Sibelle, le campus santé de Cahors et le « planté de bâton » du Premier ministre

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ La semaine débute, comme elle s’achèvera, par de nouvelles révélations et de nouveaux témoignages visant l’abbé Pierre. Il ne s’agit pas de juger un homme décédé il y bientôt 18 ans. Mais il faut reconnaître comme telles les victimes, et il convient, évidemment, d’enquêter pour savoir si les agissements ont été « couverts », c’est-à-dire sus mais tus par sa hiérarchie ou par des hommes et des femmes qui ne souhaitaient pas qu’un scandale soit mis au jour… Avec Sibelle, nous disons aux victimes notre compassion, d’abord, mais nous avons aussi une pensée pour les salariés, les bénévoles et les « compagnons », qui, y compris dans le Lot, perpétuent avec abnégation, chaque jour, la mission de la fondation qu’incarna l’abbé. Parce que nous ne sommes certes plus en 1954, mais on ne peut pas passer sous silence qu’il demeure dans notre pays des sans logis ou mal logés, des gens de peu ou de pas grand-chose qui tentent de rester debout quand bien même, selon l’expression consacrée, la fin du mois commence le 10. Ou même avant. Le scandale que constituent les agressions voire les crimes commis par l’abbé est une chose, mais c’est aussi un scandale que globalement, il y ait encore et toujours autant d’inégalités, autant de chagrins, autant de vies désespérantes et désespérées en 2025.

Mardi._ A l’Assemblée, François Bayrou passe sont grand oral. Deux jours après, il échappe à un vote de censure et semble, pour un temps, avoir convaincu une majorité de députés socialistes de lui accorder un sursis au moins jusqu’à la discussion du budget. On note que les élus lotois Aurélien Pradié (non inscrit) et Christophe Proença (PS) n’ont pas voté la censure. Avec ma protégée, tandis que je tapotais sur mon clavier, en humble rédacteur web que je suis, on a écouté le discours du Premier ministre en arrière-fond. On a donc été un peu pris de court quand, soudain, la voix du toujours maire de Pau a semblé hésiter, puis, au terme d’un flottement étrange, quand le chef du gouvernement a admis en souriant qu’il y avait du désordre dans le classement de ses feuilles. « Je suis un néophyte » a-t-il conclu pour s’excuser dans un large sourire. Pour quelqu’un de 73 ans qui a débuté dans la vie publique en 1982 (comme conseiller général), c’est assez gonflé. « C’est précisément parce qu’il a de la bouteille qu’il sait depuis longtemps que plus c’est gros, plus ça passe. Même quand c’est dit avec humour… A quoi sert d’être centriste si ce n’est pour être habile dans les slaloms ? » a commenté ma tigresse. On verra si le skieur passe l’hiver… Comme disait le moniteur dans les Bronzés, l’important, c’est le planté de bâton…

Mercredi._ Les travaux du futur « campus santé » de Cahors ont débuté. Livraison prévue à l’automne 2026. Il comprendra des logements pour les internes affectés au centre hospitalier, un centre de dialyse et des bureaux pour des professionnels et activités liés à la santé. A proximité immédiate du Pont Valentré et de l’auberge de jeunesse du CHAI, la structure devrait favoriser la pérennité de l’offre de soins dans la ville et donc dans le département. Un des objectifs est de convaincre une partie des internes de rester « chez nous ». Et de s’installer dans le Lot pour exercer leur art, comme généralistes ou spécialistes. Ma belle Sibelle remarque que ce défi pourrait peut-être gagner « à inclure des dispositions et dispositifs favorisant la présence de chats ». Je sursaute. « Ben oui, quoi. Un chat qui ronronne est un chat qui apaise. Il permet de déstresser. Et en fin de compte, dans le Lot, il aide à mieux comprendre pourquoi l’on peut, ici, vivre heureux de son métier comme durant ses temps libres. Parce que nous sommes pauvres, peut-être, mais nous sommes beaux. »

Jeudi._ Une opération coup de poing s’est déroulée dans la matinée à la gare de Cahors. Accompagnés de chiens à l’odorat performant, policiers et gendarmes voulaient s’assurer que des voyageurs ne profitaient pas du train pour transporter de la drogue… Ma protégée féline n’a pu s’empêcher d’ironiser. Non pas sur la nécessité de lutter contre le trafic de stupéfiants mais sur le fait que malgré le givre, malgré les aléas techniques et autres soucis inhérents à la ligne POLT, il y avait bien des trains qui circulaient jeudi et se sont arrêtés en gare de Cahors. C’est, en soi, une information.

Vendredi._ On annonce l’ouverture des inscriptions (pour les particuliers ou professionnels) afin de posséder un pass sous forme de QR Code qui permettra, à partir d’avril, d’aller déposer ses déchets… dans les déchetteries du SYDED. Une formalité de plus. Il s’agit, dit-on, de fluidifier le trafic, de réguler la fréquentation et parfaire la qualité du tri. Des quotas seront par ailleurs fixés en 2026. C’est un pari hardi. Tout cela est peut-être nécessaire, mais il ne faudrait pas que nos concitoyens se sentent trop contraints quand ils se comportent en bons citoyens conscients des enjeux environnementaux. Disons-le autrement, ce serait dommage que faute de QR Code, des mauvais sujets en reviennent à la pratique des dépôts sauvages (qui n’a jamais vraiment disparu, hélas). Sibelle s’inquiète : « Et pour ma litière ? » Je la rassure. On trouvera toujours une solution. Surtout que même en hiver, elle préfère se soulager dans la plate-bande, au pied de mes hortensias. On a les engrais qu’on peut. Avec ou sans QR Code.