Martel : L’hommage de Jean-Claude Requier à André Roquet
La figure de la vie locale nous a quittés.
Le sénateur du Lot, Jean-Claude Requier, rend hommage à travers quelques souvenirs à André Roquet qui vient de nous quitter : « André Roquet dit Dédé est arrivé à Martel au début des années 1950 comme commis de perception. La perception était alors installée en haut du cours des fossés, à l’emplacement de l’actuelle boulangerie Bottero. Dans une seule pièce travaillaient trois personnes : contre la banque à l’accueil du public Marcel Gauchet, dit Blanchette car très brun de peau, frère de Simone Fages du Barri de Brive et André Roquet. A l’arrière, installé à son bureau le percepteur Xavier Delpy, dit « Pétard de Dieu », car c’était son juron préféré, surveillait les événements avec dans son tiroir, lui l’ancien militaire de la campagne de Libye, un pistolet pour veiller à la sécurité de l’argent public. Pour porter le courrier à la poste située en face, André Roquet traversait l’avenue en courant pour garder la forme car c’était un grand sportif et un excellent footballeur, un vrai avant-centre à l’anglaise au pied gauche fulgurant et à la tête ravageuse. Après avoir joué à Cahors et à Catus, il faisait le bonheur de l’EBB – Entente Bretenoux Biars – qui évoluait en promotion honneur et qui comptait comme l’un des meilleurs clubs du département. Au milieu des années 60, il décida de revenir jouer à Martel et j’ai eu le plaisir d’évoluer en attaque à ses côtés et d’être sous les couleurs rouge et blanc de l’Union Sportive Martelaise, avec un groupe d’une quinzaine de joueurs dont Jean-Pierre Delpy, René Sarnel, Jacky Vigne, Jean Quaranta, Norbert Lamic, François Garrido, Michel Broué, Jacques Crémoux … les regrettés Jean-Marcel Maillol, Jean-Louis et Jacques Certain, Robert Oubreyrie, champion du Lot 1966-1967 deuxième série après une finale aller-retour gagnée contre Tour de Faure Olympique, le tout sous l’autorité de l’entraîneur Maurice Stéfani, ancien joueur professionnel venu de Nîmes travailler au cabinet d’assurances Jardin et qui nous avait convertis aux mérites du 4-2-4, à la défense en ligne et à la pratique maîtrisée du hors-jeu. Dédé a été aussi président de la clique des Aiglons martelais, supervisant notamment le déplacement en Belgique à Nassogne pour le premier jumelage en septembre 1967. Remarquant que les pantalons bleus (avec chemises blanches) de la tenue étaient parfois utilisés les jours ordinaires et non réservés aux seules sorties, il décida de nous doter de pantalons rouges, avec deux bandes longitudinales jaunes afin de les rendre plus seyants et identifiables et d’en limiter l’usage intempestif ! Autre implication d’André Roquet dans la vie locale : le comité des fêtes. Il en assurait la trésorerie et j’étais son trésorier-adjoint. Le compte du comité était à la perception mais il fallait compter les recettes, et surtout classer les billets de banque par liasse de vingt, et selon les règles, dans le bon sens. Nous devions ensuite comptabiliser les pièces et même les plus petites ce qui en fin de séance agaçait un peu le président André Marchou et son vice-président Roger Velle. Dédé Roquet, trésorier du comité des fêtes, portait ensuite l’argent à la perception à André Roquet employé du Trésor Public ! Mais évoquer Dédé sans ses talents d’animateur serait oublier un des côtés les plus connus du personnage. Il était tout à la fois conteur (en français et en occitan), chanteur – qui n’a pas apprécié la Tantine de Burgos – acteur étant une des pièces essentielles du théâtre organisé chaque année par le football, et bout en train, animant les fins de mariages, banquets et autres festivités. Mais derrière ce côté joyeux, se cachait souvent comme chez les clowns, beaucoup d’inquiétudes et de sensibilité. Ainsi était André Roquet qui vient de s’éteindre à l’âge de 93 ans. Il aura durablement marqué la vie de notre cité et fortement imprégné la mémoire martelaise. »
Photo Catherine Lamic