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Sibelle et les martyrs de Frayssinet-le-Gélat 


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

On élit dimanche le nouveau parlement européen : pas question avec ma chère protégée de déroger à une règle qui veut, a fortiori dans ce genre de chronique, que l’on respecte une sorte de neutralité. Je préfère alors raconter à Sibelle ce qui s’est passé à Frayssinet-le-Gélat il y a tout juste 75 ans, le 21 mai 1944, m’inspirant du récit posté cette semaine sur Twitter par ma consœur Anne Riera. Ce jour-là, un dimanche, c’est la fête des mères. Mais dans ce coin du Quercy, c’est l’horreur. Des éléments de la 2ème division SS Das Reich investissent le village qu’ils pensent un foyer de résistance. Les ruelles sont ratissées. Trois femmes sont pendues, une quatrième abattue d’un coup de revolver. Dix hommes sont fusillés, en rang, un onzième parce qu’il tentait de fuir. Le reste de la population est enfermé dans l’église. Le scénario glaçant évoque évidemment Oradour. C’est la même division qui sera d’ailleurs à l’œuvre là-bas. A Frayssinet, les SS ne vont pas jusqu’à brûler l’église. Les otages sont libérés le lendemain. Le bilan est toutefois terrible. 15 morts, des maisons incendiées, toute une localité sous le choc. Dès 1946, un monument commémoratif est érigé. Mais il a été corrigé quelques années plus tard. La mention « Aux martyrs de la barbarie allemande » a été remplacée  par : « Aux martyrs de la barbarie nazie ». C’est quoi l’Europe ? C’est cela. Sibelle a compris, elle. Si l’on en croit les sondages sur la participation, ce n’est pas encore le cas de tout le monde.

Et vous, cet été, où irez-vous vous baigner ? Où irez-vous, à défaut de faire trempette, vous allonger pour bouquiner, le flacon d’huile solaire à portée de main, un chapeau de paille sur la tête ? A titre personnel, j’ai mes habitudes à Catus. Mais pour ceux qui sont coincés en ville, en tout cas dans notre chère ville « préfecture », il y aura « Cahors Plage ». Du 13 juillet au 18 août. Le conseil municipal a décidé de renouveler l’opération. Malgré les réticences de l’opposition qui souhaiterait une plage  « végétalisée » plutôt que du sable. Soit. Reste qu’il m’a fallu missionner Sibelle. Elle est chargée de rappeler à ses amis félins et canins de Cahors – et surtout à leurs maîtres – que la plage n’a pas vocation à devenir un  « cacadrome ». Je dis ça, je dis rien. Mais dans le village, dès qu’il y a un tas de sable en raison de travaux de voirie ou de maçonnerie, c’est fou comme certains animaux domestiques ont tendance à y voir un cadeau du ciel pour leurs commissions quotidiennes… Sibelle, soudain, tourne la tête. Les chats et les chiens sont d’une pudeur quand on aborde les sujets qui fâchent ! 

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Mercredi soir, un poignant documentaire diffusé sur L’Equipe TV a retracé la trop courte vie du footballeur Emiliano Sala, décédé dans un crash à l’âge de 29 ans en janvier dernier. « Ce drame dit tout du foot business » a commenté l’un des auteurs du film, le journaliste Sébastien Tarrago. Avec Sibelle, on a écouté les messages glaçants de l’attaquant argentin, transféré de Nantes à Cardiff deux jours seulement avant sa mort. Issu d’une famille modeste, Sala en a bavé avant de s’épanouir au plus haut niveau. Arrivé en France à 20 ans, il devra faire ses classes en National, puis en Ligue 2. « Un footballeur à l’ancienne, un état d’esprit exemplaire » témoigne un de ses anciens entraîneurs. Mais il sut, enfin, se révéler un formidable buteur sous le maillot nantais. Souffrant de cette reconnaissance tardive. Le film peut être revu en replay. Question : combien de Sala, français ou expatriés venus d’Afrique ou d’ailleurs, qui, sans connaître évidemment une telle fin dramatique, malgré des sacrifices depuis l’enfance, échouent aux portes de l’élite et végètent dans les championnats inférieurs, y compris en DH ? Réponse : des centaines, des milliers. C’est un autre débat, soit. Mais il apparaît en filigrane tout au long des images et témoignages. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. L’injustice terrible qui a frappé Emiliano Sala, c’est qu’il n’a pu goûter que quelques heures ce début de gloire tellement attendue. 

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