Sibelle et les burgers du Quercy
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
On connaissait le concours du Village préféré des Français, organisé sur la 2 par le sémillant Stéphane Bern : cette année, Auvillar dans le Tarn-et-Garonne représentait l’Occitanie et Domme la Nouvelle Aquitaine. Les votes sont officiellement clos mais on ignore encore le lauréat et la date de l’émission. En 2012, souvenons-nous, c’est « notre » cher Saint-Cirq-Lapopie qui avait été le premier village à inscrire son nom au palmarès. Et dès l’été, une hausse sensible du nombre de visiteurs avait été enregistrée… On connaissait aussi le concours du Plus beau marché, lancé cette fois sur la première chaîne. Et bien d’autres encore, car dans notre cher et vieux pays que l’on dit parfois si rétif à la compétition, on organise des concours à tour de bras, de Miss France au Meilleur apprenti, du Village fleuri à la plus belle moustache (si, ça existe). D’ailleurs, je confesse moi-même avoir participé il y a quelques années, dans un moment d’égarement voire de dérèglement de tous mes sens, comme aurait dit Rimbaud, à un étonnant Concours de lancer de sardines. Sibelle en éclate de rire mais c’est vrai. Cela se passait un dimanche d’été sur le quai du joli port de Doëlan, dans le Finistère. Je n’ai pas été ridicule mais je suis parti avant la proclamation des résultats.
Comme d’autres, j’ignorais cependant qu’il existât une coupe de France de Burger. Le Drop Burger inventé à Cahors par des amoureux du ballon ovale et de la bonne chère sera en lice pour décrocher le titre 2021. Evidemment, sa viande est locale (agneau ou canard du Quercy), et l’accompagnement aussi (chutney d’oignons au Malbec et aux noix, crème d’ail et de tomme de brebis). J’ai promis à ma protégée féline de lui rapporter un de ces quatre un exemplaire de ce plat hors du commun et bien éloigné, il faut bien le dire, des burgers servis dans les fast-foods où me traînaient, quand ils étaient ados, mes chers enfants. Par esprit de contradiction, je commandais un croque-monsieur, je tentais de leur expliquer que ces burgers-là étaient bien chers pour des produits surgelés préparés à la hâte (même à base d’ingrédients français), que tout ça c’était du marketing. Mais plus je tentais d’argumenter, plus ils se bâfraient, plus ils en redemandaient, et tandis que les glaçons fondaient et rendaient même le soda insipide, je finissais par baisser les bras, par esquisser un sourire, même, quand je les voyais faire la queue pour vider le plateau dans la grande poubelle alors qu’à la maison, au moment de débarrasser la table, y avait plus personne… Bonne chance au Drop Burger !
Sur ce, je dois saluer bien bas mes lecteurs de Lalbenque, Arcambal, Peyrilles, Prayssac ou encore Sauzet. Liste évidemment non exhaustive. Avec Sibelle, très attentive et attentionnée sur ce coup-là, nous venons avec un compas numérique, sur Google Maps, de tracer un cercle de 10 km de rayon autour de notre domicile. Ces villages forment, en quelque sorte, les postes de douane virtuels (mais légèrement situés à l’extérieur) de ce qui est devenu notre territoire autorisé pour nos déplacements récréatifs. Puisque je me souviens de la formule apprise à l’école, cela fait quand même une zone de 314 km2 et quelque ! J’ai de la chance. Et les miens aussi. Habitant la campagne, il y a dans ce cercle des chemins de halage, des vignes, des parcelles de bois. C’est une évidence, nous ne sommes peut-être pas égaux devant la maladie, mais nous ne le sommes pas non plus face aux mesures dictées par la prévention des contaminations. Je pense aux familles qui vivent en appartement, en ville. A fortiori quand ces foyers ne disposent pas d’un balcon, d’une terrasse ou d’un jardinet en rez-de-chaussée. Quand bien même un chat parvient-il à les distraire du simple fait de ses facéties. « Il y a des chats qui vivent en appartement ? » s’étonne Sibelle, effrayée. Innocente, va !
Décidément très enclin à exprimer ma solidarité, il faut croire que je suis bonne pâte, mais sincère, j’ai une pensée aussi, évidemment, pour les vignerons et agriculteurs qui n’ont pu que constater en début de semaine les dégâts causés par de sévères gelées. On a beau savoir qu’en avril on ne doit pas se découvrir d’un fil, cela ne change rien. Cette première semaine du mois a été glaçante, malgré de belles apparitions du soleil en cours de journée.
Et encore, en Bavière, ce fut pire. Mercredi soir, plantés devant la télé, avec ma tigresse domestique, il nous a fallu nous serrer sous le plaid pour regarder le match Bayern de Munich – Paris Saint-Germain. Près de deux heures de tempête de neige, des jardiniers obligés de dégager la pelouse pendant la mi-temps : une soirée épique pour les deux équipes, mais ce sont les champions de France qui ont gagné. « Le football est un jeu qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne » a dit un jour l’attaquant anglais Gary Lineker. Sauf quand Noël déboule trois jours après Pâques, peut-être.
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