Sibelle, des ponts qui posent question(s) et les pneus (un peu, beaucoup) de la FDSEA
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Lundi._ Certains parleront évidemment de « loi des séries », ce qui n’est pas faux factuellement, mais pour autant, il faut croire réellement qu’il y bien surtout un problème structurel (sans jeu de mot), voire infrastructurel (j’ai vérifié, l’adjectif existe dans le dico) dans le Lot avec les ponts. C’est ainsi que ce lundi, donc, à Anglars-Juillac, un poids lourd pesant « potentiellement » 44 tonnes a emprunté l’ouvrage d’art situé sur la RD 67, entraînant la fermeture du pont, la nécessité d’une inspection par des experts puis des interventions avant la réouverture dès jeudi. On apprend que le Conseil départemental a déposé plainte et dit « étudier la pose d’un gabarit ». Puisque le Lot, qui n’est qu’une rivière, présente ici, dans le 46 en tout cas, les mêmes caractéristiques que la Meuse, qui a rang de fleuve, et que j’ai pu observer pendant plusieurs décennies quand j’habitais dans les Ardennes, Sibelle me demande mon point de vue. Je lui réponds que l’histoire s’est chargée de régler la question. Les états-majors français et allemands ayant jugé, en août 1914 et octobre-novembre 1918 d’abord, en mai 1940 et septembre 1944 ensuite, que le cours d’eau s’avérait une ligne défensive ou d’attaque par nature stratégique, les ponts ardennais, en ville ou à la campagne, furent dynamités consciencieusement et régulièrement au fil du XXème siècle. Et reconstruits, tout aussi régulièrement et consciencieusement. Ce faisant, ils sont donc désormais à même pour la plupart, à condition d’être entretenus, de supporter des camions de tous tonnages et parfois même des chars. Mais on ne va pas regretter que le Lot n’ait pas connu mêmes tragédies. Alors ? On ne peut envisager la réfection ou la réalisation de nouveaux ponts, partout dans le Lot, question de budget tout simplement. « Il y a donc deux pistes à étudier d’urgence » conclut Sibelle. « L’installation de dispositifs qui empêchent tout simplement certains camions de pouvoir s’engager. Mais aussi une étude sérieuse afin de comprendre pourquoi des chauffeurs routiers, souvent expérimentés, se jouent des interdictions… » Or, il se dit que certains le font pour gagner du temps, mais aussi, du coup, pour gagner de l’argent. Certaines entreprises de transport devraient peut-être donc être associées à la collectivité et s’engager à revoir des systèmes de rémunération qui sont liés au nombre de tournées effectuées, et donc, qui incitent éventuellement à prendre des raccourcis dangereux. Non ?
Mardi._ On en sait davantage sur le projet de requalification et réhabilitation du Palais de Via, à Cahors, qui fut tour à tour palais d’un consul, résidence de riches bourgeois, et enfin une prison puis maison d’arrêt qui ferma ses portes en 2012. Dès 2026, la mutation de ce monument (pas seulement historique) va débuter, incluant à terme la réalisation d’un hôtel, de commerces, de logements. Bref, un nouveau quartier dans la ville… C’est assurément une bonne nouvelle. Le centre historique de Cahors a ses trésors, mais il est fragile. Economiquement (avec la concurrence des zones périphériques), sociologiquement, architecturalement. Là encore, je ne peux évacuer mon propre vécu, ayant habité pendant plusieurs décennies dans une ville où l’on comptait parfois, dans certaines rues, plus d’immeubles classés que d’habitants. Et l’évolution des modes de vie compte aussi, quasi autant que les sommes nécessaires pour engager des travaux. En ce premier tiers de XXIème siècle, habiter dans un immeuble ancien, même rénové, c’est possible mais il faut souvent faire une croix alors sur la possibilité de profiter d’un balcon et de se garer à proximité. Sans compter la question des ascenseurs. Pour le prix d’un appartement, beaucoup préfèrent donc miser sur la périphérie. On y dispose d’un jardinet, et parfois même d’une piscine, pour des prix au m2 pas forcément très supérieurs. « Rien n’est simple » soupire ma protégée.
Mercredi._ Parenthèse ballon rond avec les huitièmes de finale retour de la Champions League. Le PSG se qualifie à Liverpool au terme d’une éprouvante épreuve de tirs au but. Idem pour le Real dans le derby qui l’oppose à l’Atlético. Mais un fait rarissime se produit : un penalty est annulé pour les joueurs locaux. Un joueur aurait légèrement effleuré le ballon avec son pied d’appui (le gauche) avant de frapper ce même ballon du pied droit. L’arbitre n’avait rien vu. Ce sont Mbappé et ses partenaires qui ont sollicité le revisionnage par la vidéo. Avec ma tigresse, on fait pareil et on en conclut qu’il est vraiment plus que délicat de se faire une opinion. Le tir au but a été annulé mais l’inverse aurait parfaitement été possible. Parfois, la vidéo ne suffit pas. Certains d’en conclure que le Real a donc été avantagé. C’est aussi cela, le sport moderne. Le recours à des technologies qui elles-mêmes se révèlent avoir des limites. Sibelle me rassure : « Si les seuls drames que notre monde affronte tenaient des fautes d’arbitrage (ou considérées comme telles) dans tel ou tel match, en foot ou dans d’autres sports, nous serions ravis. » Je regarde le journal télé et évidemment je lui confirme qu’elle a raison…
Jeudi._ 570 tonnes de pneus usagés déjà récoltées par la FDSEA et les JA dans le département, nous indique Médialot. Les deux syndicats agricoles permettent ainsi aux professionnels de se débarrasser de ces encombrants d’un genre particulier tout en contribuant « à une meilleure gestion des déchets et à la préservation de l’environnement ». Il est précisé en fin de l’article : « Grâce à cette forte mobilisation, le Lot confirme son engagement en faveur du recyclage et de la réduction des déchets et devient pionnier dans la démarche. » Du coup, j’ose à peine vous révéler ce qu’a susurré ma féline… « Et maintenant, hein, on va brûler quoi dans les manifs ? »
Vendredi._ Comme c’est l’usage, une suggestion de sortie pour boucler la semaine (et cette chronique). Pour nous, avec Sibelle, ce sera le Salon de l’Habitat, au parc des expos de Cahors. Eh oui. Ma tigresse est curieuse. Elle veut savoir à quoi ressemble un logement humain. Quel décor, quel ameublement, quels équipements… Ben oui, puisque c’est bien connu, quand on a un chat, on habite chez lui.