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Quand Cahors apprenait la mort de Jaurès puis la mobilisation générale

31 juillet 1914 : Jaurès est assassiné. 2 août : la France entre en guerre. Dans le Lot les deux terribles nouvelles sont arrivées en même temps.

Il y a 111 ans, le leader socialiste Jean Jaurès, natif puis élu du Tarn, au cœur de l’actuelle région Occitanie, est assassiné dans la soirée à Paris. Il incarnait la gauche pacifiste. Redoutant la guerre, il avait même envisagé un mouvement de grève ouvrière à l’échelle de l’Europe. Paradoxalement, sa mort incitera ses amis socialistes à se rallier à « l’Union sacrée » alors que la guerre est désormais inévitable.

A Cahors, les deux informations parviennent deux jours plus tard. On lit ainsi dans le Journal du Lot, daté du dimanche 2 août 1914 : « L’ASSASSINAT DE JAURÈS. Vendredi soir, M. Jaurès dînait dans un restaurant de la rue Montmartre avec MM. Renoult, Andrieu et Renaudel, lorsqu’un individu tira plusieurs coups de revolver par la fenêtre. M. Jaurès, atteint de deux balles à la tête, s’affaissa. Une demi-heure après il était mort. L’assassin a été arrêté par M. Renoult ; il paraît âgé de 25 ans. »

Cette simple dépêche est assortie d’un billet du rédacteur en chef : « Ce crime aura une grande répercussion dans la démocratie entière. On ignore quel est le criminel ? Est-ce un fou, un de ces exaltés, hantés par l’idée de la revanche et qui se sentent blessés dans leur ardeur belliqueuse par le vif amour de la paix que défendait Jaurès ! Vraiment, un pareil crime est atroce : tuer un homme parce qu’il s’élève contre la guerre, contre l’affreuse boucherie qui résultera immanquablement d’une conflagration européenne, cela est horrible. Oh ! le triste mobile auquel a obéi le misérable ! et à quelles représailles risque d’être livré le parti dont se réclamera cet assassin. Toute la démocratie, tous les bons Français que n’aveugle pas un désir irraisonné de luttes sanglantes et de terribles hécatombes, s’inclineront devant le cercueil du grand leader socialiste qui tombe pour avoir défendu la paix et pour avoir protesté contre la guerre, fléau des nations. LOUIS BONNET. »

Les soldats chantent La Marseillaise…

Un peu plus loin, dans cette même édition, on pressent que le pire approche : « La situation s’aggrave._ Les nouvelles qui nous parviennent ce matin, ne font que préciser la gravité de la situation. Ce n’est pas encore la mobilisation des troupes, le rappel des classes de réserve; mais les précautions sont de plus en plus prises pour être prêt. Les soldats en congé ont été rappelés : hier, les ouvriers, maréchaux-ferrants et forgerons, ont reçu l’ordre de rejoindre leur régiment et aujourd’hui les territoriaux désignés pour la garde des voies de communications ont reçu l’ordre de se rendre au poste qui leur fut assigné lors des derniers exercices de gardes de voies. En outre, des mesures ont été prises pour procéder au plus vite à l’aménagement des bâtiments scolaires où, en cas de mobilisation, doivent être cantonnés les soldats. Des entrevues, des conférences nombreuses ont lieu entre le Préfet du Lot et les chefs des services militaires. Samedi matin, le 7e était parti pour aller exécuter une manoeuvre : il fut rappelé au quartier vers 8 heures. En montant les Boulevards, les soldats, alertes, pleins d’entrain, chantaient la Marseillaise, le Chant du départ… »

De fait, alors que les Lotois lisent cet article, à Paris, le décret de mobilisation générale est signé. La guerre va durer plus de quatre ans et peu de familles lotoises seront épargnées…

Et Jaurès ? Et sa mémoire ? Le 2 septembre 1920, le conseiller municipal Holzer propose que son nom soit donné à la place d’Armes. Un de ses collègues lui rétorque qu’elle porte déjà le nom de « place de la République ». Le maire Anatole de Monzie renvoie le dossier en commission.

Il faut attendre plus d’un an et le samedi 19 novembre 1921, le conseil municipal adopte une délibération : le nom de Jean Jaurès sera donné à l’avenue de la Gare… Et trois ans plus tard, les cendres du grand homme sont transférées au Panthéon. Au dernier décompte, on recense en France 2370 odonymes (rues, avenues, boulevards, places…) « Jean Jaurès ».

Ph.M.
Sources : Site Gallica BNF.

Remerciements à Jean-Michel Rivière pour cette photo d’illustration : Cahors août 1914 pendant la mobilisation ; préparatifs de départ rue Frédéric Suisse

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