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Sibelle, le bus de la peur, le mystère des enquêtes publiques et l’adieu à Robert Redford

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Lundi._ Il n’est pas encore 7 h 30 quand, dans le quartier de Lacapelle, un bus scolaire se renverse. Le véhicule s’est couché sur le flanc après avoir heurté un arbre. Il y avait une quarantaine d’adolescents à bord. « Les 17 victimes transportées au CH de Cahors sont sorties en milieu de journée. La cellule d’urgence médico-psychologique reste activée pour assurer les accompagnements nécessaires » expliquera dans l’après-midi la préfecture dans un communiqué. Evidemment, l’émotion a été vive toute la journée en ville, dans le département, et a fortiori dans les familles et les établissements concernés. Et elle fut palpable encore par la suite. Sibelle elle-même est bouleversée. Elle constate à quel point, dans une communauté humaine, même élargie à l’échelle d’une ville voire d’un département et parfois d’un pays, la résonance d’un drame est liée à sa proximité géographique. Ce n’est pas enfoncer une porte ouverte que de dire cela. Un journaliste en est bien conscient qui hiérarchise ou tente de hiérarchiser l’information en fonction aussi de ce paramètre. Dans la presse régionale, hors les titres d’Occitanie, quelle aura été la place accordée à cet accident ? Sur ce, on ne peut que souhaiter que les cicatrices (y compris psychologiques) ne soient pas trop longues, douloureuses, perturbantes. C’est une autre affaire. Que les intéressés sachent que l’on reste, tous, à leurs côtés. Ma protégée trouve cette citation appropriée : « La solidarité est la tendresse des peuples… » C’est de Tomas Borge, un ancien leader sandiniste du Nicaragua.  

Mardi._ On apprend la mort de Robert Redford. Il était de ceux que l’on pouvait en toute légitimité qualifier de « stars ». Un mot par ailleurs si souvent dévoyé. L’acteur est salué comme il se doit, mais on oublie parfois le réalisateur et producteur. Je pense à ce film au titre d’une rare poésie : « Et au milieu coule une rivière ». Ne me demandez pas pourquoi, ces quelques mots, l’image qu’ils fabriquent aussitôt en moi, me semblent toujours magiques. Je raconte à Sibelle que Robert Redford adorait la France. Il y a quelques années, sur la scène des Césars, il avait évoqué son premier voyage « chez nous » alors qu’il était encore un jeune inconnu. Après quelque temps à Paris, il avait gagné Cannes en auto-stop. « Comme je ne pouvais pas me payer grand-chose, j’ai dormi à la belle étoile sur un sac de couchage, sous une jetée, et j’ai entendu des rires qui venaient de l’hôtel du Carlton. Je me suis demandé… Qu’est-ce que ça doit être d’être dans cet hôtel et de s’amuser comme cela, habillé sur son 31 ! » Et moins de vingt ans plus tard, il était revenu à Cannes, mais avec le statut de vedette. « Je suis descendu à ce même hôtel et, alors que je regardais la mer, je me suis souvenu de la fois où j’avais dormi sur la plage. En vieillissant, le temps passe plus vite. Tout d’un coup, l’avenir se change en passé, demain devient hier… » Au fond, les vrai(e)s stars sont d’abord des grand(e)s philosophes.

Mercredi._ A Figeac, les travaux ont débuté sur le site du Surgié. Ni Sibelle ni moi ne sommes experts et possédons la moindre compétence pour avoir un avis sur le choix qui a été opéré. En revanche, quand les opposants s’étonnent (c’est un euphémisme) qu’il n’y ait pas eu d’enquête publique, on est tenté de partager leur interrogation. A titre d’information, les quatre dernières enquêtes publiques recensées ce mois-ci dans le département concernent : un projet de sécurisation et de renaturation du quartier commercial du Couquet à Capdenac, une demande de permis de construire un parc photovoltaïque à Lalbenque, un permis de construire pour une centrale photovoltaïque à Calès, l’aliénation d’une partie d’un chemin rural et le déclassement en volume d’une partie de la voirie communale rue des Porches à Souillac. Mais il n’y en a pas eu pour détruire un barrage sur le Célé et repenser tout le site en aval de l’ouvrage ?

Jeudi._ Jour de grèves et de manifs. Ma tigresse domestique est surprise : avant même que le premier cortège ne s’élance quelque part en France, on annonce attendre 800 000 personnes dans les rues. Et comme par hasard, au soir de la mobilisation, les pouvoirs publics avancent le chiffre de 500 000 manifestants (donc une mobilisation somme toute modeste) et la CGT parle d’un million de personnes dans les défilés (donc un succès certain). Avant de nous coucher, avec Sibelle, elle sur le banc du bolet, moi dans mon lit, on jette un œil sur les photos du jour. Une mention particulière à cette manifestante de Nantes qui brandissait cette pancarte : « La crise sur le gâteau ». Et un accessit à cette autre manifestante, à Pau : « Un pour tous, tous dans la m… » 

Vendredi._ Nous consultons attentivement avec ma belle le très riche programme des Journées du patrimoine. On ne peut pas, à l’évidence, aller partout. Et assez logiquement, nous sommes surtout attentifs en premier lieu à privilégier si possible les sites qui d’ordinaire sont fermés au public. Comme la maison du peintre Henri-Martin à Labastide-du-Vert, le château de Labastide-Marnhac, la maison de Gabrielle Perboyre à Montgesty, la maison rurale du Garric Blanc à Pontcirq, ou encore l’aqueduc romain de Saint-Géry-Vers. Ou encore, sur Cahors même : la Préfecture du Lot, les archives départementales, le collège Gambetta et l’horloge à billes. Cette chère Sibelle se tâte encore. Et puis elle me souffle : « Si on visite la gare, tu crois qu’on aurait la chance de voir s’arrêter un train ? » Un mauvais esprit n’est jamais au repos.

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