Pradines : Il tente d’empêcher son voisin ivre de conduire, celui-ci lui fracture la cheville
Tous deux alcoolisés, un homme de 35 ans et son voisin de 54 ans se sont violemment battus le 16 avril dernier. Le premier était jugé en comparution immédiate ce mardi. Le second a eu une cheville fracturée et 66 jours d’ITT.
Alcool, cocaïne et violences. C’est dans ce contexte qu’une rixe a éclaté entre deux voisins, le 16 avril dernier, à Pradines. Âgé de 35 ans, le prévenu est accusé de violences volontaires, de conduite sous l’état d’un empire alcoolique et en ayant fait usage de stupéfiants et de dégradation de biens. Le tout en état de récidive légale. Il comparaissait devant le tribunal de Cahors ce mardi 23 mai. Le parquet réclame à son encontre 18 mois de prison dont 19 assortis d’un sursis probatoire.
« J’ai un trou noir ». On ne saura pas ce qui a poussé le trentenaire à prendre sa voiture en pleine nuit, vêtu d’un t-shirt et d’un caleçon, après avoir consommé de l’alcool et des stupéfiants. Quoi qu’il en soit, sa course de quelques mètres s’est terminée dans un mur. C’est son voisin, 54 ans, qui, constatant son état d’ébriété, lui confisque les clés du véhicule et l’entraîne chez lui afin qu’il se repose. Mais la situation dégénère rapidement quand le prévenu réclame ses clés. La fille de la victime témoigne de ce qu’elle a vu et entendu. Réveillée par la dispute, elle voit le prévenu sortir de la maison, casser une vitre et s’ouvrir la main avec un morceau de verre tout en continuant à vociférer. La victime décide alors de lui lancer les clés à l’extérieur mais elles atterrissent hors de la portée du prévenu. S’ensuit une bagarre au cours de laquelle le prévenu administre une balayette au niveau de la cheville de son voisin, avant que celui-ci ne reprenne le dessus. Jusqu’à ce que des passants s’interposent entre les deux hommes. L’épouse et la victime confirment les dires. « Tous les témoins font partie de la famille de la victime. Cela colore le dossier et me dérange », souligne Me Mallemouche, l’avocat de la défense.
Transportée à l’hôpital, la victime souffre d’une fracture ouverte nécessitant une intervention chirurgicale, soit une ITT provisoire de 66 jours. Du côté du prévenu, on n’assume pas complètement ni ne dément. « Je ne dis pas que c’est pas vrai. J’avais bu et pris de la cocaïne avec mon cousin. Je ne me souviens de rien après le deuxième verre », assure-t-il. Ni de l’accident, ni du coup de pied. Pourtant, il se souvient bien des mains de la victime qui « l’étranglaient » : « J’assume entièrement ma responsabilité mais je ne suis pas le seul fautif. Mon voisin est quelqu’un de très violent ! ».
Les deux hommes se connaissent bien : ils avaient déjà fait plusieurs soirées ensemble, et souvent consommé des stupéfiants ensemble. D’ailleurs, le bilan toxicologique ne se révèle « pas brillant, ni d’un côté, ni de l’autre » commente le président du tribunal. Les deux voisins ont chacun près de 1,75 g d’alcool par litre de sang et sont positifs à la cocaïne. « Mon client a ses propres difficultés et il les a déclarées spontanément. Mais, dans ce dossier, il comparaît au titre de victime », rappelle l’avocate de la partie civile, Me Pedoussaut. « Il a eu un comportement de bon citoyen (…) avec toujours le même objectif : protéger le prévenu et protéger les autres ».
Ce n’est pas la première fois que l’accusé est jugé pour de tels faits. Son casier comporte quatre mentions, notamment pour usage de stupéfiants et violences avec arme. Il avait alors écopé d’un sursis probatoire. Sa dernière condamnation remonte à mars, déjà pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Une proximité temporelle qui n’est pas pour rassurer le tribunal. « Une semaine après avoir reçu sa convocation devant le tribunal, il conduisait ivre », déplore le procureur. Quand on le somme de s’expliquer, le prévenu répond : « A la fin de mon sursis, je me suis senti revivre et j’ai recommencé à faire la fête. Pendant quatre ans, j’avais un suivi et, d’un coup, je me suis senti lâché. » Et d’admettre : « Je n’arrive pas à simplement m’amuser quand j’ai bu. Il faut que je sois abstinent total ».
L’homme est finalement condamné à 18 mois d’emprisonnement dont 10 assortis d’un sursis probatoire pendant 3 ans, à 50 euros d’amende, à une obligation de soins, à la confiscation de son véhicule et à une annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant un an.