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Rencontres cinéma de Gindou : Avant le festival, un tri « très » sélectif

Professionnels et bénévoles de l’organisation visionnent plus de 500 films pour n’en retenir qu’une soixantaine. Un exigeant écrémage.

La 41ème édition des Rencontres de Gindou se profile. Du 16 au 23 août 2025, le petit village devenu la capitale lotoise du 7ème art (et l’une de ses places fortes en Occitanie) accueillera près de 20 000 spectateurs dans un cadre toujours bucolique mais bien plus « confortable » que jadis. Au programme, une rétrospective consacrée à l’invitée d’honneur Yolande Moreau, des projections dédiées au « patrimoine cinématographique » en collaboration avec la Cinémathèque de Toulouse, des tchatches (comprenez des rencontres entre public et invités filmées puis mises en ligne), des apéro-concerts, des signatures au sein d’une librairie éphémère… Et puis, évidemment, et puis, surtout, des « Vagabondages » : une sélection de quelque 70 films en forme de « libre parcours dans la cinématographie mondiale actuelle ». Documentaires ou de fiction, des « courts et longs métrages, récents, inédits ou en avant première, (qui) ont en commun de porter des regards singuliers et sensibles sur notre monde contemporain ». Voilà ce qu’en dit la communication officielle.

Pourtant, dans l’ombre, et très en amont, ces « Vagabondages » se déroulent sous la forme d’un marathon synonyme d’écrémage très sévère. Co-programmatrice au sein de l’active équipe des salariés de Gindou Cinéma, Olga Nuevo Rua indique qu’environ « 400 courts métrages et 100 longs métrages sont envoyés à l’organisation du festival par des réalisateurs, des producteurs, des distributeurs » durant le premier trimestre de l’année civile. Des œuvres aussi diverses tant au regard de leur sujet que de leur forme artistique. Un tri s’impose. « Des comités de visionnage sont formés, composés de salariés de l’association, comme moi, et de bénévoles avertis » explique Olga. Mais il y a aussi des films que les organisateurs des Rencontres de Gindou vont chercher ailleurs. Des délégations se rendent ainsi à Clermont-Ferrand en février pour le festival international du court métrage, à Paris fin mars pour « Cinéma du réel », festival international de cinéma documentaire, et en mai au festival de Cannes, cette fois davantage pour des films de fiction.

Vous avez dit « Gindou compatible » ?

Ce travail est parfois facilité quand l’auteur ou le producteur ont déjà été repérés voire programmés dans le passé à Gindou. Pour autant, l’évolution de la technique, la généralisation du numérique, l’essor des films auto-produits modifient la donne sur le plan de l’éco-système du cinéma mais accentuent l’offre. « Beaucoup frappent à la porte mais on ne peut dire oui à tout le monde… » admet la co-programmatrice.

Le festival ayant au fil des ans élargit son action, la sélection proposée en août aux spectateurs comprend de surcroît « des films de jeunes réalisateurs passés par notre résidence d’écriture La Ruche ainsi que des courts réalisés dans le cadre du Concours Le Goût des autres », souligne encore Olga Nuevo Rua.

Reste une question, centrale. Hors le critère de base qui est de présenter en août à Gindou des films en avant-première, sur quelles bases, lors des séances de visionnages, les uns et les autres adoubent ou rejettent tel ou tel film ? Ou dit autrement, qu’est-ce qui fait qu’on est… « Gindou-compatible » ?

Cette interrogation, Loïc Briand (notre photo) la fait sienne et n’a pas, de fait, de réponse très précise à y apporter. Jeune retraité de l’industrie aéronautique installé depuis quelques années dans le Lot, il a rejoint l’équipe du conseil d’administration de Gindou et participe, bénévolement et activement, aux séances de visionnage. « J’ai toujours été un passionné de cinéma, fidèle des salles du Quartier latin puisque j’habitais Paris. Je crois pouvoir dire qu’il y a peu de choses ou de genre que je n’aime pas. J’ose à peine l’avouer : j’ai même un faible pour les films dits de série B. Qu’on retrouve parfois des décennies plus tard honorés à la Cinémathèque… »

Ni intellectualisme, ni racolage

Intégré à l’équipe de visionnage, Loïc se prête à l’exercice sans état d’âme mais avec sérieux. « C’est évidemment passionnant, mais parfois douloureux. Il m’est arrivé de m’interroger au sortir d’un documentaire : mais où le réalisateur voulait-il en venir ? Pourquoi ces longueurs ? Cela étant, en règle générale, le consensus entre nous se fait assez vite. Et si j’ai envie de défendre un film qui a priori n’a pas séduit les autres, soit j’ai des arguments et j’essaie de me justifier, soit j’abandonne. Au fond, on attend et recherche des films qui surprennent, qui proposent un regard, alternatif ou pas. Notre travail de sélection va donner de l’audience et de la visibilité à des films (au-delà même ds seuls spectateurs du festival) et à des auteurs. Je pense au bout du compte, avec ma petite expérience, qu’on atteint cet objectif. Avec des films qui ne versent pas dans l’intellectualisme ni dans le bas de gamme racoleur. Documentaires ou de fiction, ces films projetés aux Rencontres sont bien le résultat d’une… première rencontre… »

Rendez-vous d’ici peu à Gindou pour juger du millésime 2025 et de l’acuité des jugements des membres du comité de visionnage…

Ph.M.

> Le programme sur www.gindoucinema.org 

Photo Archives Nelly Blaya

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