Sibelle et la souris d’agneau (du Quercy) 

Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats. 

– C’était lundi soir. Ma tigresse domestique venait de rentrer après avoir chassé quelque lézard ou mulot. Elle s’est calée sur le canapé, à côté de moi, pour commenter en direct l’allocution du président à l’issue du Grand débat. Car Sibelle a toujours un avis et un avis sur tout, comme disait Coluche. Et puis soudain les images sont apparues, en direct. Impensables, effroyables. Notre- Dame de Paris était en feu. Les heures ont passé, le sinistre a été vaincu au terme d’un combat sans relâche mené par des pompiers une nouvelle fois héroïques. Et mardi, les polémiques ont débuté, les querelles d’experts plus ou moins autoproclamés, les assauts de démagogie. Passons, hélas. Cette chronique ne suffirait pas à recenser les bêtises entendues ou lues un peu partout. Avec Sibelle, la seule question qui nous interpelle vraiment, c’est de savoir s’il faut ou non reconstruire à l’identique. Nous ne ne sommes pas experts, nous constatons simplement que la cathédrale, comme bien d’autres édifices, avait déjà subi moult remaniements. Quand Mérimée a établi sa première liste des « monuments historiques », il y inclut des ruines. Espérant peut-être qu’un jour ce classement encourage à rebâtir tel château ou telle église, voulant sans doute aussi, affirmer que le patrimoine – même à l’état de ruines _ est un bien commun qui préserve la mémoire et l’histoire. Alors l’essentiel, c’est que Notre-Dame, ce bien commun, continue à « vivre ». Avec ses deux tours, sa nef, sa puissance symbolique. « Que la future flèche soit comme ci ou comme ça importe moins que de s’assurer qu’elle indique la bonne direction… » conclut Sibelle. Elle a raison, non ? 

– 60 équipes pour un 40ème anniversaire ! Cahors accueille ce week-end son traditionnel tournoi de football réservé aux U13 (les pupilles de jadis). De grands clubs sont attendus. Mais aussi des observateurs. Des techniciens chargés de remarquer un talent prometteur. Un futur Messi. Un Ronaldo en puissance. J’ai joué au foot jadis. Puis j’ai accompagné mon fils. Quand il y avait un tournoi, on ne se posait pas la question de savoir s’il avait tapé dans l’œil d’un recruteur. Avec mon p’tit gars, ce qui nous plaisait, c’était le jeu, certes, mais c’était surtout l’ambiance, et le pique-nique, le jambon-beurre protégé dans le papier alu et la bouteille de Fanta, et ce joyeux brouhaha, ces  cris, ces pleurs parfois, et le rituel retour à la maison, exténués l’un comme l’autre, mais brandissant une coupe les bons jours, un simple fanion les jours sans. Que des enfants rêvent de devenir des vedettes, c’est normal. Mais justement, sachons les laisser rêver. Ne leur mettons pas de pression inutile quand vient l’heure des tournois de printemps. Surtout pas. Laissons-les d’abord collectionner leurs futurs souvenirs. 

– Il y a bien des contes de Noël, voici pour conclure un conte de Pâques : le week-end dernier, à La Trinité, près de Nice, ils furent 19 pompiers mobilisés pour sauver un chat coincé dans une gaine électrique. L’intervention, dangereuse en raison des nombreux câbles a duré 11 heures. Oui, 11 heures ! J’ai raconté cette histoire à Sibelle. Pour la mettre en garde. Je sais en effet qu’elle arrive parfois à se glisser dans des trous de souris… pour essayer justement de les surprendre. « Promis, juré, craché, je ferai attention. D’ailleurs, c’est bien simple, je ne chasse plus les souris. J’ai trouvé mieux. C’est du reste de circonstance ce week-end : alors fais moi plaisir, pour Pâques, cuisine moi une souris d’agneau. Du Quercy, bien sûr. » Insolente et gourmande. Tout Sibelle est là.