Sibelle, la voie verte et les voix vertes
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
C’était jeudi après-midi. Avec Sibelle, on se promène du côté de la piscine de l’Archipel. Des agents s’affairent pour finaliser les installations ludiques de l’opération « A l’assaut de l’Île » qui débute aujourd’hui. On distingue déjà des jeux gonflables. J’ai plus de 50 ans, mais ça me donne envie. Ma protégée féline est indifférente. Evidemment, elle a des pattes arrière en forme de ressorts ! On poursuit et une fois sur la berge, on regarde du côté des bassins, toboggans et pelouses du centre aquatique. S’il y a une dizaine de personnes, c’est le bout du monde. Il est vrai que le temps est mi-figue mi-raisin. J’explique à Sibelle qu’il y a une dizaine d’années, alors que nous ne venions encore dans le Lot que pour les vacances, je me souviens que certains jours, on arrivait à peine à trouver de quoi étaler une moitié de serviette de bain et qu’il fallait faire la queue pendant 10 minutes avant d’accéder aux frissons du grand toboggan… La météo, en été, c’est une donnée clé ! A ce sujet, si j’en crois les prévisions, je ne saurais trop vous conseiller de profiter pleinement du week- end. Dès lundi, il paraît que ça va de nouveau se rafraîchir…
Mais il n’y a pas que la météo. Depuis la berge, là où l’environnement demeure quelconque, on comprend tout l’intérêt qu’il y a à mener à bien le projet de voie verte. Même si le choix du tracé et les travaux d’aménagement en zone urbaine dans cette ville enserrée dans la boucle de la rivière ne s’annoncent pas simples. Les élus de la communauté du Grand Cahors viennent cependant d’acter le lancement d’une étude. C’est une bonne chose. Quand j’habitais dans les Ardennes, j’ai pu observer la réalisation de la voie bordant la Meuse, qui déboule de la plaine avant de s’enfoncer dans le massif schisteux et forestier puis de traverser la Belgique et de rejoindre la mer du Nord via Maastricht. Au fil des ans, le long ruban, les petites sections de 10 à 15 km ont été reliées les unes aux autres, devenant l’un des maillons d’une véloroute européenne. Familles en goguette, sportifs accomplis ou promeneurs du dimanche, touristes ou habitants du coin découvrant désormais leur région sous un nouvel angle, la voie verte séduit tout un chacun. Il n’y a aucune raison de penser que ce ne sera pas le cas dans et au bord du Lot. Le long du Rhône, de la Loire et de tant d’autres cours, le même succès est au rendez-vous. Les mêmes craintes ont été levées, les mêmes obstacles franchis.
« Oui mais quid de l’ancienne voie ferrée ? » questionne Sibelle. Lorsque l’on se rend à Saint-Cirq-Lapopie, on voit bien les rails… On pense au poème de Larbaud sur la gare de Cahors récemment remis en lumière lors des épreuves du bac de français, avec ce vers qui évoque « le chatouillement léger des doigts du vent dans l’herbe où sont les rails rouges et rugueux de rouille ». Faudra-t-il abandonner l’espoir de reprendre un jour le train qui menait à Figeac ? Y a-t-il moyen de concilier les deux ? Ou in fine, quitte à fâcher les voix vertes, n’y aura-t-il de place, au sens propre du terme, que pour la voie verte ? Parfois, pour ne pas dire souvent, c’est à leur faculté à effectuer des choix difficiles, à préférer le long terme, que l’on jauge et juge les élus. Ce n’est pas si évident quand les échéances électorales se succèdent. Or, dans ce dossier, la Région aura son mot à dire, puisqu’elle a en charge les transports. Réélue dans un fauteuil, Carole Delga sera sollicitée.
En attendant, la présidente d’Occitanie savoure son large succès et enchaîne les interviews dans la presse nationale. D’aucuns l’imaginaient (ou lui imaginaient) un destin national. C’est non. Dans Paris-Match, elle a coupé court aux spéculations et apporté son soutien à Anne Hidalgo. « Elle incarne la social-écologie » a noté la présidente Delga, qui par ailleurs souhaite à tout prix éviter des primaires à gauche. Et pas seulement pour des questions de stratégie nationale… En 2016-2017, on se souvient que dans le Lot comme ailleurs, ce tour de chauffe avait déchiré (et parfois pour un bon bout de temps) élus, militants ou simples sympathisants. Or, en 2022, il faudra convaincre et ratisser large, au-delà des seules voix vertes…
Cela étant, présider la région ou le pays est une chose, diriger la fédération française de football en est une autre. Malgré le fiasco de l’Euro 2020 disputé en 2021, on a appris que Noël Le Graët maintenait sa confiance au coach des Bleus, Didier Deschamps. Au moins jusqu’au mondial disputé au Qatar. D’ici là, le nouveau trio d’attaque Mbappé-Benzema-Griezmann aura – peut-être – trouvé ses marques, le brillant mais parfois imprudent Pogba évitera – peut-être – de célébrer ses buts de manière trop démonstrative avant de perdre le ballon dans une zone clé et d’offrir l’égalisation aux attaquants adverses et d’une manière générale, les Tricolores auront – ou pas – recouvré ce sérieux, ce brio et ce brin de réussite qui les avaient conduits sur le toit du monde. On peut toujours rêver. D’ici là, Sibelle et moi allons nous remettre de nos émotions et prendre un peu de recul. On vous souhaite un bel été, de bonnes vacances à ceux qui en prennent et on vous donne rendez-vous fin août !
Visuel @DR