Sibelle, l’adieu au panachage dans les petites communes et les vertus de la transhumance

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Lundi._ Après leurs collègues du Sénat, les députés adoptent une proposition de loi imposant la parité dans toutes les communes pour les élections municipales, dès le scrutin de 2026. Cela signifie concrètement que sont désormais concernées les communes de moins de 1000 habitants. Il y en a un peu de plus de 270 dans le Lot sur… 313 ! Soit, la parité est une bonne chose, évidemment, et tout le monde sait que si elle n’avait pas été peu à peu imposée par la loi, dans les diverses élections, on aurait encore bien du chemin à parcourir pour avoir autour de 50 % d’élues. Cela étant, cela induit une autre petite révolution : dans les communes de moins de 1000 habitants, c’en est donc fini des candidatures isolées et du panachage. Sibelle, qui caressait l’espoir de se présenter dans notre village pour défendre la cause animaliste, tombe de haut. Et il est évidemment impossible à ma tigresse de ne pas admettre que la parité est une cause noble. « Dommage. J’avais quelques idées intéressantes » plaide ma protégée, qui n’ose croire cependant que ses propositions et sa candidature en elle-même pourraient intéresser d’autres bonnes volontés réunies pour composer une liste. Elle en cite deux : la plantation d’un arbre à chats géant sur la place du marché et l’aménagement de « cacadromes » réservés aux félins en divers lieux du village. Pour ma part, je note aussi que les dépouillements dans les dites communes vont évidemment perdre de leur charme. Qui dit scrutin de liste, dit comptabilité plus aisée. Mais aussi, par ricochet, on ne peut nier ce paradoxe : la parité imposée va se traduire par une progression (pour ne pas dire une généralisation) du nombre de localités où une seule liste sera en lice.

Mardi._ Une excellente initiative : on apprend que le Département va expérimenter à Cajarc un dispositif permettant le pesage des poids lourds s’apprêtant à emprunter l’ouvrage. Des capteurs seront installés sur la chaussée, et un panneau donnera l’alerte si la limite sur ce pont (20 tonnes) est atteinte. Puis des caméras seront activées pour constater l’infraction si le camion fait fi de la mise en garde. Une étude en 2020 avait conclu à Cajarc qu’une trentaine de poids lourds… trop lourds empruntaient le pont chaque mois. Quand on sait les dommages déjà causés sur différents ponts lotois, on ne peut qu’applaudir.Je rassure Sibelle. Ce dispositif n’est pas étendu aux simples automobiles et on ne demandera pas à chaque passager ou passagère d’aller se peser avant de passer d’une rive à l’autre. « C’est malin » ricane ma protégée, qui n’aime pas que l’on fasse allusion à sa ligne au sortir de l’hiver…

Mercredi._ Les brebis et leurs agneaux qui vont participer à la transhumance Rocamadour-Luzech 2025 (départ mardi, arrivée samedi, via Séniergues, Frayssinet, Gigouzac et Crayssac), eux, auront sans doute perdu du poids une fois arrivés à destination. Et leurs accompagnateurs aussi. Bien que la météo ne s’annonce pas folichonne, nous irons comme d’habitude saluer les uns et les autres du côté de Nuzéjouls. A l’heure du déjeuner, nos belles avec leurs lunettes noires s’y reposent à la sortie du village. Il y a dans cette tradition retrouvée (qui permet in fine d’assurer « la reconquête des espaces embroussaillés de la vallée du Lot ») une forme de poésie conviviale qui rassure et réconforte alors que le monde est par ailleurs toujours plus violent. Ce n’est pas que ce symbole du pastoralisme a vocation à nous présenter une réalité aseptisée (voire pasteurisée). Elle a tout cependant d’une parenthèse qui devrait nous conduire à observer nous mêmes une forme de discipline intellectuelle et physique. « La transhumance est un appel à une prise de conscience » conclut doctement ma tigresse domestique. Et j’aurais bien ajouté une formule de Maurice Faure qui n’en finit pas de me fasciner tant elle est belle et profonde. Allez, je vous la ressers une énième fois : « Nous sommes pauvres mais nous sommes beaux… »

Jeudi._ L’appel aux dons lancé lancé aux particuliers, mécènes ou institutions pour financer une partie de la restauration de la Tour médiévale de Luzech a porté ses fruits. La cagnotte atteint les 100 000 euros (sur un budget total de travaux de 400 000). Parmi les particuliers qui n’en sont pas tout à fait, la Reine du Danemark, qui a contribué à hauteur de 10 000 euros. Il faut dire que le repaire estival de la famille régnante n’est pas très loin : le château de Cayx et ses vignes ne sont qu’à un ou deux méandres de la Tour en question. « Reste à savoir si le moment venu, le cas échéant, en guise de remerciements, il se trouvera beaucoup de Lotois pour aller ériger des tours de défense ou de guet au Groenland, possession du Danemark, que menace d’annexer le nouveau président des Etats-Unis… » conclut Sibelle, pour qui la géopolitique n’a pas de secrets…

Vendredi._ A l’occasion de la récente cérémonie organisée pour la parution du guide Michelin 2025, l’IPSOS a publié un sondage sur « Les Français et la gastronomie ». D’où il ressort certes que « le bœuf bourguignon, le cassoulet et la blanquette de veau sont perçus comme les meilleurs ambassadeurs culinaires de la France à travers le monde », mais que le confit de canard (lotois ou pas lotois) arrive en quatrième place. Le Sud-Ouest est par ailleurs cité comme la région la plus gastronomique de France. Enfin, on apprend que « 71 % des Français consomment des plats traditionnels français au moins une fois par semaine, avec une préférence pour la cuisine maison ». Pas besoin de vous faire un dessin. Sibelle a hurlé du fond de la cuisine : « Et dire que tu continues à me faire manger des croquettes… »