Saint-Paul-de-Loubressac : Le CEN lance un financement participatif pour acquérir 13 hectares
L’objectif est de préserver la faune et la flore.
Depuis plus de 40 ans, le réseau des Conservatoires d’Espaces Naturels, principalement constitué d’associations, protège et gère 3400 sites dont plus de 1000 sont ouverts au public. Avec le souci d’agir pour le territoire, le Conservatoire d’Espaces Naturels a ouvert depuis le mois de juin 2020, à Mercuès, dans les locaux de la mairie, son antenne lotoise et sur la commune de Saint-Paul se trouve la base de gestion concernant tout le nord Midi-Pyrénées. Dans sa stratégie de préservation des sites naturels, le CEN souhaite acquérir 13 hectares situés sur la commune de Saint-Paul-de-Loubressac, au sud de Cahors. Cette démarche reçoit un soutien important de la commune et ce site abrite des enjeux forts liés à la faune et à la flore (intérêt local, national, voire européen). Afin de mener à bien ce projet le CEN du Lot lance un financement participatif pour permettre l’acquisition de ce terrain et sa restauration : https://www.helloasso.com/associations/conservatoire-d-espaces-naturels-d-occitanie/collectes/preserver-les-espaces-naturels-un-engagement-a-forte-valeur-ecologique?fbclid=IwAR0H_r8znhOADEtiNhVuZoG9mmtFe6wKfCxfBfMpjtLHpDY8kHJyh1WFjWc
A cette occasion, nous avons rencontré Nicolas Gouix (responsable de l’antenne lotoise) et Erwan Glemarec (responsable gestion des sites et des travaux) pour qu’ils nous parlent de leurs différentes actions.
> Medialot : quelles sont les actions principales du CEN ?
Nicolas Gouix : tout d’abord je tiens à préciser que la création de l’antenne lotoise est très importante pour donner du poids à nos actions auprès des différents partenaires, élus, institutions qui nous suivent. Depuis septembre, le CEN, structure associative à large développement national a fusionné entre les régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et la Lozère pour devenir le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie. Le CEN a dans son objectif global la mission d’assurer la préservation des espaces naturels. Celle-ci se fait de deux manières soit par des acquisitions de terrains dont le CEN devient propriétaire soit par des conventions avec les propriétaires privés ou des agriculteurs.
> M. : comment cela se concrétise-t-il ?
N. G. : nous assistons les personnes dans la mise en œuvre d’une gestion qui prend en compte les espaces naturels et la biodiversité sur leurs terrains. Au final, la plupart de nos actions sont sur des terrains conventionnés. La propriété ne représente qu’une faible part de notre maîtrise foncière. C’est important car cela montre que notre action n’est pas de mettre sous cloche les espaces naturels. L’action est intégrée dans le territoire et auprès des acteurs locaux. Ce côté est vraiment une spécificité des conservatoires par rapport à d’autres initiatives de mises en réserve qui peuvent exister.
> M. : quelle est la composition de l’antenne lotoise ?
N. G. : l’antenne se compose actuellement de 3 personnes qui assurent l’animation et la gestion de 25 sites répartis sur plus de 5000 ha dont près de 50 ha en tant que propriétaire, avec l’appui de nos collègues des autres départements.
> M. : dans les parcelles que vous souhaitez acquérir que souhaitez-vous développer ?
