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Sibelle a le masque des mauvais jours


Chaque samedi, l’actualité lotoise vue par Philippe Mellet et surtout par ses chats.

En matière de pratique religieuse, ma petite protégée féline se contente de cocher deux dates sur le calendrier. La première est fixe : il s’agit de Noël. Quand les Chrétiens célèbrent la naissance du Christ, Sibelle se positionne, au petit matin, devant le sapin de Noël et attend le signal pour déballer ses cadeaux. La seconde est variable, on dit qu’il s’agit d’une fête mobile quand on est instruit. C’est Pâques. Le rituel diffère. Quand les Chrétiens célèbrent la résurrection du Christ, Sibelle attend son tour pour aller dénicher dans le jardin quelque friandise chocolatée soigneusement cachée dans un buisson, derrière un hortensia, sous les feuillages déjà verdis du forsythia.

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Et à ce jeu, son instinct félin lui est d’un précieux secours. En ces temps de pandémie et de confinement, j’ai prévenu ma tigresse domestique. La chasse au trésor sera réduite dimanche à sa plus simple expression. Décontenancée, elle m’a rétorqué que j’aurais pu prendre mes dispositions et si besoins, prévoir le minimum pour équiper les participants à la chasse aux œufs de gants et de masque de protection. J’aurais dû m’en douter. Les chats veulent toujours avoir le dernier mot. Mais là, elle a franchi une sorte de Rubicon.

Cette affaire de masques, ces derniers jours, a tendance à me faire sortir de mes gonds. Rassurez-vous : j’essaie de ne pas faire partie des « Yavaika », des « Faukon », des « Yauraitfallu »… Une fois la crise passée, un bilan sera dressé, des enquêtes seront diligentées, et il sera temps de juger si, durant cette période hors-normes, les bonnes décisions auront été prises au bon moment. En tenant compte que même parmi les spécialistes, les professeurs, les chercheurs, les avis divergent. Ce qui n’est pas anormal en soi, mais ne doit pas aider à prendre des décisions. Bref. Mais cette affaire des masques, donc, prend décidément un drôle de tour. On ne compte plus les collectivités (mairies, intercommunalités, départements, régions) qui passent commande de milliers de masques dédiés soit à certains services, soit à l’ensemble de la population de leur territoire, idem pour certaines entreprises privées qui se doivent de protéger leurs employés. Cela, en parallèle aux commandes de l’Etat, dont on présume qu’une fois assuré de posséder le stock nécessaire (ce n’est donc pas pour demain), il pourra décider ou non de généraliser le port du masque, dans un cercle bien plus large que les seuls soignants ou professionnels de secteur amenés à multiplier les contacts (les aides à domicile, par exemple). Lesquels n’ont d’ailleurs pas toujours encore le minimum nécessaire (si l’on pense aussi aux « visières », aux charlottes, aux blouses…). « Le France serait donc devenue, quelque part, une sorte d’état fédéral ? » persifle alors Sibelle, qui à l’orée de ce week-end pascal, serait plutôt encline à sonner le tocsin que les cloches traditionnelles de retour de Rome… Je n’ai pas répondu. J’aurais peut-être usé d’un autre terme. A la De Gaulle, si vous voyez ce que je veux dire. Le mot commence par « ch »… 

Mais brisons-là. Cette chronique se veut d’ordinaire un brin plus légère. Alors pendant que les télévisions rediffusent à l’envi des classiques familiaux (avec ou sans Louis de Funès), pendant que se développe l’usage du drive y compris pour écouler les asperges, fraises ou autres courgettes, cabécous et volailles de notre terroir, pendant que les supporters de foot ou de rugby ou de toutes les autres disciplines dissertent sur la manière dont on pourra ou non terminer les championnats en cours et préparer les suivants, pendant que les collégiens, lycéens et étudiants tournent en rond devant leur écran pour savoir quand ils sauront ou non s’ils ont le brevet, le bac ou je ne sais quels licence ou Capes, soyons plus que jamais contents d’être lotois(es). Notre département demeure l’un des moins touchés par ce satané – au sens propre – virus. Cela ne nous empêche pas évidemment de dire notre compassion à celles et ceux qui sont endeuillés ou meurtris. Pour les autres, Joyeuses Pâques. Quand même.

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