Sibelle, le bilan des élections, le lifting du Grand Palais et les pets de vaches

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Lendemain de deuxième tour des législatives. Nous analysons les résultats avec ma protégée. Pas de surprise dans le département, où Aurélien Pradié et Christophe Proença sortent vainqueurs de triangulaires qu’ils avaient abordées avec déjà un bon matelas d’avance. Une circo à droite, une autre à gauche, le Lot choisit une forme d’équilibre. A l’échelle nationale, le paysage est moins clair. Trois blocs se dégagent, mais aucun n’atteint, ni ne s’approche du reste, de la majorité absolue. Les jours passent et tandis que les discussions continuent de part et d’autre, on se dirige vers un gouvernement certes démissionnaire mais amené à expédier les affaires courantes jusqu’au mois d’août. A la télé, dans les journaux, moult éditorialistes, politologues et autres experts répètent que « les Français, avec ce résultat, semblent souhaiter que s’instaure une coalition dépassant certains clivages ou à tout le moins un système où les lois seraient votées par des majorités de compromis ». Peut-être, encore que la Vème République et le pays en général ne sont pas habitués à cela. « C’est peut-être oublier aussi qu’il n’y a pas eu une, mais 577 élections différentes » remarque encore Sibelle. Qui ajoute : « Dire alors que les Français ont voulu ceci ou cela est hasardeux… » Alors on se réfugie dans les livres et ma tigresse finit par découvrir une citation de Clemenceau qui semble coller à la situation : « Celui qui peut moralement tenir le plus longtemps est le vainqueur : celui qui est vainqueur, c’est celui qui peut, un quart d’heure de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu. »

Mardi._ Pas de finale pour les Bleus, logiquement battus par des Espagnols supérieurs dans tous les compartiments du jeu. Une remarque au passage : l’Euro de football a ceci de plus simple que les élections législatives… Même en cas d’égalité à la fin du match, un vainqueur est désigné aux tirs au but. Mais en l’espèce, donc, ni Deschamps ni ses joueurs n’ont jamais semblé à même d’espérer mieux. Jusqu’à mardi, d’ailleurs, le meilleur buteur français était un certain CSC. Maladroits en attaque, obligés de composer avec deux leaders visiblement hors de forme (Griezmann et Mbappé), les Bleus ont raté leur compétition. Ce sont des choses qui arrivent. Sibelle qui a suivi avec une forme de détachement la compétition mais qui n’ignore pas que certains observateurs ont toujours argué que le sectionneur Didier Deschamps était chanceux lors des grands rendez-vous éclate de rire soudainement. « La prochaine fois, il m’emmènera avec lui… »

Mercredi._ Moins de cinq ans après son ouverture (en décembre 2019), le complexe ciné du Grand Palais fait appel à une société spécialisée (dans les interventions acrobatiques) pour nettoyer sa façade. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le Grand Cahors rappelle que l’établissement, à cette occasion, « retrouve sa couleur crème et révèle ses lignes pures dont l’architecture a été saluée en France comme à l’étranger ». Certes. Mais dans les commentaires, s’ils se réjouissent de l’opération et admettent que le bâtiment a de l’allure, des internautes suggèrent que les architectes auraient pu anticiper (dans le choix des matériaux, par exemple) cette relative rapidité à perdre son éclat.  « Rassure-toi. Moi, je n’ai pas besoin d’un lifting tous les cinq ans » s’esclaffe mon insolente protégée. Sur ce, cette information permet d’enchaîner sur le dilemme auquel font face les dirigeants du Grand Palais comme tous leurs collègues. En été, quelle météo leur est-elle favorable ? Un ciel pluvieux pour que les vacanciers, obligés de se protéger, passent un bon moment en étant à l’abri des averses ? Une chaleur caniculaire, pour que ces mêmes vacanciers viennent se mettre au frais pendant deux heures devant un bon thriller ou une comédie ?

Jeudi._ Le Tour de France passe par le Lot. Quand nous allumons la télé avec Sibelle, le peloton est déjà à Gourdon. On entend Franck Ferrand évoquer la légende selon laquelle, en l’an de grâce 1199, le seigneur Bertrand de Gourdon aurait été l’auteur de la blessure qui coûta la vie à Richard Cœur de Lion. Un peu plus tard, le même historien note que le château de Bonaguil accueillit plusieurs scènes de tournage du Vieux Fusil, le célèbre film de Robert Enrico avec Philippe Noiret et Romy Schneider. Les paysages défilent, le peloton n’a pas le temps de profiter des forêts de la Bouriane ni des coteaux qui bordent le cours du Lot. Et bientôt, voilà que l’on passe dans le Lot-et-Garonne. On regarde quand même jusqu’au bout. L’étape finalement se joue au sprint. Il y a bien quinze ans de cela, alors que je n’étais encore qu’un touriste passant ses vacances chaque été dans le Lot, je me souviens avoir vu le Tour à Catus. Il faisait chaud. On devait surveiller les enfants qui trouvaient le temps long entre la caravane et les coureurs. Je dois encore avoir quelques photos souvenirs. On n’avait pas encore de smartphones. Sur l’un des clichés, on me voit esquisser un pas de danse avec un chapeau de paille sur la tête. Ce couvre-chef m’avait été tendu aimablement par une hôtesse de je ne sais quelle enseigne, au passage de la caravane… Tiens, voilà une sorte de nostalgie qui me gagne. Le enfants avaient quel âge ? Est-ce qu’on est allé se baigner après, au lac Vert ? Je ne sais plus. Cela paraît loin. « Allez, c’est ainsi. Le Tour, c’est comme la vie. Il faut prendre les étapes les unes après les autres » me rassure Sibelle.

Vendredi._ On apprend que le Danemark a décidé d’instaurer une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre causés par les pets et rots de vaches. La mesure entrera en vigueur dès 2030, et vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone de méthane. Le royaume auquel nous sommes si attachés, puisque la famille régnante aime séjourner dans le Lot, fait ainsi figure de pionnier. Sibelle que j’avais accompagnée il y a quelques temps en promenade du côté du château et des vignes de Cayx ne peut s’empêcher de plaisanter. Sans finesse. « La prochaine fois, interdiction de déguster du cassoulet avant la balade… » Cette diablesse ne respecte décidément rien.