Lot : La profession agricole ne cache pas son inquiétude
Chambre d’agriculture, FDSEA, et JA ont fait le tour des dossiers.
En cette rentrée chargée, Christophe Canal, président de la Chambre d’agriculture, Stéphane Pons, président de la FDSEA, et Julien Vielcazal, président des Jeunes Agriculteurs, ont fait le point sur les dossiers qui inquiètent la profession :
> Inflation
L’augmentation des prix des intrants devient insurmontable pour les agriculteurs. En parallèle avec la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, une diminution de consommation est constatée sur les produits « haut de gamme » comme les labels, le Bio… Les productions considérées comme un produit non essentiel sont aussi fortement impactées. Aujourd’hui, si le consommateur ne s’en sort plus, l’agriculteur non plus. On constate malheureusement une forte diminution de production sur le département du Lot toute filière confondue avec 1196 exploitations de moins qu’en 2010 (- 23%). Exemple flagrant avec la production laitière.
> Taxation du GNR – Hausse des charges
L’annonce de Bruno Le Maire, concernant la suppression de la niche fiscale sur le Gazole Non Routier nous inquiète fortement. Aujourd’hui, les agriculteurs n’ont donc aucune possibilité d’alimenter leur matériel par une solution autre que le GNR. Par conséquent, la suppression de la niche fiscale souhaitée par le ministre ne constitue absolument pas un moyen d’accélérer la transition écologique. Elle consiste uniquement à augmenter les taxes payées par les agriculteurs, sans aucun effet sur la consommation de GNR, ni sur son impact carbone. Certes, des mesures de compensation fiscale et une sortie progressive ont été annoncées, mais il reste tout de même beaucoup d’incertitudes quant aux retombées réelles sur nos exploitations.
> Aléas climatiques – Crise viticole
Les orages qui ont traversé le département depuis fin mai et les cumuls de pluie enregistrés à partir du mois de juin ont provoqué une pression sanitaire extrême par le développement incontrôlable du mildiou. L’ensemble du département est touché. Les secteurs de la vallée du Lot sont les plus impactés avec + de 75 % de dégâts de moyenne. Les pertes seront de 100 % sur certaines parcelles. Pour les autres secteurs, on se situe entre 40 et 60 % de pertes. De nouvelles estimations seront faites à la récolte pour plus de précision. De nombreux viticulteurs sont impactés psychologiquement. Cette campagne est éprouvante tant moralement qu’économiquement. Beaucoup de frais engagés (phyto, gasoil et main d’oeuvre) pour un résultat au final très décevant. A cela, s’ajoute également un marché très tendu sur toute la France notamment en vin rouge. Un travail est actuellement engagé au niveau local avec une demande de dégrèvement d’impôt TFNB et négociation d’une enveloppe FASS -MSA. Mais cela ne sera pas suffisant. Nous attendons de l’État des mesures à la hauteur de la problématique. Une cellule de crise sera organisée après les vendanges.
> Crise filière noix
Depuis maintenant un an, la profession se bat pour sauver cette filière. De nombreux rendez-vous ont eu lieu (parlementaires, préfète et ministre de l’agriculture). Il semblerait que le travail syndical ait payé. Un dispositif d’indemnisation exceptionnel est dans les tuyaux. Nous attendons avec impatience le retour de la Commission Européenne.
> Aide Région / PAC
Depuis la conférence de presse à la maison de la région au mois de juillet, la situation semble se décanter doucement concernant les dossiers d’installation. Des accords ont été trouvés avec d’autres départements pour instruire les dossiers. Au niveau des dossiers bâtiment, la situation est plus inquiétante. Les dossiers sont toujours en attente et la pression monte dans les campagnes. « On a été plus que patient… maintenant c’est trop ! » dit Julien Vielcazal, président des JA. Nous restons très attentifs, ce dossier reste une des priorités de cette rentrée comme le suivi des avances PAC.
> Pression sociétale – contrôles administratifs
Les réglementations et les charges administratives pèsent de plus en plus sur nos exploitations. Les contrôles sont récurrents. Il faut rappeler que les agriculteurs aiment leurs bêtes et leurs terres. Ce sont les premiers à faire attention aux enjeux environnementaux. Inutile de toujours inventer des contraintes supplémentaires.
> Développement des services FDSEA
Le conseil d’administration de la FDSEA a choisi d’élargir ses services au Droit rural. La nouvelle juriste est en poste depuis le 25 septembre pour répondre aux questions juridiques des agriculteurs dans le domaine du patrimoine.