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Sibelle, la guerre en Ukraine, Cahors Mundi et le coup de Bakou 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

Ma tigresse domestique ne s’est jamais présentée à l’élection de Miss France, mais jeudi, à l’heure du réveil, apprenant que l’armée russe était entrée en Ukraine, elle ne s’est pas distinguée des candidates défilant chaque année devant le micro de Jean-Pierre Foucault : « La guerre, c’est mal. J’aimerais œuvrer à la paix dans le monde… »

J’ai beau avancer doucement mais sûrement vers la soixantaine, je n’aurais pas dit autre chose. Abasourdi moi aussi devant la violence des images sur les chaînes d’info au moment d’avaler mon petit-déjeuner. J’ai expliqué à Sibelle : « Tu sais, je suis fils d’un père ardennais et d’une mère mosellane, j’ai habité pendant quasi 50 ans dans une région où l’on ne fait pas 10 kilomètres sans tomber sur un carré militaire dans un cimetière, où reposent des soldats tombés en 1870, en 14-18, en 40-44. J’ai visité les vastes étendues de Verdun où sont plantées des milliers de croix. Et puis il y a ce lieu si bouleversant, la colline de la Marfée, qui domine Sedan, la ville où j’ai grandi. On s’y est battu en 1641, en 1870, et encore durant la Première guerre. C’est un site bucolique, qui inviterait presque à la balade. Il y a là un cimetière militaire allemand, et un autre français. Y sont inhumés côte à côte des soldats morts au champ d’honneur durant les derniers jours du mois d’août 1914 quand les Uhlans ont foncé sur Sedan et des Poilus tombés plus de quatre années plus tard, en novembre 1918, lors de l’ultime attaque française destinée à faire pression sur les négociateurs allemands. Ils dorment dans un silence glaçant. Même en été, quand depuis ce belvédère on aperçoit les premières maisons de la Belgique toute proche. » 

Sibelle écoute. Sibelle fulmine. Il y a dans le règne animal des formes de cruauté. Mais la guerre, comme on l’entend dans le genre humain, non. Il n’y a que les humains qui se livrent à cela. Alors voilà l’Ukraine sous le feu d’un ennemi qui lui est bien supérieur. Je dis encore à ma protégée que je suis d’une génération qui apprenait au collège que l’Ukraine était le grenier à blé de l’Union soviétique. C’était l’époque où, quand arrivaient les compétitions de football, le Dynamo de Kiev était l’un des clubs phares en Europe – on se souvient des matchs face à Saint-Étienne -, et ses meilleurs joueurs formaient l’ossature de l’équipe d’URSS avec ses inoubliables maillots rouges aux lettres blanches : CCCP. Puis, quelques années plus tard, nous avons applaudi à la chute du mur. Un nouveau monde apparaissait. C’est dire si la gueule de bois, trente ans plus tard, va nous demander plus qu’une aspirine… 

Tous deux, avec ma belle, regardons par la fenêtre. Comme chaque jour, la brume dissipée, depuis les hauteurs du vieux village, nous distinguons les parcelles de vigne qui bordent le Lot. Nous savons sans les voir qu’au-delà, derrière la colline, il y a les toits de Cahors. Et le Pont Valentré. Là même où en juin 1950, était inaugurée la première section de la Route Mondiale de la Paix entre Cahors et Saint-Cirq-Lapopie. Les bornes sont encore visibles, restaurées récemment par des lycéens. Une Route Sans Frontières. Cela veut tout dire. Un an plus tôt, le conseil municipal avait ratifié la charte de la Mondialisation. Cahors devenait Cahors Mundi. Les stigmates et les douleurs de la Seconde guerre encore à vif, à l’aube de la Guerre froide, des citoyens du monde déclaraient la mobilisation générale pour la paix. Quid de cet héritage, en cette fin de mois de février 2022 ? Nous pouvons certes le revendiquer, cet héritage, mais nous sommes désarmés. Et ce n’est pas un mauvais jeu de mots. A part dire notre solidarité, que faire ?

Il faut se raccrocher au moindre signe qui nous autorise à ne pas complètement désespérer. Même s’il s’agit d’un fait de jeu d’apparence futile au cours d’un match de football qui ne le semble pas moins. Cela s’est passé jeudi soir à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, sur les bords de la Mer Caspienne. Le club de Qarabag reçoit Marseille. En première période, soudain, l’attaquant local Ibrahima Wadji marque de la main. Un vrai geste de volleyeur ! Mais l’arbitre n’a rien vu. Et il n’y a pas de système d’assistance vidéo. Les Olympiens sont furieux. On s’agite, on crie. Et puis au bout de longues minutes, le but est annulé. L’entraîneur de Qarabag est intervenu. Il a convaincu son joueur de dire la vérité. Son homologue marseillais Jorge Sampaoli en était bouchée bée. « Le coach adverse a montré son niveau d’humanité et de fair-play. Il a été honnête, c’est le geste de quelqu’un de grande valeur. C’est un cas très rare et si ça m’était arrivé, je crois que je n’aurais pas accepté le changement de décision de l’arbitre. C’est une leçon. » Il ne faut pas désespérer des hommes. 

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