« Les irrigants sont à bout ! »
La colère gronde.
La Chambre d’agriculture, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, l’Union d’ASA communiquent : « Non, contrairement à une idée reçue, l’eau n’est PAS rare dans le Lot. A-t-on déjà oublié les précipitations de ce début d’année ? La réalité, c’est que quelques cours d’eau connaissent, depuis des années, un étiage précoce et prononcé. Certes, l’été est logiquement la période de demande pour l’irrigation des cultures sur notre territoire : semences, melons, maïs, maraîchage, noyers,… Non, contrairement à une autre idée reçue, l’irrigation n’assèche PAS les cours d’eau. A-t-on déjà oublié qu’en 2014 plusieurs cours d’eau étaient déjà à sec alors que strictement aucun pompage d’irrigation n’avait démarré ? Oui, cette problématique a une solution. La création de réserves, en particulier en Quercy Blanc et Bouriane. Ce ne sont pas des barrages, mais de simples digues pour stocker sur un petit bassin versant une partie des pluies de l’hiver. Les bénéfices sont nombreux : biodiversité enrichie, débit conforté en aval, attrait paysager et sécurisation de la qualité des productions agricoles. Depuis 15 ans, ministres, préfets, préfets de Région, parlementaires, élus locaux : TOUS se sont déclarés favorables à la création de réserves. Mais dans le même temps, les contraintes nouvelles et les surcoûts (carcan réglementaire, études requises, exigences techniques) se sont accumulés. Tout ceci, avec en plus des modalités de financement plus restrictives, a eu raison des projets lotois de réserves. Les agriculteurs, qui s’y sont impliqués collectivement depuis des années, sont consternés. Les pouvoirs publics ont décidé des mesures d’interdiction* des prélèvements dans certains secteurs et des restrictions dans d’autres. Les cultures de printemps sont en péril. Confrontés à des rendements médiocres – pour cause d’excès d’eau ! – et à des cours du lait, des céréales et de la viande au plus bas, les agriculteurs sont à bout. Restrictions d’un côté, blocages pour créer des réserves de l’autre : c’est bien le manque de courage politique qui les mène dans cette impasse. Probablement pour ne pas froisser une minorité bruyante « d’anti-tout », c’est déplorable. Dans ce contexte, la profession agricole a décidé de ne pas participer au Comité départemental de suivi de l’étiage. La concertation affichée n’est plus qu’un dialogue à sens unique. Le principe de précaution y a pris le pas sur le bon sens paysan. Les irrigants restent déterminés. Ils ne cesseront jamais de se mobiliser pour la survie de leurs cultures et pour la pérennité de leur métier. L’eau est une composante essentielle au renouvellement des générations en agriculture, disposer de surfaces irrigables est un critère clé pour réussir une installation. Enfin, rappelons que les cultures irriguées génèrent 6 fois plus d’emplois ; notre territoire peut-il se permettre de les négliger ? »
* assorti d’une limitation des prélèvements à -50 % pour une liste minoritaire de cultures dérogatoires.
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