moment venu, il plongera volontiers dans la Seine. Comme l’avait promis en son temps son prédécesseur Jacques Chirac, mais qui jamais ne s’y risqua. Mais voilà : les Jeux approchent et l’eau du fleuve, sous le Pont Mirabeau cher à Apollinaire ou ailleurs, demeure douteuse (pour ne pas dire boueuse). Les épreuves de triathlon (qui comprennent un parcours aquatique dans la Seine) débutent le 30 juillet. Année bissextile ou pas, ça devient serré comme calendrier. Alors ma protégée propose un plan B. Les épreuves olympiques de triathlon doivent pouvoir se dérouler dans le Lot. A Saint-Cirq-Lapopie, à Cayx, à Albas, plusieurs sites sont envisageables. Et nous, on sait y faire, en matière d’événements sportifs internationaux (regardez comme les étapes du Tour de France courues ici ont été réussies!). Là-dessus, pour la dernière partie du triptyque, on propose que la ligne d’arrivée de la course à pied soit située sur le pont Valentré. Ce n’est pas négociable. Et c’est Sibelle elle-même qui hissera le drapeau olympique géant sur le relais du mont Saint-Cyr. Chiche ?
Vendredi._ L’agence Lot Tourisme a publié son bilan de la fréquentation des chemins de grande randonnée et voies vertes en 2023. Les chiffres sont à la hausse. On a dénombré ainsi 19 800 passages sur le GR65 à l’entrée du département, soit +23 % par rapport à 2022 et +50 % par rapport à 2019 (avant la crise sanitaire). Mais il y a aussi des itinéraires moins connus. Avec Sibelle, on apprend ainsi qu’à Sabadel-Lauzès, il existe un « Chemin du ruisseau qui se perd ». Long de 9,5 km, il est jalonné de « formations tufeuses formant des petites cascades et des vasques ». On s’en doutait, c’est confirmé. Que l’on choisisse de marcher sur le « Chemin du ruisseau qui se perd », de se baigner dans le lac d’« Écoute s’Il Pleut » (à Gourdon), pour réussir ses vacances dans le Lot, il faut être un peu poète. Et cesser de se désirer ailleurs, comme disait André Breton.