Sibelle et son flacon d’urine
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
– Ils ont été 51 Lotois(es) à se présenter de bonne heure à Cahors, jeudi, pour faire analyser leurs urines afin d’y déceler la présence ou non de glyphosate. Une initiative nationale relayée par l’association « Campagne Glyphosate 46 ». D’autres rendez-vous sont prévus. Ma chère Sibelle qui aime tant se promener par monts et par vaux n’est pas la moins sensible, au sein de notre foyer, aux questions environnementales et aux conséquences sur notre santé de certaines pratiques. Qui d’ailleurs touchent aussi les citadins. Elle se déclarerait volontiers prête à subir ce dépistage si un détail très pratique ne la chagrinait. Elle qui a l’habitude de se soulager sur la plate-bande du jardin, entre les hortensias et les rosiers, elle se voit mal devoir utiliser un flacon dédié à cet effet. Certains matous du vieux village n’ont pas ces pudeurs. Je ne sais si ce sont les hormones ou le glyphosate, mais quand ils font étape dans le jardin, ils laissent derrière eux un parfum qui n’a rien à voir avec un flacon de n°5 de Chanel.
– Après le marché de Cahors l’an passé, qui se classa 17ème au niveau national, ce sont Prayssac et Figeac qui sont en lice pour le concours initié par le 13 heures de TF1 et la presse régionale, « Votre Plus Beau Marché ». Prayssac semble tenir la corde pour représenter l’ex-région Midi-Pyrénées. L’été, nous y avons nos habitudes avec Sibelle. Le marché s’y tient le vendredi, et la foule est dense autour de l’église. Les parfums, les saveurs, les couleurs, et même les conversations, tout y est délicieux. Un de mes plaisirs est de me garer – quand c’est possible – devant le cinéma Louis Malle. Le cinéaste était un peu chez lui dans le Quercy, où il séjournait souvent. Quand je suis à Prayssac, je pense au titre d’un de ses documentaires réalisés aux USA : « A la poursuite du bonheur ». Je suis persuadé, avec Sibelle, que le vendredi matin, on peut l’approcher, voire même le toucher et le humer, le bonheur, au gré des étals…
– Le préfet du Lot a organisé mardi une réception en l’honneur de l’amitié franco-britannique. « Il m’a semblé qu’en cette période incertaine pour le Royaume-Uni c’était une bonne chose » a souligné le représentant de l’Etat. On ne peut le contredire. J’ai raconté à Sibelle qu’il y a quelques années, bien avant le référendum sur le Brexit, lorsque nous recherchions une maison dans le Lot, nous avons visité plusieurs propriétés mises en vente par des Britanniques. Certains avaient décidé de rentrer chez eux pour « y finir leurs jours », d’autres payaient peut-être le prix de la crise de 2008. Toujours est-il qu’à chaque fois, nous avions été charmés et émus. Ils évoquaient leur départ avec une infinie tristesse et disaient avec des mots simples mais chaleureux à quel point ils aimaient le Lot. Ses couleurs, ses paysages, ses parfums, ses villages. Pour autant, ce n’est pas une maison vendue par des Britanniques que nous avons choisie. Sibelle m’a demandé pourquoi. Allez, disons-le, sans fausse pudeur. Nous n’avons pas, sans doute, la même philosophie que les sujets de Sa Majesté en ce qui concerne la déco intérieure…
– Savez-vous ce qu’est l’odonymie ? « Évidemment », me répond Sibelle, « c’est la science des odonymes ». Autrement dit les noms donnés aux rues, places, avenues etc. En France, l’odonyme le plus usité est « la rue de l’église ». Il y en a 7965. Pour les odonymes célébrant une personnalité, le général de Gaulle arrive en tête avec 3903 rues à son nom. Suivent Louis Pasteur, Victor Hugo et trois hommes nés en Occitanie : Jean Jaurès, Jean Moulin (natif de Béziers) et Léon Gambetta (avec 1501 rues, avenues ou places), né à Cahors le 2 avril 1838. A défaut d’espérer qu’un jour soit inaugurée une rue Sibelle, ma tigresse domestique a émis hier le vœu que des écoles et des rues entretiennent bientôt la mémoire de la formidable Agnès Varda, elle qui aimait tant les chats (elle a filmé avec tendresse le petit mausolée dédié à celui qu’elle avait adopté avec son cher Jacques Demy, à Noirmoutier)…