Natacha Atlas à Africajarc : « J’ai toujours cherché à mélanger les genres »
Elle se produira ce samedi aux côtés du musicien et compositeur Samy Bishai, avec qui elle forme le duo Parallel Universe.
Exploratrice sonore aux multiples facettes, Natacha Atlas tisse depuis trente ans des ponts entre Orient et Occident, entre électro, jazz, musiques traditionnelle et même classique. Polyglotte de la mélodie, elle chante en arabe comme en anglais, portée par une voix qui traverse les frontières. Invitée du festival Africajarc ce samedi 19 juillet, elle se produira aux côtés du musicien et compositeur Samy Bishai, avec qui elle forme le duo Parallel Universe. Ensemble, ils proposent un projet ambitieux, libre et cosmopolite.
> Medialot : vous avez une carrière qui vous a conduite de l’électro à la musique arabe traditionnelle, en passant par le jazz. Comment votre identité musicale s’est-elle construite entre Orient et Occident ?
Natacha Atlas : j’ai toujours cherché à mélanger les genres. Ce qui m’a toujours guidée, c’est la volonté d’expérimenter, de tisser des ponts entre les cultures. Avec Samy Bishai, on travaille actuellement sur un album de musique classique. C’est l’un des rares styles que nous n’avons pas encore vraiment explorés, même si on a déjà composé des morceaux pour un projet de danse contemporaine avec le chorégraphe Hervé Koubi. Ce projet s’appelle Odyssey, et nous avons enregistré une partie avec la BBC. L’album n’est pas encore terminé, mais il arrive.
> M. : dans quel style vous sentez-vous aujourd’hui la plus libre ?
N. A. : c’est une question difficile… Je crois que je me sens libre dans plusieurs styles à la fois : le jazz, l’électro, le classique. Peut-être que celui dans lequel je suis le moins à l’aise, c’est le soul américain, mais sinon, j’aime explorer, j’aime le défi.
Samy Bichai : Elle a une grande capacité d’adaptation. Elle peut se glisser dans différents univers musicaux avec instinct et intuition.
> M. : que reste-t-il de votre période Transglobal Underground ?
N. A. : il en reste l’envie de mélanger les sons électroniques et les musiques traditionnelles. Mon nouveau projet, Parallel Universe, est quelque part un retour aux sources. C’est à la fois un duo avec Samy et un collectif en live. Il y aura même un featuring d’un ancien membre de Transglobal sur le prochain album. C’est un peu comme si la boucle était bouclée. J’ai exploré beaucoup d’autres choses, et me voilà revenue vers quelque chose d’électro et contemporain, mais enrichie de toutes les expériences passées.
> M. : quel est le message de Parallel Universe ?
S. B. : ce projet est nourri de réflexions sur les réalités parallèles. Que serions-nous devenus si nous avions pris d’autres chemins ? C’est une façon de parler de potentialités, de destinées alternatives. Musicalement, cela se traduit par un terrain de jeu immense : on part toujours d’une base électronique, mais les influences peuvent être infinies. On utilise la technologie actuelle pour créer des sons qui vont du vintage à l’expérimental, en mêlant rythmes arabes, modulations occidentales, et tout ce que la composition permet d’imaginer.
> M. : comment travaillez-vous la question des langues dans vos chansons ?
S. B. : les langues, ce sont des couleurs. On chante en arabe et en anglais, parfois les deux. Selon les chansons, selon l’émotion, une langue s’impose. L’arabe permet une poésie particulière, une intensité. L’anglais peut être plus direct, plus universel. C’est un jeu d’équilibre.
> M. : quelle place laissez-vous à l’improvisation sur scène ?
N. A. : elle est essentielle. Avant, avec les anciens systèmes, tout était rigide. Aujourd’hui, avec les outils comme Ableton, on peut intégrer de l’imprévu dans la structure même des morceaux. Cela rend chaque concert unique, vivant, imprévisible. Pour nous comme pour le public, c’est plus excitant.
> M. : quels sont vos projets à venir ?
N. A. : on prépare la sortie de l’album Parallel Universe, qui est en cours de finalisation. Il devrait sortir à la rentrée, juste avant notre concert au festival Arabesques à Montpellier. Je participe aussi à un projet hommage à Oum Kalthoum avec Zaid Hamdan, prévu pour décembre à Paris. On est très occupés jusqu’à la fin de l’année !
Crédit photo : Samir Bahrir