Quand l’évêque de Cahors était prié de confiner ses ouailles
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– On ne sait jamais. Il fait beau, le printemps a été fleuri, l’été s’annonce joyeux. Certains habitants du diocèse pourraient être tentés de prendre la route et d’aller participer à des « célébrations dans le Rouergue ou dans les environs », notamment pour la fête patronale de Rodez. Or, une fois les prières et les processions terminées, suivraient des foires, des libations. Voire des coucheries. Ce n’est pas le moment. L’évêque de Cahors est donc invité à ne pas se contenter de « décourager les uns ou ou de conseiller les autres ». Il lui faut impérativement « prendre des mesures pour envoyer des gardes et empêcher quiconque de Cahors de décider de partir », et donc de quitter la ville et ses environs. Et il lui faut s’assurer « que ces mesures soient strictement appliquées ». Sinon, « le danger de mort » planera sur sa ville. C’est un message qui date de 640. Oui, 640 ! Nous sommes donc au VIIème siècle, et il s’agit d’une lettre envoyée à l’évêque de Cahors Desiderius (Didier) par son homologue de Clermont, Gallus II (saint Gal). Celui-ci craint la peste qui ravage déjà le Proche Orient. Il plaide pour des quarantaines, des confinements (comme on ne disait pas encore) et des restrictions drastiques en terme de voyages. Alors l’évêque de Clermont supplie que chacun fasse comme en Provence, où « des gardes ont été postés dans toutes les régions qui bordent ses limites, de sorte qu’absolument personne ne puisse avoir la possibilité de venir y faire commerce ou d’en sortir ». Ce document est analysé et commenté très amplement (dans un style agréable, il suffit d’activer la traduction automatique sur votre navigateur), cette semaine, sur le site américain Lapham, spécialisé dans l’histoire, comme on le devine. Passionnant et… édifiant.
– Tout autre sujet. On a relevé cette semaine sur le site lancé par le philosophe Michel Onfray, Front Populaire, qui se revendique « souverainiste », un long reportage sur le car des services publics qui sillonne le Grand Cahors depuis maintenant deux ans. Le titre est provocateur et évoque « une rustine » dédiée aux « communes rurales abandonnées », mais grosso modo, l’utilité du car n’est pas remise en cause. On y lit notamment ceci : « Les seniors constituent l’essentiel de la cible du dispositif. La dématérialisation de l’administratif leur a rendu la vie plus complexe. Pour Jean-Albert Reix, maire de Lherm, petite commune lotoise d’environ 230 habitants, située à une demi-heure de route de Cahors : « Ce sont des personnes en souffrances avec la numérisation. Sur ma commune, ce sont beaucoup de gens âgés, sans ordinateurs alors que tout est dématérialisé. Ils viennent au bus, remplissent les documents, et repartent rassurés. » Les agents polyvalents effectuent des permanences d’une demi-journée par village : « On leur propose tout l’accompagnement numérique qu’ils pourraient réaliser de chez eux, mais qu’ils ne savent pas faire : la gestion de la retraite, la déclaration d’impôt, les déclarations pour la CAF… On élargit parfois notre champ d’action, en aidant pour les démarches auprès des mutuelles par exemple ». Conclusion de nos confrères : « Une expérimentation réussie et qui répond à un besoin bien tangible. Mais les pérégrinations d’un car à travers les routes de campagne ne pourront à elles seules masquer le cruel constat d’une France des villages reculés, qui vieillit et qui se meurt, à force d’avoir été délaissée, abandonnée, au profit des métropoles. Un car, ce n’est qu’une rustine posée sur un phénomène d’une trop grande ampleur. Même s’il apporte un sursis plus qu’essentiel à cette population. »
– Anniversaire I : le site toulousain Boudu consacre cette semaine un dossier au peintre Henri Martin, né il y a… 160 ans à Toulouse, le 5 août 1860, et mort à Labastide-du-Vert le 12 novembre 1943. Le « chapeau » de l’article de nos confrères donne le ton : « Les Anglais le badent. Les Ricains l’encensent. Le Lot l’adule et Bordeaux l’estime. Les collectionneurs se l’arrachent à des prix hors de portée des musées de notre région. Et nous, Toulousains, passons devant ses toiles sans même les voir. Il est donc urgent de redécouvrir Henri Martin à la triple faveur de l’expo temporaire du musée de Lodève, de la réouverture annoncée du musée de Cahors, et du regard neuf posé par le monde de l’art sur ses premières toiles, dans lesquelles, derrière le Martin académique, le Martin pointilliste ou le Martin coloré des vieux jours, se cache encore un Martin de jeunesse, symboliste, mélancolique et mystérieux. »
– Anniversaire II : alors qu’il y a 50 ans disparaissait le Général de Gaulle, Julien Lafarguette poste sur Twitter deux photos d’archives. On y voit le grand homme en visite officielle à Cahors, salué par les élus lotois et saluant la foule massée sur le boulevard Gambetta.
– On conclut ce rendez-vous par une plaisanterie. Encore que. Le 8 novembre, dans un tweet dont il a le secret, Donald Trump écrivait (en majuscules, comme d’habitude) : « I WON THIS ELECTION, BY A LOT ». Le facétieux Fred Is Red a traduit cela à sa façon : « Je suis très déçu par les électeurs de Cahors. » Alors que Coco, lui, a été convaincu du contraire : « Trump en tête à Cahors ! ». Epinglé comme susceptible d’être trompeur par le réseau social, le message signifie simplement : « J’ai gagné cette élection, et de beaucoup ! »
Visuel @DR