Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Sacrés dimanche champions de France de Fédérale 2, accueillis en héros dans la soirée à leur retour, les rugbymen de Cahors continuent de faire la fête ce lundi. Et toute une ville partage leur bonheur. Y compris les rares Lotois (comme une certaine Sibelle) qui ne sont pas spécialement férus de ballon ovale : la confirmation à l’échelon local que le sport est fédérateur et qu’il initie des communions et des manifestations de joie collective qui démontrent que nous avons tous besoin de baume au cœur et de parenthèses enchantées. Ce titre et cette montée en Fédérale 1 ne vont pas aider à remplir les chariots dans les supermarchés, à faire le plein de gasoil, à s’offrir une semaine de vacances au Club Med. Pas plus que ne le furent l’an passé les exploits de Léon Marchand ou en leur temps les trophées de la bande à Deschamps, les performances des joueurs cadurciens ne vont pas changer le monde ni notre vie au quotidien. Soit. Mais dans une société inquiète et fracturée, ils prouvent simplement que certains rêves sont accessibles, que des aventures collectives peuvent récompenser les talents individuels quand ils se déclinent avec harmonie. Au fond, une semaine après, ils ont été ce que la fête de la musique n’est peut-être plus vraiment : un chant d’espérance, une pas de danse, un moment de vraie fraternité. « Et maintenant ? » demande ma protégée. Je ne peux que lui répondre : « Eh bien transformons l’essai. Tentons modestement, quelques instants par jour, de faire perdurer cet état d’esprit ». Alors que débutent les grandes vacances, on peut toujours rêver.
Mardi._ A l’occasion de l’assemblée de la Chambre de commerce et d’industrie, un manifeste est rendu public et proposé à la signature des autres organismes consulaires et de fédérations patronales ou professionnelles. Avant sans doute d’être élargi encore. Le texte reprend une petite musique qui gagne nombre de territoires dans le pays : « Notre volonté est de… Soutenir activement les projets structurants de notre territoire, garants de son attractivité, de son dynamisme économique et de sa cohésion sociale. Peser dans le débat public, face aux oppositions systématiques et souvent minoritaires qui freinent le développement. Créer une force collective de proposition et d’influence, rassemblant les acteurs économiques autour d’objectifs partagés. Valoriser la richesse créée par ces projets : en emploi, en investissement, en innovation, en qualité de vie. Travailler main dans la main avec les institutions, pour accélérer les décisions, clarifier les enjeux, renforcer la légitimité des projets d’intérêt général… » Medialot rapporte qu’ont été mises en exergue les difficultés rencontrées par exemple par différents porteurs de projets à Martel (cabaret), à Cayx (base nautique), à Albas (golf et hôtel) ou au lac de Tolerme (aménagements). Voilà qui ramène à certains débats déjà entendus ailleurs. Au-delà des procédures (comme ces enquêtes publiques qui ne mobilisent finalement que peu le grand public), au-delà des enjeux environnementaux qui ne peuvent plus être écartés d’un revers de main (les canicules et les orages dévastateurs le rappellent), au fond, ce qui manque parfois, c’est le sens de la communication. Sibelle habite un village à l’orée de la vallée du Lot, en aval de Cahors, et à ce jour, aucune institution, aucun acteur ne lui a expliqué quels étaient les projets mis en œuvre (ou qui vont l’être) à Luzech ou à Albas. Du coup, ceux qui s’agitent sont forcément plus entendus que ceux qui agissent en silence. Et puis il y a quelque chose de très français, et même de très humain : tout le monde veut que l’on construise de nouvelles prisons, des nouvelles usines, tout le monde veut des routes et des trains. « Mais surtout, quand j’ouvre mes volets, je ne veux pas contempler d’autre paysage que ces parcelles de vignes et ces bosquets où au printemps, des orchidées sauvages me disent la beauté du monde… » confirme ma protégée.
Mercredi._ Il n’y a pas qu’en rugby où le Lot se distingue. A Strasbourg, quatre apprentis du CMA Formation Cahors ont décroché le titre de « meilleur apprenti de France » dans des spécialités variées : coiffure, coiffure mixte, employé de vente et peinture en carrosserie. Lalie, Manon, Lorenzo et Lise (ce sont les prénoms des lauréats) prouvent que la formation en alternance demeure une voie d’excellence dès lors qu’elle est choisie (avouons que ce ne fut pas toujours vrai dans le passé) et que les maîtres d’apprentissage cultivent le souci de la transmission (de leur savoir-faire) bien davantage que l’effet d’aubaine (pour profiter d’une main d’œuvre supposée bon marché). Bravo !
Jeudi._ C’est sur la commune de Sauliac-sur-Célé, dans cette merveilleuse vallée certes moins connue que celle du Lot (mais tant mieux, finalement, cela la préserve encore du « surtourisme ») que l’on déplore le premier feu important de l’été. Plus de 150 pompiers ont été mobilisés, ainsi que des moyens aériens conséquents (avions, drones), car le relief était particulièrement ardu à appréhender. Voilà qui rappelle à quel point notre nature est fragile, certes, mais à quel point aussi tout un chacun doit demeurer vigilant. Je dois confesser mon respect et mon admiration envers les valeureux soldats du feu, selon l’expression consacrée. D’autant que l’un d’eux a été blessé. Et je dois dire aussi que je me félicite, du coup, que dans notre maison, sur les hauteurs du vieux village, nous possédions une vigie qui sous couvert de parties de chasse, surveille avec constance la propriété et ses alentours…
Vendredi._ A la télé, à la radio, on entend que la grève des contrôleurs aériens perturbe considérablement les départs en vacances de milliers de voyageurs. Dommage que certains (passagers bloqués ou éditorialistes ou politiques) évoquent « une prise d’otages ». Que les voyageurs victimes de ce mouvement social soient désappointé, voire en colère, est une chose, surtout si les compagnies ne peuvent proposer une alternative. Mais s’il y a des otages français, pensons d’abord à Cécile Kohler et Jacques Paris embastillés en Iran, au journaliste Christophe Gleizes et à l’écrivain Boualem Sansal injustement condamnés en Algérie. Non ?
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