Nos députés (toujours) en campagne, et la campagne lotoise elle-même saignée par le gouvernement
Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.
– Il faut en convenir, l’humour british, c’est quelque chose. Il faut s’y faire. Et en être l’objet est donc un honneur. Les intéressés, en l’occurrence la famille Vincens basée à Luzech, apprécieront ce tweet (que nous vous livrons selon la traduction Google) des très sélectifs négociants de la maison Carringtons, une institution sise à Manchester : « Pour ceux qui n’aiment pas le Chardonnay, c’est parfait pour vous. La Pierre Levée, Chardonnay 2021 : Jaune pâle aux reflets dorés. Le nez est fruité, intense avec des notes de fruits jaunes type pêche et un boisé vanillé. En bouche, une légère note citronnée… »
– Comme on parle vin, ce post qui renvoie à un petit article du Point annonçant la première édition du marathon des vignobles de Cahors, le 7 mai à venir : « Les vignerons de l’appellation profiteront de l’occasion pour se faire connaître auprès des coureurs, coureuses et supporteurs. En effet, les deux parcours seront rythmés par des dégustations de vins et de produits du terroir, animées par les viticulteurs et les producteurs en personne. »
– La députée de la majorité Huguette Tiegna se félicite d’avoir accueilli sur ses terres le groupe d’études « Eau et biodiversité » de l’Assemblée, et notamment sa présidente Lætitia Saint-Paul. A Rocamadour, les parlementaires ont étudié in situ les questions de « l’alimentation durable, de l’élevage et de la gestion de l’eau, de la filière apicole et du rôle des pollinisateurs, de l’agriculture biologique et des aléas climatiques », confie la députée. Qui a posé pour la photo avec sa collègue de Maine-et-Loire… en tenue d’apicultrice. La protection avait- elle aussi pour objet de prévenir d’éventuelles « casserolades » ?
– Pendant ce temps, son collègue des frondeurs des Républicains Aurélien Pradié est toujours omniprésent, dans les médias nationaux, sur sa chaîne YouTube ou sur son compte Twitter. Tout récemment encore, il appelait à un vaste coup de balai : « Le niveau d’impuissance et de renoncement de la Première Ministre est terrifiant. Elle renonce sur tout. Sur l’immigration, sur le partage de la valeur, sur les grandes urgences du pays, sur l’usage du 49-3. Combien de temps encore va-t-on laisser notre démocratie et notre pays sombrer dans cette vacuité mortifère ? Il faut tout changer. De fond en comble. » Un post vu plus de 98 000 fois et liké par plus de 1100 followers. Avec des chiffres tels, évidemment, certaines réactions sont un brin hostiles. On note par exemple celle de Nicolas Meilland qui se présente comme père de famille, amateur de vin et d’escargots de Bourgogne : « C’est savoureux de la part d’un des artisans de la fracturation des LR. Vous osez tout vraiment. Ça devient difficile d’être de droite avec vous. Et comme c’est extrêmement difficile d’être de gauche depuis l’avènement de la NUPES, nous autres citoyens sommes bien empêchés. »
– La direction régionale Occitanie de l’Insee vient de publier une note très intéressante sur le Lot. Nous n’avons pas la place ici de tout relever mais on mettra en exergue la bonne résistance de l’industrie du département : elle y représente 16 % des emplois. C’est un point de plus qu’en 1975. Et c’est bien mieux qu’ailleurs où cette proportion s’est effondrée (elle a chuté de 30 à 12 points dans le pays et de 20 à 10 dans la région). La synthèse (sans fard) de l’Insee : « Le Lot est le quatrième département le plus rural de France. Éloignés des deux principales villes Cahors et Figeac, des bourgs ruraux proposent les commerces et les services essentiels à la population dans le nord du département. L’activité économique conserve un ancrage agricole caractéristique des territoires ruraux, mais elle profite aussi d’une industrie dynamique et d’une forte attractivité touristique. La population lotoise est âgée et va encore vieillir, nécessitant le développement de l’offre médicale et de soins. Avec de nombreux logements anciens et sous-occupés et une forte dépendance à la voiture, le Lot devra composer avec les conditions de la vie rurale pour répondre aux enjeux environnementaux. »
– Notre plongée désormais rituelle dans les archives… Il y a pile 90 ans, le 30 avril 1933, le Journal du Lot rend hommage au « doyen des combattants du Lot » : « De notre correspondant de Vire : La commune de Vire possède certainement le doyen des titulaires de la carte du combattant du département du Lot, peut-être même de la France entière. C’est M. Antoine Sabatié, né le 30 novembre 1839, c’est-à-dire que bientôt il aura 94 ans. Sa carte de combattant (N° 18035) lui a été délivrée le 13 avril 1933, par l’Office du Combattant du département du Lot. Incorporé en 1860, au 81e Régiment d’infanterie, après avoir tiré un mauvais numéro au tirage au sort (N° 22), il fit en 1862-1864 toute la campagne du Mexique dont il a la médaille commémorative. M. Sabatié est actuellement infirme pour avoir été renversé sur la route par un « chauffard », il y a quelques années ; il a toute sa lucidité d’esprit et il a demandé son inscription à l’Association des Anciens combattants non pensionnés. »
