Bien avant que dans le Tarn-et-Garonne (2062) ou la Haute-Garonne (2070).
Les études de l’INSEE, basées sur des éléments objectifs issus notamment des recensements, ont le plus souvent deux mérites : elles confirment ou non le bien-fondé d’une politique déjà mise en œuvre et dont les résultats se traduisent dans les chiffres, ou dans d’autres cas, elles permettent aux élus, nationaux ou locaux, d’anticiper.
Ainsi, mercredi, l’Institut national de la statistique et des études économiques a publie un instructif état des lieux concernant les seniors en perte d’autonomie (donc dépendants) et a prévenu : on recensera « 700 000 seniors en perte d’autonomie supplémentaires d’ici 2050 ». Et d’expliciter : « En 2021, parmi les 18 millions de personnes de 60 ans ou plus vivant en France, plus de 2 millions étaient en perte d’autonomie, dont un tiers en perte d’autonomie sévère. Dans une trajectoire démographique et sanitaire médiane, le nombre augmenterait jusqu’aux années 2050 pour approcher 2,8 millions. C’est la conséquence directe du vieillissement de la population – les seniors devenant à la fois plus nombreux et en moyenne plus âgés – atténuée par l’amélioration de l’état de santé à âge donné. Deux périodes se succéderaient jusqu’aux années 2050, avec une hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie d’abord forte jusqu’au début des années 2030, et ralentie ensuite. Au-delà, la population des seniors en perte d’autonomie se stabiliserait et entamerait une légère décroissance à l’horizon des années 2070. »
Voilà pour les données nationales. Mais l’INSEE note évidemment des différences parfois très nettes d’un territoire à l’autre. Pour des raisons économiques ou sociologiques. Ainsi, « entre 2021 et les années 2050, l’augmentation serait plus marquée dans l’ouest de l’Hexagone, en Île-de-France hors Paris et dans les départements d’outre-mer. Ces territoires, moins âgés en 2021 que ceux du centre ou du nord-est, cumuleraient vieillissement de la population et arrivée de seniors depuis les métropoles et le nord-est de la France… »
Effectivement : quand on regarde de plus près le Lot, par exemple, des spécificités sont très marquées. « En 2021, la part de personnes de 75 ans ou plus parmi les personnes de 60 ans ou plus y est (déjà) de 37,2 % », selon l’INSEE, alors qu’elle n’est par exemple que de 31,8 % en Seine-et-Marne ou, plus près de nous, de 35,6 % en Haute-Garonne.
Mais si l’on souhaite se projeter et anticiper, en termes de moyens matériels et structurels (aménagement d’établissements adaptés et formation de personnels spécialisés), un autre paramètre se révèle très édifiant : l’année où « où l’effectif maximal de seniors en perte d’autonomie serait atteint ». Et dans le Lot, ce serait dès 2048, dans une vingtaine d’années donc. Contre 2070 en Haute-Garonne, 2062 dans le Tarn-et-Garonne ou 2053 dans le Gers.
Avec cette nuance : sur le plan national, « si l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans progresse autant que l’espérance de vie, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie sera de 2,69 millions en 2070. Si l’espérance de vie sans perte d’autonomie à 60 ans progresse plus vite que l’espérance de vie, il sera de 2,36 millions… » Par ailleurs, dès maintenant, on observe que « la part de seniors en perte d’autonomie est plus élevée dans les départements ruraux ».
Les aides sociales et en particulier la question de l’autonomie (des personnes âgées) relevant du Conseil départemental, la collectivité lotoise doit donc relever un réel défi malgré un contexte national qui a fragilisé sa bonne santé financière (comme le relève la Chambre régionale des Comptes, ainsi que nous l’avions écrit le 9 septembre dernier). Avec pour l’heure ce paradoxe : dans le Lot, « les bénéficiaires de l’APA sont progressivement plus nombreux, quel que soit leur mode d’hébergement, en cohérence avec le vieillissement de la population. Pour autant, le volume des aides directes à la personne a reculé d’1,5 M d’euros en 2023 (-2,1 %), essentiellement en raison d’une diminution de 7 % des montants versés au titre de l’APA. Cette évolution résulte, selon le Département, d’un effet conjoncturel sur les plans d’aides APA établis qui ne peuvent pas être tous honorés par les services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) dans la mesure où ces derniers peinent à recruter malgré les revalorisations financières opérées ces dernières années sur ces métiers en tension. » Ainsi donc, si les structures sont suffisamment nombreuses, les personnels formés et recrutés, chaque année, le nombre potentiel de seniors concernés et susceptibles de bénéficier des aides augmentera. Et le budget dédié au même rythme. Avec un « pic » dans une vingtaine d’années !
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