Plus de 700 hectares de vignoble ont disparu, laissant des paysages en suspens. Et des touristes parfois songeurs.
Une chose est de lire ou d’apprendre, au cours d’une virée dans les villages de l’appellation Cahors, que s’est achevée début août la mise en œuvre d’un plan d’arrachage concernant un peu plus de 700 hectares de vignes. Une autre est de contempler, au détour d’une route, d’un chemin, une parcelle ayant de fait été déshabillée de ses atours et atouts, de ce qui faisait sa noblesse et sa richesse, sa beauté aussi, et qui était devenue comme un fardeau.
Les domaines n’étant pas toujours _ et loin s’en faut _ d’un seul tenant, le tissu formé par les vignes est donc désormais troué par endroits. Le paysage est blessé. « Et ensuite ? On va en faire quoi ? » demande ce vacancier qui s’est écarté du tracé de la voie verte reliant Mercuès à Douelle. On lui répond presque machinalement qu’une fois cicatrisée, la terre sera dédiée à d’autres cultures. On parle ici de maraîchage, là de prairies pour l’élevage, mais aussi de maïs, quand ce n’est pas, comme en Gironde, mais plus rarement, de projets évoquant la production de chanvre, de lin…
Il y a eu des épisodes de gelée, il y a une baisse de la consommation du vin rouge, et, si l’on observe plus finement la situation, une forme de rééquilibrage entre vallée et plateau. A travers cet arrachage, se traduit une mutation.
Certaines problématiques qu’affrontent les vignerons lotois sont communes à la filière sur le plan national, d’autres plus spécifiques. Nicolas Fournié, président de l’appellation, ainsi évoque ainsi volontiers « des déplacés climatiques » en parlant d’une partie de ses collègues ayant candidaté pour les aides à l’arrachage.
> Un tableau à retoucher
Dès lors, tandis que s’achèvent les vacances et que se profilent les vendanges, les paysages reflètent une humeur mi-figue… mi-raisin. Le millésime sera assurément meilleur que l’an passé. Mais le futur reste à écrire. Comme dans d’autres secteurs, le vignoble lotois n’en finit pas de devoir se réinventer sur fond de changement climatique, d’évolution du marché… Et ses paysages avec. Pour l’heure, le tableau a été partiellement effacé. Il y a des retouches à effectuer. Mais on hésite encore sur la couleur du nuancier.
Les chiffres sont une chose (un peu plus de 700 hectares arrachés à la date limite du 3 août, soit près de 15 % de la surface totale de l’appellation, une centaine de dossiers concernés…). La réalité quotidienne, pour les professionnels comme pour les riverains et les vacanciers encore en goguette, en est une autre.
Photo : vue du vignoble depuis la voie verte entre Mercuès et Douelle aujourd’hui (après l’arrachage).





