Les confitures Bonne Maman font le buzz, et Rémi Branco évoque le derby de la vallée du Lot

Où il est question du #Lot et des #Lotois sur les réseaux sociaux.

– Tout commence par un récit posté sur X (ex-Twitter) par un compte français, celui de Tock (plus de 7000 abonnées). Il reprend une histoire diffusée initialement, il y a plusieurs années déjà, par un universitaire américain, Michael Perino. Lequel avait précisé que la scène se déroulait dans le New Jersey. Voici le texte tel quel (que Tock a traduit, donc) : « Au supermarché aujourd’hui, j’ai trouvé une petite femme âgée debout devant une étagère, tenant des conserves Bonne Maman. Elle avait du mal à trouver le parfum qu’elle voulait parce que les pots étaient en haut sur l’étagère. Elle ne pouvait pas lire les étiquettes. Elle pouvait à peine les atteindre. J’ai proposé de l’aider. Après que je lui ai donné les conserves de framboises, elle m’a remercié, a fait une pause, puis a demandé : « Savez-vous pourquoi j’achète cette marque ? » J’ai ri et répondu : « Parce que c’est bon ? » « Oui, c’est bon. » Elle a encore fait une pause. « Je suis une survivante de l’Holocauste. » Ce n’était pas la conversation à laquelle je m’attendais lors de courses un dimanche. « Pendant la guerre, la famille qui possède l’entreprise a caché ma famille à Paris. Donc maintenant, je l’achète toujours. Et chaque fois que je vais au magasin, mes petits-enfants me rappellent : « N’oublie pas d’acheter la gelée. » Je lui ai dit que c’était la meilleure raison que j’aie jamais entendue pour acheter les produits d’une entreprise. Et puis nous avons tous les deux souri et nous sommes séparés. » 

– Le post de Tock ne s’arrête pas là. Il est mentionné ensuite qu’un internaute s’était penché sur cette anecdote, avait étudié l’histoire de la société Andros, celle de la famille qui a fondé l’entreprise, et enfin celle de Biars-sur-Cère. Et que l’ensemble avait été jugé parfaitement crédible. En revanche, parmi les réponses, si la plupart se révèlent émues par le récit, d’autres font état de recherches complémentaires. On relève ainsi un article de Justin Busch, un Américain francophone et francophile établi en Californie. Sur son blog, il évoque une légende urbaine apparue en 2021. Il synthétise ensuite le résultat d’autres enquêtes dont la plus sérieuse émane du média The Times of Israel. En février 2021, deux journalistes ont cherché à en savoir plus. Extraits : « Ni la ville ni aucun de ses habitants ne sont inscrits sur le registre des « Justes parmi les Nations » – des non-juifs qui ont sauvé des Juifs pendant la Shoah – qui est tenu par Yad Vashem. Les noms des familles fondatrices de l’entreprise ne figurent pas non plus dans la base de données, qui est très étendue et fait l’objet de recherches approfondies, mais n’inclut pas nécessairement toutes les personnes qui pourraient y avoir droit. » Sur ce, le média évoque cependant un témoignage : « Un homme du New Jersey nommé Eric Mayer a déclaré au « Jewish Standard » en 2016 que lui et ses frères et sœurs s’étaient cachés à Biars-sur-Cère après avoir laissé leurs parents en Allemagne. Il a même noté que la ville, qui comptait 800 personnes à l’époque où il y vivait, a accueilli plus tard la société Bonne Maman. »

