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Sibelle, la ruée vers CaOr et le pronom « iel » 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Des ciseaux et des bâtons de colle pour classer les articles en version papier, des copié-collé et des clés USB pour archiver les versions numériques et les vidéos… On n’a pas chômé cette semaine, dans les bureaux de la mairie, pour faire face à l’avalanche de reportages et autres dossiers et classements publiés par nos confrères nationaux, de L’Express à Géo en passant par Notre Temps, mettant en avant Cahors. Oui, Cahors, une ville moyenne et d’équilibre qui a tous les atouts pour attirer les habitants des métropoles avides de quitter leurs petits appartements et un air pollué pour profiter d’un cadre et d’un rythme de vie plus harmonieux, humains, sereins. J’ai bien résumé ? 

Je serais bien mal placé pour ironiser, voire émettre des réserves. Il y a plus de six ans maintenant que j’ai avec les miens fait ce choix, décidant de tourner une page pour en écrire une nouvelle dans la vallée du Lot, à une dizaine de kilomètres de Cahors. Sur un plan purement mercantile, c’était du reste le bon moment. Les prix de l’immobilier étaient alors au plus bas ou presque. Beaucoup de vendeurs (notamment, à l’époque, des Britanniques) et peu d’acheteurs. La loi du marché dans toute sa splendeur, et on en a profité. 

On ne dira jamais assez à quel point cet aspect des choses est crucial. Et par ailleurs un facteur d’inégalité(s) sans équivalent dans notre pays. Car enfin, une baguette, un steak, un écran plat ou une paire de baskets, on en trouve partout en France au même prix. Mais une maison avec jardin, alors ça, c’est autre chose. Quand bien même les prix de l’immobilier viendraient à grimper de quelques points dans le Lot, le département aurait de bonnes chances de rester attractif encore quelques longues années ! Enfin, peut-être pas sur tous les segments. Car les F5 de standing en ville, c’est devenu rare. Et même si une politique active de réhabilitation du centre ancien de Cahors peut étoffer l’offre, c’est surtout la périphérie (dans un rayon de 10 à 20 km) qui peut espérer bénéficier d’un éventuel afflux de nouveaux Lotois (on parle des « actifs », évidemment). 

A part ça ? Eh bien comme prévu le Conseil départemental a donné son accord pour participer au financement de la LGV Bordeaux-Toulouse, et le Grand Cahors lui a emboîté le pas. Les deux collectivités espérant des liaisons dédiées pour se connecter aux TGV au niveau de la nouvelle gare au sud de Montauban et sans pour autant que les bons vieux trains de la ligne POLT n’en fassent les frais. Sibelle sursaute : « Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure (d’ailleurs, je ne supporte pas les oiseaux). Mais peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre ? N’est-ce pas ta grand-mère ardennaise qui utilisait une drôle d’expression pour résumer cela? » Je cherche et enfin, effectivement, ça me revient. De temps à autre, ma chère Mamie Anne se gaussait de certains de ses contemporains : « Encore un qui croit au Petit Jésus soviétique… » Gamin, ces mots me laissaient pantois. Aujourd’hui, je saisis mieux… 

Aménagement du territoire, immobilier, attractivité… Ce sont là de bien petites affaires, des sujets bien trop sérieux pour faire les choux gras des éditorialistes parisiens. Non, cette semaine, l’info « clivante » qu’il fallait commenter, disséquer, la question qu’il fallait poser à toutes sortes d’experts (et surtout ceux qui n’en sont pas) c’était cela : « Le Petit Robert a-t-il franchi la ligne jaune en incluant le pronom « iel » dans sa version en ligne ? » Ma protégée féline qui ne goûte guère l’écriture inclusive qu’à l’heure du déjeuner me dit tout net qu’elle n’a point d’avis. Du moment que je l’autorise une fois par semaine à s’exprimer dans cette chronique, que certains ou certaines ne comprennent pas qu’une langue vivante est par essence appelée à évoluer et à intégrer des mots, voire des usages grammaticaux nouveaux, cela lui semble abracadabrantesque. Alors, qu’un dico reflète cette évolution est tout aussi logique. C’est comme les sondages : une photo de l’opinion à un instant « T ».

Personnellement, je ne suis pas certain que « iel » s’inscrive durablement dans le paysage. En attendant, si l’usage de ce pronom atténue le malaise d’ados ou d’adultes qui souhaitent s’émanciper de certaines assignations, tant mieux. Je suis bien plus affligé quand je lis des tweets écrits phonétiquement ou presque (y compris signés de certaines sommités ou supposées telles) ou quand un interlocuteur me confie : « Le CEO m’a proposé un One to One après la Conf Call. Il voulait un Feedback sur le nouveau Process. » 

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