Sibelle, la mort du pape, l’eau du robinet à Cahors et les viaducs du mois de mai
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Comme tout le monde, et cette formule est exceptionnellement à considérer au sens littéral, en ce lundi pascal, la mort du pape François me surprend, pour ne pas dire « me bouleverse ». Quelques heures seulement après une ultime bénédiction « urbi et orbi » (j’ai hésité et me référant au Larousse, je ne mets pas de majuscules), après avoir salué la foule des fidèles depuis sa papamobile, au lendemain de Pâques, le successeur de Pierre a donc « rejoint la maison du Père », selon les termes du communiqué officiel. Et selon les termes, également, du cardinal camerlingue, Mgr Farrell. « Camer… quoi ? » me coupe Sibelle. Je l’excuse. Ces jours-ci, on révise son latin et son droit canonique. Ce n’est pas le lieu ni le jour, évidemment, d’en dire plus, de commenter ce que fut l’action du pape défunt, de critiquer tel ou tel propos, de de se projeter déjà sur l’après, sur le profil de son successeur. Avec ma protégée, nous faisons part de notre compassion à celles et ceux que cette disparition attriste. Rien n’empêche cependant d’évoquer le souvenir de quelques jours passés, il y a plusieurs années à Rome, dans cette ville hors norme. Disons le d’emblée : je garde du Vatican un souvenir assez mitigé. Il pleuvait, et surtout, au moment de passer le portique de sécurité, un peu comme dans un aéroport, il m’a fallu retirer ma ceinture et fouiller au fond de mes poches pour déposer portable, clés et pièces de monnaie sur le tapis roulant… Las, quand j’ai de fait effectué un premier puis un second pas, j’ai senti que mon pantalon glissait et il m’a fallu une réelle dextérité pour éviter le drame. J’ai empoigné puis accroché et maintenu le haut de mon bas avec ma main gauche puis, le regard faussement dégagé, le portique passé, j’ai vite replacé ma ceinture. Il pleuvait, mais c’est en sueur que j’ai poursuivi la visite… Le Vatican, la basilique Saint-Jean de Latran, la Villa Borghese, son parc et sa galerie, le Colisée, le Forum, la fontaine de Trevi… Il y a des trésors d’architecture, d’archéologie, il y a des merveilles artistiques partout. J’ai adoré Rome, redevenu un enfant parcourant _ pour de vrai _ mes livres scolaires d’histoire, de latin… Le dernier jour, j’ai préféré m’éloigner des grands sites, des grands monuments. Dans un quartier un peu en retrait de l’agitation, je suis tombé sur un marché. C’était à la fois coloré, pittoresque et éminemment gourmand. A mon grand désarroi, j’ai du renoncer à ramener en France un panier garni… Du coup, j’ai une pensée pour les touristes qui, depuis des semaines ou des mois avaient planifié quelques jours de vacances pour découvrir Rome en cette fin avril 2025. Je crains que leur programme soit un tantinet bouleversé.
Mardi._ Sans surprise, on apprend que l’eau du robinet, sur Cahors, présente quelques troubles en raison des fortes pluies des jours passés. Sans surprise, une nouvelle fois, on se dit que la nouvelle unité en construction pour mettre fin à ce mauvais running gag sera la bienvenue. Sans surprise non plus, enfin, on reste un peu gêné par la communication des collectivités. Que les services soient mutualisés est une chose, qu’il n’y ait pas une réelle différenciation entre Ville de Cahors et Grand Cahors sur les réseaux sociaux et dans les communiqués en est une autre. Une différenciation qui est pourtant effective dans la plupart des autres villes et agglos de France… Et je ne parle pas des habitants de Cahors « ville » auxquels on suggère de se renseigner eux-mêmes s’ils habitent un quartier excentré dépendant d’un autre syndicat des eaux. Ma protégée persifle : « Z’ont qu’à boire du Malbec. »
Mercredi._ Pas moins de 25 voitures ont été vandalisées sur le parking-relais des Chartreux. Des vitres ont été brisées et des objets ou équipements volés. C’est évidemment inadmissible, c’est évidemment condamnable, mais on sait aussi que dans ces cas-là, ce sont les plus modestes des victimes qui sont confrontées aux pires difficultés. Comment aller travailler en attendant une indemnisation dont ignore si elle couvrira effectivement tous les dommages ? Au fond, on devrait aussi déterminer le quantum des peines, quand les auteurs sont retrouvés et jugés, en fonction de cet aspect-là des exactions commises. « A l’inverse, certains PV liés au stationnement ou au code de la route devraient être proportionnels aux revenus des automobilistes épinglés. Qu’est- ce que c’est qu’un billet 50 ou de 100 quand on roule dans une voiture qui coûte plus cher qu’une maison avec piscine dans la campagne quercynoise ? » glisse Sibelle. Pas faux, après tout.
Jeudi._ Un nouveau drame dans un lycée. A Nantes, cette fois. Chacun y va de son analyse, de sa solution miracle. Pensons d’abord aux victimes, aux élèves, aux profs, aux parents. J’entends ensuite qu’il serait nécessaire d’installer des portiques, voire des systèmes de reconnaissance faciale. Certes. Il faut bien prévenir et tout faire pour empêcher de nouvelles catastrophes. Alors je repense au collège que j’ai fréquenté, au lycée, ensuite, dans le même quartier. C’était dans une ZUP, comme on disait alors. Et pourtant, que la vie (scolaire et extra-scolaire) y était douce. C’était quoi, déjà, le titre de ce livre que j’avais remarqué en haut d’une bibliothèque. Ah oui : « Pleure, ô pays bien-aimé ». Ah, une dernière chose. En ce temps-là (quand j’étais ado, quoi), il y avait encore une véritable médecine scolaire. Je dis ça…
Vendredi._ Ultime week-end avant la série des ponts et viaducs du mois de mai. Sibelle tombe des nues (ou fait semblant). « Jour férié ou pas, moi, je bosse. Je surveille le jardin, je chasse, je fais le guet depuis le muret du bolet…. » Je suis obligé de remarquer : « Jour férié ou pas, tu fais ensuite une longue sieste sur le sofa entre midi… et minuit. » En attendant, bon week-end.