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Sibelle et les vendanges


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

Ce n’est pas trahir un secret : de chez moi, je distingue les fières et nobles silhouettes de deux châteaux qui figurent parmi les plus célèbres de l’appellation Cahors. Quant aux premiers pieds de malbec, ils ne sont distants que d’un bon kilomètre à peine. Ce vendredi matin, levé de bonne heure car une certaine Sibelle miaulait à la porte de retour de ses pérégrinations nocturnes, le soleil encore caché par les crêtes boisées, je me suis avancé sur le bolet, là où il forme comme un balcon sur la vallée. Le fond de l’air était encore frisquet, les seuls bruits et sonorités ceux des premiers oiseaux, de quelques chiens, de quelque coq au loin, d’une ou deux voitures, sur la route départementale. Le calme avant la tempête en somme. Les grappes de raisin allaient vivre pour beaucoup d’entre-elles leurs dernières heures reliées à la riche terre d’ici avant que des sécateurs maniés avec dextérité ne les propulsent, en une seconde, dans un étonnant voyage, dans une aventure relevant pour le profane que je suis d’un rituel et d’une alchimie formidables au terme desquels, coupés, triés, pressés, vinifiés, les petits grains se muent en nectar dont l’abus, nous dit la loi, est dangereux pour la santé. Mais qui, consommé avec modération, selon la loi toujours, tient du tableau impressionniste et de la symphonie pastorale… J’ai fini mon petit-déjeuner pensant aux premiers vendangeurs, à la même heure, se regroupant pour écouter les consignes, pour se répartir les tâches et les rangées à récolter.

Ce vendredi, officiellement, débutaient les vendanges sur l’appellation Cahors. Ma protégée féline, qui n’apprécie pas le vin (rien de meilleur pour les chats, en effet, que de se désaltérer en lapant les reliefs d’une flaque, au creux d’un chemin, seul souvenir d’une averse tombée la veille, à se demander pourquoi je lui sers un bol d’eau fraîche tous les matins) m’a confié cependant qu’elle aurait volontiers donné de sa personne. « Pas pour le vin, pas pour le noble sentiment de participer à l’élaboration d’un breuvage qui fait notre réputation, mais pour l’ambiance, la camaraderie… » m’a-t-elle expliqué. Soit. Mais je connais ma belle. Ça se concentre et ça patiente pendant une heure devant un muret où se cache un lézard mais quand il faut mettre la main ou plutôt la patte à la pâte au service du collectif, c’est autre chose. Je parie qu’elle n’aurait pas tenu deux heures avant de filer à l’anglaise, de se cacher derrière un buisson, un rosier, abandonnant la cueillette pour partir en goguette.

11 septembre 2020. Plus tôt que d’ordinaire, c’est le Jour J. Ensuite viendra le temps de tirer le vin, et donc de le boire, selon le proverbe. 11 septembre. Il a fallu et il a suffi que je tapote ces quelques caractères, qu’ils s’affichent sur l’écran, pour qu’une autre date me vienne évidemment à l’esprit. 11 septembre 2001. Bientôt 20 années déjà. Je me souviens. J’étais au bureau. Une secrétaire traverse la salle et crie : « C’est la guerre ! ». Un collègue allume le petit poste de télé. Nous voyons les avions s’encastrer dans les tours jumelles. Nous plongeons, comme toute la planète, dans un état de sidération. Il y a des dates dont on se souvient toujours (le premier pas sur la lune ou l’assassinat de Kennedy pour la génération de mes parents, mai 81, le 11 septembre et bien sûr les tueries de Charlie et du Bataclan pour la mienne).

Et il y a donc aussi, en plus, une année dont on se souviendra. 2020. L’année de la pandémie. Dans le Lot comme ailleurs, on ne finit pas de ne pas en voir la fin. Heureusement, l’actualité, hors les gros titres logiquement consacrés à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques, notamment, réserve quelques surprises. A Cahors, ainsi, on dirait qu’un nouveau Jean de La Fontaine renforce les équipes de rédaction. Après la fable du kangourou échappé dans la campagne voisine, voici celle des fourmis (sans cigales) qui ont envahi un poste de contrôle électrique et provoquant une longue panne des feux tricolores à Terre Rouge.

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« Et rien sur les chats ? » demande Sibelle. Je ne crois pas. En tout cas pour l’instant. C’est pourquoi finalement il est plus prudent que ma tigresse domestique ne participe pas aux vendanges. Si l’on veut, Covid ou pas, que le millésime 2020 nous console quelque peu, autant prendre les devants. Avec les autres matous et mistigris du village, que Sibelle profite sagement de l’été indien. Et moi aussi. Dans ce monde devenu fou, chaque seconde de quiétude est une bénédiction.

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