Sibelle, la Rave Party, la gauche de retour mais divisée et les vertus du savon noir
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Pour une fois que je m’absente (à l’occasion du « viaduc » du 8 mai), voilà qu’arrivé en Bretagne, je constate que le Lot fait la une de l’actualité (ou presque, il y a eu aussi l’élection du pape, ce qui n’est pas rien je vous l’accorde). En quelques heures, une Rave Party a réuni quelque 10 000 participants à Montvalent. Sibelle, restée sur place (elle supporte mal les longs voyages en voiture), dans notre maison qui domine le village et la vallée du Lot, a redoublé de vigilance. « Ne te fais pas de bile, c’est quand même à plus de 40 km à vol d’oiseau », ai-je voulu la rassurer par SMS. « Certes, mais on ne sait jamais. Tu te rends compte ? Voilà Montvalent tout d’un coup propulsée deuxième commune du département ! », m’a-t-elle répondu, tout en tendant l’oreille. Car je dois convenir qu’elle a l’ouïe fine. Mais elle, les décibels et les vibrations l’ont épargnée. Pour le reste, j’avoue avoir du mal à me faire une opinion définitive. Certes, cette manifestation était illégale, et nul n’est censé ignorer la loi. Par ailleurs, si j’ai déjà assisté à des festivals en plein air, je n’ai jamais mis les pieds dans une Rave Party. Le style musical qui y est diffusé n’est pas ma tasse de thé, et je ne suis pas un amateur de danse. Vu le nombre de participants, je ne suis pas surpris outre-mesure que certains d’entre-eux ne fument pas que du tabac et n’avalent pas que des bonbons de la Pie qui Chante. J’ai évidemment une pensée pour le propriétaire des lieux, pour les riverains, pour les secouristes, notamment bénévoles, et les forces de l’ordre. Là-dessus, je ne veux pas verser dans une démagogie facile mais admettons que par les temps qui courent, que des milliers de jeunes ou moins jeunes aient envie de s’échapper de la dure réalité du quotidien n’est pas non plus complètement surprenant. « Z’ont qu’à regarder Hanouna à la télé » grommelle Sibelle. « Y’a peut-être un juste milieu » dois-je lui répondre.
Mardi._ La campagne pour les élections municipales 2026 est cette fois bien lancée à Cahors. On savait déjà que la majorité sortante avait désigné Vivien Coste, actuel directeur de cabinet, alors que Jean-Marc Vayssouze-Faure élu en 2020 est devenu sénateur et que Jean-Luc Marx qui l’avait suppléé n’a pas souhaité rester numéro un. Voilà qu’on apprend qu’outre cette liste que l’on qualifiera de gauche modérée, il y aura une liste se revendiquant de l’étiquette Nouveau Front Populaire soutenue notamment (et pour l’heure essentiellement) par LFI. C’est d’ailleurs l’ancienne conseillère (et candidate aux législatives sous cette même étiquette) Elsa Bougeard qui l’a annoncé. Résumons donc : il y aura ainsi deux listes à gauche. La question est désormais de savoir s’il y aura du monde en face. S’il y aura une liste centriste ? Une de droite ? Une de la droite de la droite ? Puisque j’ai désormais un peu d’expérience, je reste prudent. Les résultats des élections nationales sont une chose. Un scrutin de liste, localement, c’en est une autre. Déjà parce qu’il faut trouver (à Cahors) plus de 30 candidats en respectant la parité. Et ce n’est pas une petite affaire… Ma protégée féline, qui ne cache pas une certaine sympathie pour le Parti animaliste, résume à sa façon : « Tous les citoyens qui ont l’habitude de promener leur chien et de saluer leurs semblables dans la rue à cette occasion ne sont pas prêts pour autant à se présenter sous l’étiquette du PA… » Certes.
Mercredi._ Je regarde pendant une petite demi-heure l’audition de François Bayrou devant la Commission d’enquête parlementaire « sur les violences dans les établissements scolaires ». Il est précisément amené à s’expliquer sur ce qu’il savait de l’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram, et sur son action, alors, comme élu local mais aussi ministre de l’Education. La tension est palpable. Difficile de ne pas voir dans cette « audition » ce qui ressemble fort à un procès. Reste l’essentiel. Hors le cas de l’actuel Premier ministre, hors le cas de Bétharram, comment s’assurer que dans les écoles, collèges et lycées, des enfants et adolescents ne soient pas victimes de violences, physiques, psychologiques, sexuelles ? C’est l’objet même de cette Commission. Ce devrait être la préoccupation première de tout élu ayant dans son périmètre de compétences l’éducation et la jeunesse. Sibelle ne dit mot. Ce qu’elle lit ici ou là sur les traitements infligés dans tel lycée il y a 30 ans ou dans telle institution il y a quelques semaines la désole. « On est de son enfance comme on est d’un pays », a bien résumé Antoine de Saint-Exupéry, qui n’ignorait pas que tous les enfants ne sont pas chéris comme son Petit Prince. Filons la métaphore : quel pays voulons-nous pour nos enfants ?
Jeudi._ Il paraît que le champion Antoine Dupont a eu l’insigne honneur de fouler le tapis rouge du festival de Cannes. Pourquoi pas. Sibelle me demande alors : « Tu crois que du coup, on a des chances de voir son coach chez les Bleus Fabien Galthié aux Rencontres cinéma de Gindou en août ? Après tout, c’est près de chez lui ? » Je lui réponds que je n’en sais rien mais qu’une rencontre impromptue entre le sélectionneur aux lunettes noires et Yolande Moreau, l’invitée d’honneur de l’édition 2025 (du 16 au 23 août), ça nous paraitrait assez chouette. Non ?
Vendredi._ Vous vous souvenez que la semaine dernière, je vous avais vanté la splendeur de nos rosiers ? J’y reviens. Comme les lauriers voisins, ils étaient envahis par des colonies de pucerons. J’ai suivi un remède dit de grand-mère, et vaporisé du savon noir fortement dilué avec de l’eau. Croyez moi sur parole, c’est d’une rare efficacité. Sibelle s’était montrée pourtant dubitative. Je l’avais rassurée en prévenant tout dérapage : « Je n’essaierai pas sur toi. Ca ne marche pas avec les pucerons de plusieurs kilos… »