Sibelle compte jusqu’à Sète
Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.
Disons que c’est un rituel. En début de soirée, qu’il y ait ou pas confinement ou couvre-feu, à l’heure de l’apéro, avec ma protégée féline, nous squattons le canapé et appuyons sur le touche 1 de la télécommande. En quelques années, nous sommes devenus « addict ». Pas question de rater le feuilleton. Vers 19 heures et quelque, nous nous envolons pour Sète grâce à « Demain nous appartient ». Nous suivons les péripéties de la famille Delcourt, les drames qu’affronte le foyer des Beddiar, les états d’âmes du docteur Chardeau et ceux du capitaine Constant. Liste évidemment très loin d’être exhaustive. Pour autant, le personnage principal de la série n’est incarné par aucun(e) comédien(ne). C’est la ville de Sète, son port, son cimetière marin et le bar brasserie du Spoon.
Avec Sibelle, à l’été 2019, nous avons voulu en avoir le cœur net. Nous avons accompli le voyage, disons même le pèlerinage. Sur l’un des quais, en terrasse, nous avons déjeuné vite fait bien fait (de mémoire, un risotto pour moi, des fruits de mer pour ma belle) puis nous avons visité le centre, avant de gagner le cimetière qui surplombe la mer. Nous avons été séduits, d’autant qu’en août, par temps de vacances, le soleil a le don d’embellir la moindre ruelle et d’ajouter du pittoresque à la moindre petite sculpture. Mais très vite, reconnaissant ici la silhouette des bâtiments du lycée, là les abords du Spoon (sur la rive droite du canal royal mais ne le répétez pas, dans la vraie vie, le bistrot est fermé, il n’est utilisé que lors des tournages), nous sommes tombés d’accord. Sète est une belle ville, ses abords le sont aussi, mais globalement, les images subliment la réalité. A fortiori quand elles sont aériennes ou permettent, en une fraction de seconde, tels de courts interludes, de relancer le rythme en se dirigeant par exemple vers l’hôpital où travaillent plusieurs des héros. On peut difficilement faire mieux en terme de communication ou plutôt, puisque c’est le terme dédié, de marketing territorial. Bravo aux élus qui ont choisi de courtiser producteurs et patrons de chaînes.
Bon, ne nous plaignons pas cependant. Cahors est le cadre de nombreux romans (les polars de Peter May, par exemple, un Lotois d’adoption) et de nombreux « spots » du département (pour reprendre l’expression préférée des communicants du comité du tourisme, pardon, de l’Agence de développement touristique), sont régulièrement mis à l’honneur dans des émissions de télé (sans parler des reportages annuels sur le marché aux truffes de Lalbenque dans le 13 heures de TF1).
« Mais rien ne vaudra jamais davantage en termes de retombées que l’historique sujet concocté par Daniel Prévost dans Le Petit Rapporteur », remarque Sibelle, qui n’était pas née à l’époque. Pour des millions de Français, encore aujourd’hui, la capitale du Lot demeure Montcuq. Sur ce, je remarque qu’un internaute dit son agacement, en commentant un récent article de Medialot, de voir se multiplier les anglicismes, toujours en matière de communication, autour par exemple de la formule « Lot of… ». Ouf. Il n’a pas cité « Oh my Lot ! », slogan adopté par le Conseil départemental comme dénominateur à ses actions ayant vocation à promouvoir le 46 et inciter des citadins d’autres contrées à venir s’y installer. Pour le cadre et la qualité de vie. Et doper notre démographie et donc nos territoires. Rien n’est simple. On ne pouvait quand même pas choisir d’autres expressions du genre « Venez gagner le gros Lot » ou « Pas si laid, le Lot ! ».
Sibelle me demande de conclure ce rendez-vous par un salut solidaire aux personnels soignants toujours mobilisés contre ce satané virus. Et ma tigresse d’ajouter : « Avec une pensée toute particulière pour celles et ceux qui, en première ligne, à l’hôpital de Cahors, ont été infectés. Mais qui heureusement n’ont pas développé de forme grave. Ils seront j’imagine vite remis et tout aussi vite de nouveau sur le pont. Bravo ! » A l’heure où se profile un nouveau confinement, à défaut de nous serrer les coudes (pour cause de nécessaire distanciation), ayons du cœur.
Visuel @DR