Sibelle, Escamps et sa ministre, le pont Valentré et ses mécènes et une météo à la noix
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Si on avait su, on aurait fait un détour, samedi, alors que nous allions avec ma protégée rendre visite à des amis près de Villefranche-de-Rouergue. A l’aller ou au retour, on aurait quitté la RD 911 au niveau de Concots. Mais voilà : nous ignorions encore que le Lot possédait une nouvelle capitale. Nous ne pouvions pas deviner que le doux village d’Escamps (212 habitants) avait en quelques heures relégué Cahors, Figeac, Saint-Cirq Lapopie, Rocamadour et autres villes ou bourgs de notre cher Quercy dans l’ombre ou en bas de page des journaux. D’un autre côté, rassurons-nous : à Escamps même, l’info a surpris. Une conseillère municipale de la commune a été nommée ministre de l’Education nationale ! Il s’agit d’Anne Genetet, médecin de formation et par ailleurs députée des Français établis hors de France (elle est élue de la 11ème circonscription : Asie, Océanie et Europe orientale). On a relevé la réaction de la maire Annie Walle : « Pour nous, c’est Anne. C’est quelqu’un de très ouvert. Elle est au conseil municipal car elle a une résidence secondaire ici. Elle nous apporte beaucoup en termes de communication… C’est quand même beaucoup plus facile avec quelqu’un qui a déjà des facilités ! » Sibelle qui n’en rate pas une remarque toutefois que ce n’est pas à Escamps que la nouvelle ministre a pu acquérir un brin d’expérience dans le domaine qu’elle doit désormais piloter : le village n’a plus d’école depuis longtemps. Je n’ai rien de mieux à lui répondre que parfois, « ce qui compte, c’est l’école de la vie ». Pas certain que l’argument convainque les syndicats. Encore que. Quand on passe ses vacances près de Bach, ce peut être un bon prélude.
Mardi._ Cette fois, c’est signé. En plus des concours de la Ville, évidemment, mais aussi de l’État, de la Région et du Département – c’est- à-dire vous et moi -, la Fondation du patrimoine va accompagner la restauration du pont Valentré. Les travaux débuteront en 2025 et devraient durer au moins cinq ans. La dernière restauration d’ampleur s’était conclue en 1882. Autant dire que de l’eau a coulé depuis, et pas seulement sous le pont en question, monument emblématique (l’expression est pleinement justifiée) de Cahors. Budget global : 6,8 millions d’euros. La Fondation entend contribuer pour sa part à hauteur de 500 000 euros, via une cagnotte en ligne durant trois ans. Rassurez- vous (ou pas) : les dons des particuliers ou des entreprises mécènes donnent droit à des réductions d’impôt. Sibelle remarque ainsi : « En terme de patrimoine, le diable ne se niche pas dans les détails… »
Mercredi._ Le footballeur Raphaël Varane (95 sélections en équipe de France) annonce prendre sa retraite (des terrains). A 31 ans (seulement). Joueur élégant et défenseur efficace, il a été l’un des premiers à faire part de sa fatigue psychologique. Et a de ce fait brisé un tabou. Car le grand public ne comprend pas toujours que l’on se plaigne quand on gagne des millions. Vrai pour les footballeurs comme pour les artistes. Ma protégée féline qui ne déteste pas à l’occasion regarder certains matches à la télé se souvient de cette formule du journaliste (et figure des émissions de radio animées par Laurent Ruquier) Pierre Bénichou : « Maintenant, on ne demande plus aux gens s’ils consultent un psy. On les questionne pudiquement : tu te fais aider ? ». Or, pendant certains matches, précisément, quand la caméra nous offre un gros plan de certains joueurs, on ne se trompe peut-être pas quand on discerne une forme de désarroi dans leur regard. Quand bien même ont-ils ou vont-ils marquer un but, ou éviter une défaite. Espérons qu’il n’y ait pas que Varane qui ait décidé ou accepté de se faire aider.
Jeudi._ Il pleut beaucoup. Portés par un courant venu des Antilles, et qui traverse le pays du sud-ouest au nord-est, des nuages arrosent la France, et le Lot n’échappe pas à la distribution. Cette dépression a été baptisée Aitor. Un prénom d’origine basque. « Il paraît que l’on doit payer pour donner son nom à un phénomène météo » remarque ma protégée. Je lui réponds que oui. « C’est vrai. C’est assez étrange du reste que des êtres humains puissent vouloir ainsi sponsoriser, en quelque sorte, des phénomènes qui peuvent semer la désolation et même la mort ». Sur ce, je n’ose aller plus loin. Mais comme vous pouvez aisément l’imaginer, il y aussi une tempête nommée Sibelle qui se transforme parfois en tornade quand j’ai oublié de racheter des croquettes.
Vendredi._ A se demander s’il y a un secteur agricole qui parviendra cette année à tirer son épingle du jeu, en l’occurrence d’une conjoncture où climat, importations et intermédiaires (on pense à la récente annonce de Lactalis) semblent se donner le mot pour mettre tout le monde à genoux. Les producteurs de noix tirent à leur tour le signal d’alarme. Les premières récoltes qui ont débuté sont catastrophiques. « Il faut une centaine de noix pour pouvoir faire un kilo à peu près. Et là, il y a deux, trois noix par noyer et puis parfois il n’y a même aucune noix, alors que normalement il devrait y avoir plusieurs dizaines de kilos par noyer », explique auprès de France 3 Hervé Clédel, producteur à Baladou, ajoutant qu’il ne pourra récupérer que 5 à 10% de sa récolte habituelle… Je suis passé il y a quelques jours dans ce village, entre Souillac et Martel. On y longe, sur la route, effectivement, de belles rangées de noyers. Au garde- à-vous. Mais de la voiture, on ne parvient pas à juger l’étendue du désastre. Nos agriculteurs, nos producteurs sont les gardiens de nos paysages. On ne mesure pas cependant à quel point ce décor est fragile. Extrêmement fragile. Ni Sibelle ni moi n’avons de solution miracle. « Je veux qu’il n’y ait si pauvre paysan en mon royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot » disait le roi Henri IV. Eh bien pour l’heure, une chose est sûre, pour la poule aux œufs d’or, on repassera.
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