– Dix ans plus tard, en cette sombre année 1943, en date du 28 avril, le même journal avait mis en avant (pour une fois) une vraie bonne nouvelle : « Du saumon dans le Lot ! Les pescofis lotois apprendront avec plaisir la bonne nouvelle suivante, à savoir qu’il y a des saumons dans la rivière Lot. Effectivement, dans le bief de Savanac, un pêcheur a pris un saumon pesant 5 livres qu’il a offert à un médecin de Cahors. Et ces jours derniers, M. Jean Bergon, boulanger à Cahors, en a pris un également, un peu moins gros, dans le bief de Bouziès. Le service des eaux et forêts a été informé de ces bonnes prises. Il faut espérer que les mesures nécessaires, notamment l’établissement d’échelles à poissons sur les chaussées, soient prises afin de favoriser la « montée » du saumon dans la rivière. »
– Retour enfin au 27 avril 1913 : cette fois, le Journal du Lot tirait la sonnette d’alarme : l’allongement du service militaire allait « saigner » les campagnes lotoises sur le plan de la main d’œuvre et doper l’exode rural… « A l’heure où le nouveau projet de loi militaire vient encore menacer l’agriculture française avec la triste perspective d’enlever un fort contingent d’hommes à la terre, n’est-il pas prudent de porter toute notre attention sur la crise de la main d’œuvre agricole ? D’après une enquête, faite par les soins du Ministère, l’ensemble des journaliers, domestiques ou servantes est évalué à 2.320.000 personnes. Si l’on veut bien tenir compte de ce qu’en 1892, il y en avait 8 millions, en 1882, 3 millions et demi et 4 millions en 1832, il est facile de constater la décroissante progression. Les causes générales de la désertion des campagnes sont très connues et il ne nous paraît intéressant de nous arrêter qu’à celles qui concernent notre Quercy et particulièrement la région viticole. Déjà la crise phylloxérique découragea nos populations il y a une trentaine d’années. Effrayés par l’étendue de la gravité du désastre, beaucoup de viticulteurs fuirent la ruine imminente et s’expatrièrent. Le cépage américain qui apportait avec lui tant d’espérances n’a pu relever la situation. Après quelques abondantes récoltes où le prix du vin fut déprécié, nous sommes tombés sur de mauvaises années avec une production à peu près nulle en 1910 et en 1911. »
« Que de sacrifices ont dû consentir cependant les petits propriétaires pour reconstituer leur vignoble et pour lutter contre les maladies cryptogamiques ! Le budget n’est souvent plus en équilibre : certains s’endettent et reçoivent la visite des huissiers ; tous sont découragés parce que le prix de la main d’œuvre devient exorbitant. On ne trouve plus d’ouvriers, la lutte est impossible. Que font alors les petits propriétaires ? Ils désertent le village, laissent leur patrimoine en friche et s’en vont métayers, domestiques de préférence, dans des régions plus favorisées. Quant aux jeunes, leur premier souci est de fuir la terre pour se mettre à la recherche d’un emploi à la ville. Ils vont y faire souvent une besogne plus répugnante, mais quand ils y sont, l’amour-propre les y retient. Viennent-ils à hériter des biens de leurs parents, ils les vendent à vil prix et contribuent inconsciemment à déprécier la valeur des champs. Nos contrées pauvres se dépeuplent très rapidement. Le paysan du Causse descend dans la vallée du Lot et va remplacer toute la jeune génération qui a déserté la campagne. Dans le Lot-et-Garonne, les Vendéens et les Bretons y forment des colonies ; dans le Nord-Est de la France, ce sont les Polonais ; en Normandie, ce sont les Belges. C’est, en somme, une invasion pacifique qui menace de livrer, en moins de deux siècles, le sol français aux ouvriers agricoles étrangers. Et ceux-ci, voyez-vous, ne feront pas de mauvaises affaires. Les salaires vont augmentant sans cesse tout comme dans les autres branches de l’industrie humaine. Il y a peu de temps encore, on trouvait un journalier pour 2 fr. 25 sans le nourrir, un domestique pour 300 francs et nourri. Ces prix sont aujourd’hui majorés d’au moins un quart. »
« Les derniers ouvriers agricoles n’envient pas le sort du propriétaire. Ils refusent le métayage et préfèrent entrer comme domestiques ; ils ne courent pas le risque des intempéries. Peu leur importent la sécheresse ou la gelée. Le salaire viendra toujours à la Saint-Clair ou à la Saint-Michel. Le patron, anxieux toute l’année, se demande comment il pourra faire joindre les deux bouts. C’est la faillite à bref délai parce qu’il est impossible de trouver des ouvriers au moment voulu et parce que la main d’œuvre est trop chère. Et c’est au moment où le pauvre cultivateur se débat dans une inextricable situation, que l’Etat va lui retenir encore ses rares enfants une année de plus à la caserne ? A-t-on juré de frapper de mort l’agriculture française ? La Loi de trois ans sera sans dispenses prétend-on. Mais nous serions tentés d’en demander une pour les ouvriers agricoles ; ce ne serait que généraliser l’avantage qu’on accorde à ceux qui ne font qu’un an à la condition d’en rester dix dans une colonie française. Les associations agricoles devraient émettre un vœu dans ce sens. S’il n’est pas d’autre remède possible, que nos représentants frappent à la bourse des favorisés de la fortune pour accroître le nombre de rengagés. Mais, de grâce, qu’ils n’arrachent pas à la terre les quelques jeunes gens que l’appât trompeur des villes n’a pas encore enlevés au village natal. Qu’ils rendent, au contraire, le plus tôt possible, ces soldats à leurs familles. Celles-ci ont assez souffert pendant deux ans de leur absence car, la plupart du temps, elles n’ont pu les remplacer, faute de ressources ou faute d’ouvriers. »