Erwan Glemarec : les parcelles en question n’étaient plus intéressantes pour les modes d’agriculture actuelles. Celles-ci étant délaissées ont tendance à se refermer. Donc dans un premier temps, il faudra les rouvrir et les remettre en bon état de conservation. Pour le moment nous avons, sur les parcelles que l’on souhaite acquérir une promesse de vente. Cette action s’inscrit dans un programme de gestion et de maîtrise foncière 2020-2021. Les parcelles concernent la préservation des pelouses sèches, des bois de chênes. L’idée est de gérer durablement ces espaces soit par de la convention, soit par de l’acquisition. Quelques espèces phares ont été recensés. Ce qui nous intéresse est la conservation des sites avec les espèces associées. Par exemple, le papillon « damier de la succise » est une espèce que l’on trouve généralement en milieu humide et ici nous avons la chance d’en avoir sur ces coteaux. Dans les milieux humides cette espèce est en voie de disparition parce que les pratiques agricoles changent. Mais celle liée aux pelouses sèches est encore plus rare. C’est l’écotype des milieux secs. On a beaucoup d’espèces de papillons parce que les chenilles sont associées à certaines plantes hautes. Sans la plante haute, pas de chenilles. Comme les pratiques agricoles changent massivement partout nous mobilisons nos actions pour la préservation de ces pelouses sèches et ainsi conserver de bonnes pratiques en lien avec les espèces sauvages. Certaines pratiques agropastorales permettent de conserver une certaine biodiversité et notamment de maintenir en place ces espèces fragiles. Au niveau des papillons d’autres espèces sont emblématiques : l’aurore de Provence, l’azurée du Serpolet… En ce qui concerne les reptiles nous avons observé, le lézard ocelet très rare. Ce lézard est plutôt méditerranéen mais on le trouve aussi dans le Lot et sur l’île d’Oléron. C’est vraiment une spécificité du territoire lotois.
> M. : après l’acquisition des parcelles comment va se dérouler votre travail ?
E. G. : la première phase sera de lister toutes les espèces, de les référencer. Suite à ces connaissances, on va déterminer quel habitat favoriser dans le temps. Les enjeux sont hiérarchisés afin de détecter les espèces protégées, ou connaitre les espèces non protégées qui peuvent devenir un enjeu patrimonial fort. Ensuite il s’agit de passer à « la restauration » c’est-à-dire arrêter une colonisation forestière pour retrouver un milieu ouvert plus favorable à certaines espèces. Sans interventions la diversité biologique s’effondre. Une fois que la liste est dressée, on essaie de tout mettre en lien et de sortir les habitats prioritaires à conserver ainsi que les espèces et de mettre en face des modalités de gestion : pâturage, pose de clôture, entretien ou débroussaillage. On décrit plusieurs zones en face desquelles on met des actions favorables pour les espèces associées. Certaines zones seront gardées en forêt. Même si le CEN est propriétaire cela ne veut pas dire qu’à long terme nous ne puissions envisager qu’un agriculteur revienne par exemple pour du pâturage ou d’autres pratiques agricoles.
N. G. : nous avons toute une palette d’outils de gestion à déployer suivant les enjeux pour garder de la cohérence dans ce que l’on met en place. Le diagnostic des enjeux, la rédaction du plan de gestion, le carnet de bord des plans à mettre en place, sont établis suivant un guide technique de méthodologie nationale. Ces plans sont ensuite validés par un conseil scientifique, à l’échelle régionale, qui donnent la légitimité à nos actions puis la mise en œuvre.
> Toute cette base de connaissances listée par les naturalistes, scientifiques du CEN, permet d’avoir une base de données conséquente. En effet, tout est transféré au muséum d’histoire naturelle de Paris qui peut ainsi voir l’évolution de la biodiversité dans nos territoires. Malgré les différentes menaces : pesticides, changement climatique, sècheresses à répétition, changement de pratiques agricoles… en matière de biodiversité le Lot se maintient. L’important au regard de ces naturalistes, est de conserver des zones refuges, avoir une maîtrise sur les endroits où il y a une forte diversité avec des espèces qui sont rares, menacées ou en voie de disparition. Avec la protection de plusieurs espaces naturels, l’assurance d’une plus grande diversité génétique est garantie. Et pour terminer, Nicolas Gouix, rappelle qu’il est envisageable que des terrains (forêts, zones humides, pelouses sèches…) soient acquises ou observées par le CEN. Alors n’hésitez pas à rencontrer ces amoureux de la nature qui vous la feront apprécier sous un nouvel angle.
> Contact Antenne du Lot : 09 84 09 83 99 ou https://www.cen-mp.org/