– Et The Times of Israël de conclure : « Est-ce que la vieille dame de l’épicerie se trompe sur l’identité de la personne qui l’a hébergée lorsqu’elle était enfant, il y a plus de 75 ans ? Les familles (fondatrices de la société Andros) auraient-elles pu cacher des Juifs aux nazis et ne jamais en être remerciées ? Perino – qui a ensuite remercié ceux qui ont ajouté des détails qu’il n’avait pas – aurait-il pu poser quelques questions supplémentaires avant de publier son histoire sur Twitter ? Oui, oui et oui. Mais pour ceux qui ont apprécié l’histoire, les faits n’ont peut- être pas d’importance. Jennifer Mendelsohn, une journaliste largement connue pour ses recherches généalogiques en ligne, a tweeté : « S’ils vous plaît, ne me faites pas fact-checker l’histoire de Bonne Maman. Ne peut-on pas dire que c’est comme le père Noël ? » On ajoutera qu’à ce jour une cinquantaine de Lotois figurent parmi les Justes mais qu’à l’évidence, sur Biars-sur-Cère comme dans tout le département, nombre de familles et d’enfants persécutés parce que juifs ont échappé au pire grâce à des personnalités, institutions ou simples citoyens lotois demeurés anonymes… 

– Retour sur les nombreuses réactions suscitées par la tribune de Rémi Branco (vice-président PS du Département) publiée dans Libération cette semaine, titrée : « Si la ruralité désespère de la gauche, Jean-Luc, c’est parce que tu ne lui parles plus ». Une des plus virulentes fut sans surprise celle de Sophie Chikirou, députée LFI de Paris et proche conseillère de Jean-Luc Mélenchon. « Vous avez un livre à vendre mais ce n’est pas une excuse pour mettre sur le dos de Mélenchon les trahisons du PS. Vous voulez qu’on ressorte le bilan de Hollande 2012-2017 ? Qui a dégouté la « ruralité » de la gauche ? Qui a dégouté les ouvriers de l’Industrie de la gauche ? » On a par ailleurs relevé évidemment beaucoup de soutiens à la lettre de M. Branco. Dont celui de l’élue régionale PCF Marie Piqué.

– Sur le même sujet, l’étude de l’Institut Terram réalisée par Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach et intitulée « Comprendre la géographie du vote RN en 2024 » ne manque pas d’intérêt. Elle a d’ailleurs été reprise et commentée par plusieurs médias. Les auteurs y citent du reste l’élu lotois quand ils mettent en évidence la notion de capital résidentiel (pour dire simple : la valeur du patrimoine immobilier, ou plus laconiquement le prix au m2 de votre logement). « De manière générale, le marché immobilier s’organise à l’échelle d’un bassin de vie. Les habitants ont généralement une assez bonne connaissance de leur environnement de proximité et de la hiérarchie existant en termes de capital résidentiel entre leur commune et les communes voisines. Ce faisant, chacun ressent ainsi de manière plus ou moins conscientisée la place qu’il occupe dans le champ constitué par le marché immobilier local et s’il y est en position plutôt dominante ou plutôt dominée. Ce ressenti n’est pas sans incidence sur la propension à voter pour le RN, comme nous allons le voir au travers de quelques monographies. Dans un livre, l’élu local socialiste Rémi Branco décrit avec finesse les différences d’ambiance entre deux petites communes lotoises voisines. Il montre comment la vitalité commerciale, l’achandalage des rayons des petits supermarchés locaux, mais aussi l’animation culturelle et les flux de circulation constituent autant de paramètres pris en compte par la population locale pour étalonner la qualité de vie et comparer la situation de deux communes du Lot, Puy-l’Évêque et Prayssac. Dans ce petit derby, c’est Prayssac qui manifestement tient la corde d’après les témoignages recueillis par l’élu lotois. Par la grâce de la main invisible du marché, le capital résidentiel local s’est aligné sur la vox populi. Le prix du mètre carré pour une maison s’établit ainsi à près de 2 000 euros à Prayssac contre 1 750 euros à Puy-l’Évêque. Et, au premier tour des élections législatives de 2024, le RN a obtenu 29 % dans cette dernière commune, soit 6 points de plus qu’à Prayssac, dont les habitants jouissent d’un capital résidentiel plus élevé. »

– On conclut ce rendez-vous par un post de Sophie Sarraute, directrice académique des services de l’Education nationale du Lot qui a pris récemment ses fonctions : « Le Lot, bureau avec vue… Et c’est que le début… Quelle chance ! » Message illustré par des photos de Cahors, Saint-Cirq et Martel. Bienvenue chez nous, enfin, chez vous !

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