Le prévenu cultivait et vendait du cannabis : Ses recettes lui ont permis d’acheter une maison
Un homme a été condamné pour trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent. Le tribunal lui a confisqué sa maison.
Ce n’est pas tous les jours que des biens immobiliers sont saisis par le tribunal correctionnel de Cahors. C’est pourtant ce qu’il s’est passé ce jeudi 16 mars. Un homme de 40 ans a été reconnu coupable de transport, détention, cession et acquisition de cannabis ainsi que de blanchiment d’argent. Les faits se sont déroulés à Prendeignes dans le Lot et à Gelles dans l’Aveyron entre 2014 et 2020. C’est une dénonciation anonyme auprès de la gendarmerie de Figeac qui trahit le prévenu. L’homme est accusé de cultiver du cannabis, d’en récolter environ 10 kg tous les trois mois et de le revendre à quelques rares clients au prix de 5 000 euros le kg. C’est l’argent de ce commerce illégal qui lui a permis d’acheter et de rénover une maison à Prendeignes. Le montant total de l’acquisition et des travaux s’élève à 227 000 euros. « Ce trafic lui a permis de vivre de façon plus que confortable », souligne le parquet qui requiert 36 mois de prison dont 18 mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans et surtout la confiscation de plusieurs biens saisis.
30 000 euros pour des achats de matériel divers, 25 000 euros donnés en guise de dessous de table lors de l’acquisition de la maison, 5 000 euros pour soudoyer l’employé de banque afin qu’il ferme les yeux sur ses transactions, 13 000 euros retrouvés chez sa mère, 4000 euros découverts sous un sac de ciment … Le président du tribunal égrène les sommes payées par l’accusé sur la période de prévention ou retrouvées chez lui lors de l’enquête. Toutes en liquide. Des sommes d’autant plus louches que l’homme, qui était reconnu travailleur handicapé, ne percevait que 1000 euros par mois, n’avait contracté aucun emprunt et n’avait pas non plus hérité. Après avoir été victime d’un accident du travail alors qu’il était employé par une miroiterie à Montpellier, le prévenu avait racheté un garage dans le Lot. C’est là qu’avait commencé son trafic : l’enquête révèle qu’en 2015, il a versé 59 000 euros sur son compte alors que son activité était au point mort. Les artisans qui ont travaillé sur le chantier de sa maison confirment que tout était payé en liquide
Entendues dans le cadre de l’enquête, ses trois ex-compagnes ne l’épargnent pas. Non seulement toutes l’accusent d’avoir cultivé, consommé et vendu du cannabis, mais elles n’hésitent pas à raconter les détails de son trafic, confirmant que le garage servait bien de façade. Chez le prévenu, les enquêteurs découvrent 125 pieds de cannabis et du matériel de culture. En septembre 2020, il est placé en détention provisoire et y restera presque huit mois. « J’en ai souffert. Je n’ai pas pu voir mes enfants, j’ai tout perdu. Je ne m’attendais pas à cela », commente-t-il. Pourtant, le tribunal d’Aurillac l’avait condamné en 2006 à du sursis probatoire pour des faits similaires. « Le suivi socio-judiciaire est le seul moyen de le préserver de la chute. L’envoyer en prison dans ce milieu pathogène, criminogène, c’est le remettre avec ses vieux démons », alerte son avocat Me Belou qui estime que la saisie de la maison est « la peine suprême ». Le prévenu ne retournera pas en détention puisqu’il écope finalement de 36 mois de prison dont 28 assortis d’un sursis probatoire pendant 3 ans ainsi que d’une obligation de soins et de travail. En outre, le tribunal déclare la confiscation de sa maison, de sa moto, de sa voiture, de son téléphone, du matériel de culture et de 14 800 euros consignés à la caisse des dépôts.