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Sibelle, la petite reine et nos amis belges 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Cette fois, c’est décidé. Les élus de notre ville-préfecture ont adopté cette semaine les premières mesures du Plan Vélo 2021-2026. Ainsi, d’ici quelque temps, la vitesse sera limitée à 30 km/h dans la « boucle », c’est-à-dire du centre culturel Leclerc à l’ouest au pont de Cabessut à l’est, et du pont Louis- Philippe au sud au rempart près de l’école de musique au nord. Quelques mauvaise langues (si, si, il y en a toujours) remarquent que déjà, à certaines heures de la journée, rouler à 30 dans ces artères est un petit exploit. D’autres, comme Sibelle, pourtant aussi à l’aise sur un vélo qu’un crapaud sur une boîte d’allumettes, comme on disait jadis dans les cours de récré, notent en revanche que la difficulté, sur certaines sections concernées, est déjà de pouvoir se croiser puisque la largeur de la chaussée est réduite et qu’il faut compter avec les autos en stationnement (quai Cavaignac par exemple). Sur ce, si évidemment la vitesse modérée des voitures doit contribuer à une bonne « cohabitation » entre les différents modes de déplacement (il ne faut pas oublier les piétons…), c’est surtout l’aménagement de voies dédiées qui sécurise les uns et les autres. Et là encore, à moins d’interdire carrément certaines rues à certains véhicules, motorisés ou non, l’équation s’annonce ardue.

« Dans une ville dessinée pour partie au Moyen Age, à moins de repousser les murs des façades, il faut donc apprendre à vivre ensemble » relève ma protégée. Et dans un immeuble comme dans la vie en général, rien n’est moins complexe. Rien ne demande davantage de patience, de tolérance. « Toi le premier, il t’arrive de jurer quand un feu passe au rouge » me tance la tigresse. « C’est vrai. Et je râle aussi quand des piétons traversent imprudemment sur le boulevard ou que des vélos me doublent par la droite, des comportements que je peux du reste répéter quand le lendemain même, j’ai laissé la voiture au garage pour aller me balader en ville… » 

Il n’y a donc pas que les automobilistes à convertir. Je raconte ainsi à Sibelle la frayeur qui avait été mienne, il y a quelques années, en visitant Amsterdam, ville (splendide, d’ailleurs) où les biclous sont rois. Marchant tranquillement sur un trottoir, parvenant sans trop faire attention à un croisement, j’ai failli être renversé par une horde d’étudiants et de salariés quittant leurs facs, bureaux, ateliers pressés de rentrer chez eux. J’ai eu une frousse carabinée, j’avais été inconscient : comme si j’avais commencé à traverser la ligne d’arrivée d’une étape du tour de France alors que les sprinters déboulent… Croyez moi, quand on est automobiliste ou simple piéton, à Amsterdam, la limitation de la vitesse, on ne juge pas prioritaire qu’elle s’applique d’abord aux seuls véhicules à moteur ! 

On apprend par ailleurs, hasard ou pas, que se confirme le probable passage en 2022 de la Grande Boucle. On l’a déjà écrit, dans la caravane du Tour, on compte à l’évidence plus de voitures, motos et camions que de vélos, c’est paradoxal, mais c’est ainsi. Pourtant, les décideurs imaginent que l’événement dopera la mutation vers les mobilités douces. Après tout peut-être ont-ils raison. Mais Sibelle, encore elle, formule un autre vœu. Que le Tour 2022 soit aussi l’occasion de revenir à de meilleurs sentiments et moins d’ironie envers nos amis belges (grands cyclistes s’il en est). Car on a vu passer sur les réseaux sociaux des blagues pas toujours très respectueuses jeudi soir après que les Bleus eurent renversé la vapeur face aux Diables Rouges, gagnant 3-2 alors qu’ils étaient menés 2-0 à la pause. Certes, ce n’est que du foot. Certes, les Belges aussi savent nous tacler sévèrement. A nos moqueries, ils opposent volontiers des réflexions pas toujours flatteuses. Ils nous reprochent de les prendre de haut. Mais voilà. Les Belges nous aiment et il faut que nous les aimions.

Je raconte à Sibelle comme il est émouvant, chaque 14 juillet, quand on se balade dans les villes et villages wallons, de voir ces drapeaux bleu-blanc-rouge pavoiser un peu partout. Hors les bâtiments officiels, je suis sûr qu’il y a plus de sujets belges que de citoyens français à hisser nos couleurs le jour de la fête nationale française. Oui, ils sont vaches, parfois, les Belges, mais ils nous aiment. Et ils aussi notre département. Une preuve : dans sa note de conjoncture sur le le mois de septembre, l’agence de développement touristique du Lot précise : « Du côté des marchés émetteurs, il est à noter le retour des clientèles néerlandaises (23%) qui dominent le classement devant la Belgique (16%), et le Royaume Uni (16%) dont les niveaux de nuitées semblent reprendre timidement des couleurs. » 

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